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Edito : Birama Touré, je pense à toi

C’est aujourd’hui, 3 Mai, la journée internationale de la presse. Au Mali comme partout dans le monde, elle est fêtée. Les associations faitières mettent l’occasion à profit pour aborder des thèmes ayant trait à la profession. Les acquis, les manquements mais surtout les menaces qui pèsent sur les journalistes dans l’exercice de leur métier.

Au Mali exceptionnellement, pas question de parler d’acquis à hauteur de souhait. La presse souffre sur tous les plans et le plus inquiétant, c’est la tentative du régime de museler les hommes de médias. Sous IBK, les gouvernants se sont montrés hostiles aux journalistes. Ils sont intimidés, persécutés à cause de leurs lignes éditoriales. En un mot, tous ceux qui ne rament pas dans le sens du pouvoir, gardent l’étiquette d’ennemis. Alors il faut user de tous les moyens possibles pour les rendre moins ‘’agressifs’’. Cette forme de violence est intervenue parce qu’ils (les tenants du pouvoir) ont en un premier temps tenté de faire l’achat de conscience leur sport favori. Faire en sorte que les journalistes, animateurs… troquent leurs plumes, micros à la pièce sonnante et trébuchante. Ceux qui ont résisté à la tentation de corruption ont eu tort. Ils sont devenus la cible à abattre à tout prix. C’est dans ce contexte que des patrons de presse, chefs d’entreprise, se voient privés des marchés dans presque toutes les structures étatiques et parapubliques. C’est une autre forme de sanction, les asphyxier afin qu’ils rampent en direction des gouvernants, leur supplier et enfin, suite à un pacte de diable scellé, les contraindre à abandonner le journalisme au profit de la communication comme nous le constatons dans plusieurs cas de figure.

Combattre la menace récurrente  sur la liberté de la presse, c’est bien la mission de la Maison de la Presse et autres associations faitières. Mais au regard du contexte difficile et le fait qu’elles se butent à tout moment à des phénomènes inédits, un mouvement est né avec pour mission unique la protection de la presse contre les violences. Le MPV-Mali comme son nom l’indique, lancé fin 2017, s’est donné pour devoir primordial de clarifier  l’affaire du confrère disparu, Birama Touré. Le dossier est complexe car malgré les efforts des uns et des autres, aucune nouvelle.

Cela explique nécessairement la mauvaise foi de nos autorités. Des journalistes avaient mis les enquêteurs sur des pistes mais jusqu’à présent rien de nouveau. J’ai été personnellement interpellé par le juge d’instruction chargé du dossier au niveau du tribunal de la commune IV pour la simple raison que j’avais cité le nom de l’honorable Karim Keïta et la Sécurité d’Etat dans une histoire de séquestration de Birama Touré à la SE. Après quatre  heures d’horloge dans les locaux de la justice et cité désormais comme témoin,   de ma sortie du tribunal il y a plus de quatre mois à nos jours, le dossier n’a pas bougé même d’un iota.

Alors qu’attendent les enquêteurs pour explorer les pistes qui leur ont été données ?

Ils ont tenté à un moment donné de brouiller ces pistes. C’était sans connaitre la détermination de certains journalistes engagés qui ont décidé de mener cette lutte jusqu’au bout. Une compilation de toutes les données dont le MPV-MALI dispose a été transmise aux familles fondatrices, il y a deux semaines. D’autres données sont en cours de traitement  et bientôt  des révélations seront faites.

Birama Touré, je pense à toi. Avec d’autres confrères, nous ferons tout, même si c’est au prix de notre sang, pour que le reste du monde sache ce qui t’est arrivé.

Boubacar Yalkoué

Source: Le Pays

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