Le Mali tentait d’enrayer la progression d’Ebola lundi 17 novembre en mettant sous surveillance sanitaire plus de 570 personnes à risque, tandis qu’aux Etats-Unis un médecin sierra-léonais rapatrié d’urgence a perdu sa bataille contre le virus.
Dernier pays en date touché par Ebola, le Mali déplore depuis un mois quatre morts pour cinq cas répertoriés, dont une fillette de deux ans et un imam guinéen décédé le 25 octobre à Bamako, la capitale malienne.
577 personnes sous surveillance
“Trois décès [ont été] liés” à l’imam et une personne ayant été en contact avec lui à Bamako a été testée positive, a indiqué le coordinateur du Centre opérationnel d’urgence contre Ebola, le professeur Samba Sow, dans un communiqué.
Une situation qui a poussé les autorités à mettre sous surveillance 577 personnes ayant pu entrer en contact avec l’imam de la ville de Kourémalé, à cheval sur le Mali et la Guinée.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta s’est rendu lundi du côté malien de Kourémalé.
“Je vous demande de redoubler de vigilance. Nous ne fermons pas les frontières, mais ne laissez personne entrer au Mali sans qu’il ne se lave les mains, et sans prendre sa température”, a déclaré M. Keïta au corps médical malien présent à la frontière.
Inquiet du risque de propagation du virus dans la capitale d’environ 2 millions d’habitants, le pays a néanmoins reçu une bonne nouvelle : le foyer de la maladie à Kayes (ouest), d’où était originaire la fillette de 2 ans, a été déclaré “éteint” après plus de 21 jours – durée maximale d’incubation du virus – sans nouveau cas, a annoncé le ministère de la Santé.
La Commission européenne a annoncé lundi une nouvelle enveloppe de 29 millions d’euros pour l’Afrique occidentale, ce qui porte sa contribution totale à 373 millions d’euros.
S’exprimant devant le Parlement européen au retour d’une mission en Afrique occidentale, le coordinateur de l’UE Christos Stylianides s’est dit “préoccupé par la propagation supplémentaire au Mali” de l’épidémie.
La France étend ses contrôles aux passagers provenant du Mali
L’apparition au Mali du virus de la fièvre hémorragique a poussé les Etats-Unis à accroître leurs mesures de protection.
Dès lundi le dispositif de contrôle en place depuis le 11 octobre pour les passagers en provenance des trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus affectés (Liberia, Sierra Leone, Guinée) a été étendu à ceux du Mali.
Selon les Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), il n’y a pas de vols directs entre les Etats-Unis et le Mali d’où, “en moyenne, 15 à 20 personnes” arrivent chaque jour.
Ces passagers devront entrer sur le sol américain par l’un des cinq aéroports déjà mobilisés – New York JFK et Newark, Washington Dulles, Chicago O’Hare et Atlanta – où un dispositif de dépistage est en place (température, questionnaire, etc). Ils devront aussi suivre un protocole de contrôle pendant la période d’incubation.
La France – qui accueille une communauté malienne de 120.000 personnes, selon l’ambassade du Mali à Paris – a étendu la semaine dernière ses contrôles aux passagers en provenance du Mali.
Un sixième médecin sierra-léonais décède
Par ailleurs, le médecin sierra-léonais infecté par Ebola rapatrié samedi aux Etats-Unis dans un état “extrêmement grave” est décédé lundi au Nebraska Medical Center, a indiqué le docteur Phil Smith, directeur médical de l’unité spécialisée du centre.
Il présentait des “symptômes très avancés de la maladie”, a relevé le Dr Daniel Johnson, soulignant que le patient n’avait plus de fonctions rénales, avait du mal à respirer et était sans réaction à son arrivée.
Le Dr Martin Salia, résident américain de 44 ans qui travaillait à l’hôpital Connaught de Freetown, était le premier ressortissant sierra-léonais malade d’Ebola à être rapatrié aux Etats-Unis, où neuf personnes ont été traitées, dont la plupart avaient contracté la maladie en Afrique.
Il s’agit du second patient à mourir d’Ebola aux Etats-Unis, après le Libérien Thomas Eric Duncan, mort le 8 octobre.
Le Dr Salia était le sixième médecin sierra-léonais à avoir contracté le virus Ebola, qui a tué ses cinq confrères. “C’est si triste de perdre un autre médecin”, a relevé le porte-parole du gouvernement de la Sierra Leone, Abdulaye Bayratay.
La Maison Blanche a présenté ses condoléances à la famille du chirurgien “qui a dédié sa vie à sauver celle des autres”.
L’épidémie d’Ebola a fait depuis le début de l’année 5.177 morts sur 14.413 personnes infectées, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé.
Et sur le front de la recherche, des scientifiques ont identifié, grâce à une imagerie en 3D, des zones de vulnérabilité du virus Ebola sur lesquelles agit le ZMapp, un cocktail expérimental d’anticorps qui pourrait avoir aidé certains malades à guérir.