La Directrice exécutive adjointe de l’UNICEF, Madame Charlotte Petri Gornitzka, au terme de sa mission de quatre jours au Mali, a animé une conférence de presse, ce 21 août 2019, au Bureau de la Mission. Devant les médias, la responsable de la Mission onusienne a noté la nécessité de multiplier les efforts en faveur de la protection des enfants au Mali très affectés par la crise, mais également très résilients.
« Nous quittons le Mali avec l’impression que c’est dur, mais c’est possible de changer », a déclaré Mme Charlotte Petri Gornitzka lors de ses échanges avec la presse. Elle a effectué la mission avec la jeune activiste syrienne, ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF, Muzoon Almellehan. Pendant leur séjour, elles se sont rendues dans le centre du pays, à Mopti, en vue de s’enquérir de la situation des enfants déplacés, à cause des conflits intercommunautaires.
« La rencontre avec des enfants sur leur vécu quotidien était touchant. J’ai vu des enfants motivés avec l’envie de retourner dans leur terroir tandis que certains étaient réticents au retour parce qu’ils ont peur », a témoigné la responsable de l’UNICEF.
En dépit de la situation sécuritaire et les violences dont ils sont victimes, elle a affirmé être impressionnée de la résilience de ces enfants. Ils gardent l’espoir et profitent de la vie, a-t-elle indiqué. Au-delà de cet aperçu général, elle a dit être touchée par la situation d’une fille victime de violence sexuelle qui raconte son histoire avec courage et à visage découvert. Plus impressionnant, cette jeune fille a déclaré déjà tourner cette page pour songer à son avenir, a rapporté Mme Charlotte Petri Gornitzka.
Ce cas illustre combien le droit des enfants est bafoué au Mali, selon la conférencière. Outre cette violation, il y a 400 000 enfants qui sont privés de leur droit à l’éducation sans compter qu’il y a 920 écoles fermées dans le centre et le nord du pays à cause de l’insécurité.
Le contexte est aussi marqué par le mariage d’enfants avant l’âge de 18 ans pourtant interdit par le Convention relative au droit des enfants (CDE) dont le Mali est signataire. Ces faits interpellent les autorités maliennes qui ont été invitées par les responsables de l’UNICEF à revoir leur engagement en faveur du respect de la CDE.
Au cours de sa mission, Mme Gornitzka a accentué également son plaidoyer sur la nécessité d’investir dans l’éducation de qualité dans un espace protecteur pour chaque enfant.
« Pour les enfants en situation d’urgence, l’éducation sauve des vies. L’éducation donne aux enfants une stabilité et un cadre pour les aider à faire face au traumatisme qu’ils ont vécu. L’éducation joue également un rôle critique dans la protection des enfants contre les violations graves, les mauvais traitements et l’exploitation sexuelle », a-t-elle dit.
Pour avoir été réfugiée, à cause de la situation d’insécurité dans sa Syrie natale, la jeune activiste partage des peines des enfants maliens. Comme en Syrie, ils ont besoin d’assistance humanitaire, d’aller à l’école, de bénéficier des soins. Pour elle, sa rencontre avec des enfants a été un échange fructueux.
« J’ai appris beaucoup de choses au Mali. Ce pays a besoin de l’attention de tout le monde. Je ferai tout pour partager les messages, les réalités du terrain au reste du monde », a-t-elle préconisé.
En marge de la conférence de presse, Éliane Luthi, chef de la Communication, UNICEF Mali a soutenu que 377 000 enfants ont actuellement besoin d’une assistance en matière de protection au Mali. Elle pense également que des efforts doivent être consentis pour protéger davantage les enfants. En se référant aux données des Nations unies, elle indique que près de 100 enfants ont été enrôlés par les groupes armés en 2019. Ce chiffre est en hausse par rapport à l’année dernière.
Par Sikou BAH