Encore des affrontements sanglants entre clans rivaux pour l’élection de membres du nouveau bureau de la coordination de l’Aeem. L’opinion ne saurait se contenter des mesures tombées sous le coup de l’émotion.
Il est temps de s’assumer véritablement en tranchant le nœud gordien.
Le Campus universitaire de Badalabougou, ‘’la Colline du savoir’’, a été le théâtre le mercredi dernier, 28 février 2024, de violents affrontements entre des clans rivaux. L’utilisation par les belligérants d’armes létales a occasionné plusieurs blessés et la mort de l’étudiant Ahmed Traoré surnommé Med Mo par ses copains. Natif de la capitale régionale du Kénédougou, la victime, il fréquentait la FSEG, selon des sources proches de cette faculté.
D’une extrême gravité et condamnables à tout point de vue, ces agissements, devenus fréquents lors des renouvellements des instances dirigeantes de l’Aeem ont motivé la décision prise le 29 février dernier par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : la suspension sans délai des activités de l’association dans toutes les universités du Mali, en plus de l’ouverture d’enquêtes pour situer les responsabilités.
Le lendemain, 1er mars 2024, emboîtant le pas à son collègue de l’Enseignement supérieur, le ministre en charge de l’Enseignement Secondaire, a pris ses responsabilités en suspendant les activités de l’Aeem dans tous les établissements relevant de sa tutelle. Des mesures cosmétiques ? Force est de se rendre à cette cruelle évidence. Car on peut faire mieux, dans l’intérêt de l’école malienne. Pour rappel en 2023, il a été découvert une cache d’armes à feu et d’armes blanches dans le même campus universitaire. Leurs auteurs sont certes derrière les barreaux, mais la tête de l’hydre n’est pas tranchée. Pourquoi n’avoir pas dissout, depuis cette date, l’organisation estudiantine criminelle, de façon irréversible ? Ahmed Traoré aurait la vie sauve aujourd’hui. Sa mort est la rançon des atermoiements des décideurs. L’Aeem a servi et continue de servir d’instruments entre les mains d’acteurs excellant dans les luttes déloyales et la politique du tube digestif, au détriment des intérêts de la grande majorité des Maliens. Le Mali Kura a besoin d’une Aeem ayant un code d’honneur et exclusivement dédiée au combat pour l’amélioration des conditions d’études. Or, ses dirigeants sont les enfants gâtés de la République ‘’en miniature’’, tout comme les rebelles de l’Azawad étaient les enfants gâtés de la République, ‘’grandeur nature’’.
A preuve, lorsqu’ils se déplacent pour la mise en place du nouveau bureau, sur plan national, jusqu’en 2019, l’Etat mettait à leur disposition véhicules tout-terrain et ordres de mission. Ils étaient mieux nantis et considérés que les fonctionnaires de l’Etat. Le chef d’établissement secondaire d’accueil leur assurait gîte et couvert. Ils étaient pris en charge aux frais de la princesse. Est-ce que ces pratiques ont cessé ou ont-elles pris une autre forme ? L’Aeem est la poule aux œufs d’or pour plein d’apprenants, il y a à boire et à manger, une fois qu’on l’intègre. D’où la ruée vers elle. L’Etat devrait s’assumer pleinement comme il l’a fait avec les mercenaires terroristes qui le prenaient en otage.
Mohamed Koné