Dr. Moussa Coulibaly estime que les attentats ciblés dont Bamako a été la victime sont chargés de symboles. “Ils interviennent quelques heures après le 1er anniversaire de la naissance de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), dans une zone sensible qu’est l’école de gendarmerie, siège des unités d’élite de la gendarmerie et du peloton d’intervention, à quelques jets de pierres de l’aéroport mais surtout à moins d’une semaine de la célébration de la fête nationale du 22 septembre”, dit-il.
Selon Dr. Coulibaly, si les symboles sont nombreux, le seul constat qui intéresse les Maliens est cet engagement massif des populations aux côtés de leur armée pour vaincre les djihadistes infiltrés. Ce mardi, la population était comme le 12e joueur d’une équipe de football qui a décidé de mouiller le maillot aux côtés de son armée.
En temps normal, quand il y a des attentats de ce genre on assiste à la psychose généralisée mais l’attentat de mardi a vu la population civile engagée auprès des Forces de l’ordre et de sécurité ce qui dénote, selon lui, la question de la sécurité comme de par le passé n’est pas seulement l’affaire de l’armée mais des populations civiles qui ont souffert le martyre depuis des années. Il estime que cette tentative n’a autre but que de semer la peur, le doute et la confusion mais les Maliens savent depuis un bon moment que le risque zéro n’existe pas en matière de sécurité.
“Le Mali est la locomotive de l’AES et frapper un tel coup à Bamako peut rendre sceptiques les populations au Niger et au Burkina Faso. Notre pays est la cible des attaques destinées à saper le moral des populations maliennes mais aussi celui de l’armée. La leçon qu’il faut en tirer est que lorsque tant d’enjeux se mettent en mouvement dans un pays en reconstruction, il faut observer le maximum de vigilance”, explique-t-il.
Ce qui s’est passé le mardi 17 septembre à Bamako présente, aux yeux de notre sociologue, des similitudes avec les attentats du 13 novembre 2015 à Paris où dans les rues on a enregistré 129 morts et de nombreux blessés malgré un dispositif impressionnant. Cependant, il invite les forces de défense et de sécurité à redoubler d’efforts et de vigilance et ne pas perdre de vue que l’ennemi a subi les revers et les humiliations historiques et surtout qu’aucune armée, quelle que soit l’efficacité du dispositif mis en place n’est totalement à l’abri des attaques terroristes.
Pour lui, le fait pour le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim) de revendiquer cette attaque 11 heures après ne vise autre objectif que de donner l’impression que l’armée n’a pas les moyens de sécuriser son territoire. “Cet empressement médiatique savamment orchestré à partir des chancelleries occidentales dissimule mal l’échec des tentatives de sabotage des actions de l’armée malienne sur le terrain”, lance-t-il.
Le sociologue invite les Maliens à toujours se rappeler que ce qui est en jeu c’est le potentiel énergétique et minier du pays. Il est donc question pour les pays de l’Otan de fragiliser l’armée malienne, de casser son élan et de livrer le pays aux forces obscures et autres multinationales. La situation actuelle de la Libye est, pour lui, la parfaite illustration de cette volonté des pays de l’Otan de faire main basse sur les ressources énergétiques et de mettre à mal le partenariat gagnant-gagnant.
Le récent voyage du président Assimi Goïta en Chine n’est certainement pas étrangère à cette tentative de déstabilisation de l’élan de reconstruction de notre pays. A l’entendre, le Mali devient de plus en plus un enjeu économique et stratégique c’est pourquoi les Maliens doivent s’accorder sur l’essentiel qui est de veiller à la paix sociale et la cohésion face aux tentatives de déstabilisation des forces du mal.
Il est utile en ce moment de mobiliser les ressources pour faire face à la dette intérieure du pays (le secteur de l’éducation par exemple) pour soulager les difficultés internes qui ont poussé des racines depuis des années.
Ibrahima Ndiaye