Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Dr Choguel Kokala Maïga à cœur ouvert sur le plateau d’Africable TV : «Le Mali peut trébucher mais ne tombera pas » (1ère partie)

Dimanche 12 avril, le président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR), Dr Choguel Kokala Maïga était sur le plateau de l’émission ‘’Politik-Invité’’ de la télé Africable Télévision. Face au journaliste Sékou Tangara, le président du MPR a été, à la fois, éloquent et convaincant. Après notre précédente livraison (Sursaut N°73) dans laquelle nous sommes revenus sur les grands sujets abordés lors de ce débat, nous vous proposons ci-dessous, l’intégralité de cette émission, transcrite par nos soins.

 

Monsieur le président depuis votre sorti du gouvernement, on vous a moins entendu, qu’est ce qui explique ce silence, ce temps de réflexion aussi long ?

Dr Choguel Kokala Maïga:

Tout d’abord, je voudrais remercier vos téléspectateurs qui nous regardent, ensuite vous remercier de cette invitation. Parce que je crois qu’en cette période préélectorale, il est important que les populations, les militants des partis politiques puissent dialoguer avec les responsables politiques afin de comprendre certainement, quelle est leur vision de la situation dans le pays ? Quels sont leurs projets ? Et qu’est ce qu’ils peuvent proposer aux Maliens ?

Vous avez parlé de ma sortie du gouvernement. Effectivement, je suis resté dans le gouvernement du 8 janvier 2015 au 7 juillet 2016, soit un an et demi. A   ma sortie, comme pour tous les ministres, on ne vous donne pas d’explication. J’ai donc observé un temps de silence pour plusieurs raisons.

D’abord, je pense que, quand on a été dans un gouvernement, il ne faut pas donner l’impression qu’une fois sorti du gouvernement, par amertume on se mettre à critiquer l’équipe à laquelle on a participé. Ça ne nous donne pas une bonne impression auprès du public. Certains vont même vous dire que c’est parce qu’on vous a sorti que vous parlez.

Deuxièmement, même, s’il y a des désaccords au sein du gouvernement, des choses avec lesquelles, vous n’êtes pas d’accord, il n’est pas dit que vous avez raison. En ne parlant pas, le temps peut, peut-être montrer que vous avez tort. Et que ce que vous n’avez pas accepté et que vous n’avez pas soutenu, peut-être vrai.

Enfin, je voudrais donner quand même une image du MPR. C’est un parti qui ne réagit pas de façon épidermique. Nous avons décidé de soutenir le président Ibrahim Boubacar Keïta au 2è tour de l’élection présidentielle sans condition. Nous n’avons donc pas échangé notre soutien contre un portefeuille de ministre. Nous ne voulons pas donner l’impression que le soutien est conditionné à notre présence dans le gouvernement. La preuve, c’est  qu’on n’était pas dans le gouvernement avant lui, mais, nous avons toujours soutenu son action.

En définitive, nous voulons nous donner le temps de la réflexion pour bien analyser la situation politique afin qu’à l’horizon 2018 nous soyons prêts. Parce que la grande difficulté des partis politiques dans notre pays, c’est qu’ils sont plus des machines électorales que des structures de réflexion stratégique, des structures de conceptions pour faire des propositions aux Maliens. J’ai donc consacré ces deux années à réfléchir sur la situation du Mali dans son ensemble. On en parlera, cette réflexion a fait l’objet d’un écrit que je publierai au mois de mai.

Vous avez récemment participé à un débat du Groupe patronal de la presse sur les 27 ans de la démocratie. Est-ce que, vous-vous réclamez, également du mouvement démocratique, vous le MPR qui est sorti des entrailles de l’UDPM, le parti du Général Moussa Traoré ?

CKM : vous savez, le terme « mouvement démocratique », moi je l’ai toujours mis entre guillemets. Tel qu’il est présenté, je ne vois aucune nécessité, ni politique, ni historique, ni morale de dire que je suis de ce mouvement. Simplement parce que le mouvement démocratique était devenu un label à partir duquel, il suffit que vous dites que vous êtes contre Moussa Traoré, que vous le critiquiez, souvent même que vous le vilipendiez, même si vous avez été son ministre, son député, son directeur, son collaborateur pour que le lendemain vous retourniez la veste et vous devenez un démocrate, patriote sincère convaincu. Vous changez donc de statut.

Je n’ai pas voulu m’inscrire dans cette logique pour une raison simple. La raison, je me suis largement étendu là-dessus la semaine passée lors du débat que vous parlez. Et j’ai précisé aux  uns et autres que  contrairement à beaucoup d’acteurs du mouvement démocratique, moi je n’ai pas connu Moussa Traoré. Il ne me connait pas. Je l’ai rencontré la première fois pour qu’on discute le 12 mars 2002, donc 11 ans après sa chute.

Je lui ai serré la main trois fois : en 1986, j’étais étudiant en Moscou, il était venu en visite d’Etat ; en juin 1989, je suis entré dans le bureau de l’UNJM, il a fait une photo de famille avec notre équipe ;  enfin, en janvier 1991, lorsque les troubles ont commencé, il a réuni l’ensemble des responsables de jeunes de Bamako pour nous apaiser, parce qu’il savait le débat qu’il y avait au sein du parti par rapport à l’accélération du processus pour aller au multipartisme. Il nous a expliqué, ce jour-là, que le vrai enjeu de ce qui se passe au Mali, n’était pas l’ouverture politique. Le vrai enjeu c’est qu’il y a un complot tramé contre le pays et contre lui, pour le renverser. Il nous a dit de nous calmer que l’ouverture, n’est plus qu’une question de jour. Ce sont les trois fois où je lui ai donné la main, donc nus nous ne se connaissions pas.

Mais lorsqu’il a été renversé, j’ai vu, j’ai observé, ce qui s’est passé. J’ai eu la chance d’avoir fait deux ans dans le système au bas de l’échelle. J’ai participé à tous les forums qui ont précédé le processus de renversement du président Moussa Traoré. Et j’étais au courant d’un certain nombre d’informations. Donc je ne peux pas accepter de retourner la veste, me renier, par ce que je trouve que ce n’est pas bon pour le pays, surtout que tout a été fait sur du faux après.

Vous voulez dire qu’à l’interne au sein de l’UDPM, il y avait ce débat sur l’ouverture démocratique, avec ou sans le soulèvement, il allait-y-avoir multipartisme?

CKM :  je suis persuadé de ça ! Et  les acteurs du « mouvement démocratique » le savent très bien. J’ai expliqué l’autre jour au débat que la liberté de la presse a été restaurée depuis 1988 avec la loi-88-58 de 1988. Les journaux qui existaient avant le 26 mars étaient plus virulents. J’ai rappelé aux uns et aux autres, à l’occasion de ce débat, que le président Moussa n’a jamais mis de journaliste en prison. Il y en a qui ont même dit qu’il aura le même sort que Nicolae Ceausescu, l’ancien président roumain qu’on a fusillé avec son épouse. Et traiter son gouvernement de celui des voleurs et d’escrocs. Aucun journaliste n’a été mis en prison pour ça. Mais après lui ? Sambi Touré a été en prison en 1994 pour moins que cela. Il était au Républicain.  Cheick Oumar Konaré,  on l’a pris pour aller le terroriser au flanc des collines de Koulouba, on allait le tuer. Il a été obligé de quitter la presse. Récemment, Birama Touré a disparu.  En 2005, l’ensemble des directeurs de publication, qui ont publié simplement un sujet de rédaction « la maitresse du président » qu’un professeur a donnée à ses élèves,  ont tous été mis en prison. Rien de cela ne s’est pas passé sous Moussa. Donc, j’ai dis aux uns et aux autres de faire attention. Ce n’est pas parce qu’il y a plus de journaux et de radios qu’on dit que la liberté de presse a été restaurée. Ce n’est pas vrai.

Deuxièmement, le débat sur l’exercice de la démocratie. La première fois où il a été question de ce débat c’était en décembre 1989 au Palais de la Culture. Moussa a été interpellé par un cadre : « A quand le multipartisme ? » ; il a retourné la question à la salle. Ce jour là, c’est le Secrétaire général de l’UNTM (les cassettes existent à l’ORTM) qui a dit à Moussa que ce qui se faisait dans les années 1950 et 1960 quand le RDA et le PSP se tiraient dessus en ville avec des couteaux et des coupes-coupes  se fera sans eux.

En mars 1990, Moussa a demandé expressément  d’organiser ce qu’on appelle un débat sur l’exercice de la démocratique au sein du parti, en l’ouvrant à tous les cadres du pays, y compris ceux qui n’étaient pas dans le parti.

Il y a des hommes politiques qui sont devenus célèbres, tels que : Soumeylou Bebeye Maïga, Aliou Nouhoum Diallo, Iba N’Diaye, Kadiatou Sy, Mohamed Lamine Traoré. Ils ont pris la parole ce jour-là pour défier le pouvoir en place. Mais personne n’a été mis en prison. Après il y a eu l’UNTM, le Barreau, l’AMDH.

En juin, l’UDPM a connu sa 1ère grande fissure, par ce qu’une bonne partie des militants voulait qu’on déclare le multipartisme dès juin 1990. Finalement pour mettre les uns et les autres  d’accord, le président Moussa Traoré a projeté d’organiser un Conseil national extraordinaire au mois d’août afin de proclamer le multipartisme. Mais entre-temps, la guerre a éclaté le 28 juin 1990 avec l’attaque de Tidermène. Les insurgés ont égorgé le chef d’arrondissement avec son épouse et les prisonniers. Le lendemain Ménaka a été attaquée.

Donc,  quand on est arrivé au Conseil national d’aout 1990, le président a dit : « le pays est en guerre,  l’instauration du multipartisme nécessite  une réforme constitutionnelle avec un référendum. Finissons-en avec la guerre et nous procéderont à l’ouverture ». C’est comme ça que ça s’est passé. Il y a eu une grande fissure dans le parti et à la fin, les militants ont  espéré qu’il y aurait un congrès extraordinaire du parti. Malheureusement ça n’a pas eu lieu.

C’est pourquoi nous avons dit que l’une des erreurs que le président Moussa Traoré a eu à commettre, nous le disons au sein de notre parti, c’est qu’ayant toutes les informations sur le complot qui se tramait contre lui et contre notre pays, sachant que la société était prête pour l’ouverture, il n’a pas accéléré le processus. Ça c’est un.

Deuxièmement, nous avons dit que 26 mars ou pas, le multipartisme allait être instauré, par ce qu’au moment où Moussa tombait (je l’ai dit aux gens et je suis prêt à défier celui qui dirait que ce n’est pas vrai), nous avions un projet de Constitution, un projet de Charte des partis, de code électoral, un calendrier de transition de 9 mois (parce que le mandat de Moussa finissait en juin). Ce calendrier a été transmis par des canaux que Moussa Traoré a choisis, à des responsables du « mouvement démocratique », mais ils l’ont caché à leurs militants, parce qu’ il y en avait, dans le lot,  des gens qui étaient en relation avec des militaires pour renverser le régime.

C’est pourquoi j’ai dit aux uns et aux autres que Moussa Traoré est tombé dans un piège dans lequel beaucoup de présidents pouvaient tomber.

Alpha Oumar Konaré, quant il y a eu les troubles du 5 avril 1993, Abdoulaye Sekou Sow l’a écrit dans son livre, (L’Etat démocratique au Mali. La problématique de sa construction au Mali. Ndrl), en 2010 : le président de la République et le président de l’Assemblée Nationale lui ont demandé de faire sortir l’armée pour mater les étudiants. Il a dit non, qu’on venait de juger Moussa pour les mêmes raisons.

Alpha a fait sa Constitution, tout a été approuvé, il restait les dernières minutes pour voter la Constitution, il a reculé, parce que, il a eu des informations.

Amadou Toumani Touré en 2005 : après le match Mali-Togo, des gens sont entrés en ville pour casser pendant des heures, avec des pneus et de l’essence. Qui a stocké les pneus et le carburant ? C’était par ce qu’on voulait qu’ATT sorte l’armée et il tombait dans le piège et on allait dire qu’il est un assassin.

IBK récemment : révision Constitutionnelle, la plateforme Antè A Bana. On savait, la grande majorité du mouvement c’était contre la révision de la Constitution. Mais il y avait un noyau, il y avait des gens qui se préparaient pour renverser le régime. Il a échappé, par ce  qu’il a eu la sagesse de reculer à la dernière minute par rapport à son projet de révision constitutionnelle.

Mais,  Moussa Traoré, lui, il ne pouvait échapper,  par ce que simplement,  quand vous avez le chef de la garde présidentielle, le directeur des services spéciaux , l’aide de camp qui sont dans une conjuration avec des hommes politiques pour prendre le pouvoir, on n’avait même pas besoin de faire des morts en ville pour renverser le pouvoir. Moussa Traoré est tombé, ce qu’on aurait dû faire c’était de dire ce régime est tombé, on fait l’état des lieux de la nation et on continue. Et cela n’a pas été fait.

Le bilan d’un régime c’est l’actif et le passif, même s’il y’avait ce débat sur l’ouverture démocratique au sein de l’UDPM, mais la majorité des Maliens gardent à l’esprit ces exactions, les événements de janvier et de mars 1991 et plus loin lorsqu’on recule, il y’a eu les Abdoul Karim Camara, les événements de la Constitution de 1974. C’est vrai que c’est courageux d’assumer l’héritage de Moussa Traoré, mais que pouvez-vous dire de son bilan ?

CKM : Vous savez, j’ai toujours dit aux uns et autres que moi je ne viens pas du tout dire que tous les abus qui a pu y avoir sous le régime militaire et sous l’UDPM qu’on ne doit pas en parler ou que ce n’est pas vrai. Il y a eu des Maliens qui ont été victimes de ce régime. Il ne faut pas le nier, leur mémoire doit être respectée. Cela c’est très clair. Ce que j’ai dit c’est simplement la présentation qu’on a fait après le 26 mars. Le fait de dire que ce régime n’a été qu’un régime d’assassins, qui n’a rien fait pour notre pays. Si on s’était limité à identifier ceux qui ont été victimes du régime d’une façon ou d’une autre, trouver les voies et moyens de les réhabiliter, qu’on se donne la main, qu’on se pardonne, qu’on avance : il n’y aurait pas eu ce débat.

Ce qui s’est passé, c’est que des gens ont instrumentalisé systématiquement les douleurs des uns et des autres. Regarder le cas de Cabral, depuis 1991 chaque année des gens se retrouvent pour pleurer  sur le monument de Cabral. On n’est pas arrivé à dire où est ce que Cabral est enterré,  le réhabiliter, s’occuper de sa famille. Des gens font du nom de Cabral un fonds de commerce.

J’ai expliqué que dans les mouvements qui sont contre Moussa Traoré, qui ont abouti à l’insurrection de 1991, il y a beaucoup qui ne sont pas des mouvements qui peuvent dire qu’ils se réclament de la démocratie. Le Parti Malien du Travail (PMT) est un parti communiste clandestin d’extrême gauche qui était interdit ici sous l’US-RDA. Ses tenants ne peuvent pas me dire qu’ils se battaient pour la démocratie pluraliste. Le PMRD, un parti communiste, ses militants ne peuvent pas dire qu’ils se battaient pour le pluralisme politique. Il y a des composantes du CNID qui sont de l’extrême gauche. Eux non plus ne peuvent pas venir dire qu’ils se sont battus depuis 1973 pour l’instauration de la démocratie. Ce n’est pas vrai. Il y a eu des conjonctions qui ont fait qu’ils se sont retrouvés contre le régime. Le régime a été renversé. Maintenant il faut fire fasse le bilan. J’ai dit que dans le bilan de Moussa Traoré tout n’est pas négatif. Ne pas en tenir compte  a été l’ erreur fondamentale. Si vous m’interrogez je vais vous donner quelques exemples.

Selon vous, pourquoi ce n’est pas bien de faire une table rase sur le bilan de son prédécesseur ? Pourquoi  le nouveau président qui arrive doit partir des actifs de son prédécesseur pour pouvoir asseoir quelque chose ?

CKM : Parce que simplement, de mon point de vue, toutes les nations qui se construisent, toutes les nations qui avancent,  ce n’est pas sur la base d’une table rase qu’elles le font. Ce qui aurait été bien pour le Mali et c’est ce qu’il faut faire. Chaque fois, qu’un président quitte le pouvoir, quelle que soit la raison (coup d’Etat, insurrection ou suite à des élections) il faut faire le point de ce qui a pu être construit pour notre pays. Le président ne s’assoit pas à partir de son palais pour régenter le pays. Il a des ministres, des directeurs, des administrateurs. Lorsqu’il parte, ceux-ci doivent faire le point.

Je vous donne un petit exemple, à l’occasion du Cinquantenaire, lorsqu’un journaliste est venu m’interviewer pour parler de la gestion d’Alpha Oumar Konaré, tout le monde sait qu’on était opposé à lui, il a pensé que j’allais me mettre à le critiquer. Je lui ai dit que Alpha n’est plus au pouvoir ça ne sert à rien de le critiquer. Il a fait ce qu’il pouvait faire, il faut qu’on fasse son bilan. Mais, je lui ai aussi dit qu’au moment où Alpha quittait le pouvoir, on ne se tirait pas dessus. Je lui ai dit que, quand Moussa Traoré quittait, on dit qu’il n’a rien fait. J’ai été à Gao en 1996, j’ai demandé aux gens : « Qu’est ce que vous voulez que je réalise pour vous si je suis élu ? » Ils ont dit  « Notre rêve c’est de nous construire  la route Gao-Labbezanga ». Gao-Labbezanga  ne fait que 240 km. J’ai repris la parole : « Est ce que vous savez combien fait la route Sevaré-Gao ? 540 km ! Avant  que cette route ne soit construite, les gens faisaient deux semaines, un mois pour atteindre Gao, d’autres mourraient de soif dans le désert. Donc quand on vous dit que Moussa n’a rien fait,  vous ne devez pas l’accepter ». Après j’ai tenu le même discours à Diré. J’ai dit à Diré : « Le riz, le blé, l’oignon, coûtent deux fois moins cher qu’à Bamako, c’est le résultat d’une politique. »

« Aujourd’hui, 30 ans après la chute de Moussa Traoré, les 80% de l’énergie qu’on consomme sont produits par Manatali et Sélingué. Les grands centres dans lesquels on se réunit à Bamako (CICB et Palais de la Culture), tout cela a été réalisé sous Moussa. Jusqu’à présent l’armée qu’il a construite, était l’armée la plus forte de l’Afrique francophone au sud du Sahara. Ces acquis là on aurait pu les capitaliser pour avancer.

Les projets d’université qu’ils ont trouvés, une université avec des Grandes Ecoles décentralisées : à Sikasso, la faculté d’Agronomie, à Ségou la faculté qui s’occupe de la culture du riz et du blé, à Mopti la faculté qui s’occupe de l’élevage et de la pêche, à Tombouctou, la faculté des Lettres, à Gao, la faculté  d’Architecture, à Kayes la faculté des mécaniques… Avec le brassage des étudiants. Ce projet a été retrouvé, il a été mis de côté.

La décentralisation, on a trouvé 300 et quelques communes avec la façon de les gérer. Ce projet, on l’a mis à coté. Ce sont là  les erreurs.

Et demain, quand IBK quittera le pouvoir, certains  vont s’asseoir pour dire qu’il n’a fait que du mal ;  je serai parmi ceux qui vont  contester ses réalisations. Parce que dans le bilan d’un président, vous trouverez toujours quelque chose. Et c’est en mettant bout à bout des réalisations que des générations et des générations construisent une nation stable. Voilà notre vision et c’est ce qui justifie notre combat.

J’ai dit aux et aux autres que moi je ne suis pas lié à Moussa Traoré. Notre parti se bat pour une façon de concevoir la politique. Et j’aimerai bien que tout le monde le comprenne, ne sommes contre personne. Ceux qui ont été victimes du régime à différentes étapes, vraiment je m’incline devant leur mémoire (pour ceux qui sont morts) et demande  même pardon à ceux qui ont été blessés.

Moi, j’ai passé trois heures dans les locaux de la sécurité d’Etat, une semaine avant la chute du régime. On m’a libéré en me disant qu’on viendra me chercher pour un deuxième interrogatoire le vendredi 22 mars à 10 heures. Les événements ont commencé, je n’ai plus été interrogé. Je pouvais me retrouver dans le camp des adversaires pour dire que je suis contre Moussa. Mais ce n’est pas vrai, car je savais que le pouvoir cherchait à s’informer sur nous, par ce qu’nous étions plus en avance dans le débat sur le multipartisme. Voilà donc pour clore ce sujet, je voudrais que les Maliens nous comprennent définitivement. Il faut que nous nous tournions vers l’avenir. Revenir chaque année  remuer le couteau dans la plaie, ce dont  certains font un fonds de commerce, nous  ne l’accepteront pas parce que c’est du faux. C’est ce qui nous empêche d’avancer.

Après ce rappel historique pour la jeune génération, on va à présent attaquer le fond de l’émission. Aujourd’hui est ce qu’on peut savoir l’état de santé du MPR ? Comme il se porte aujourd’hui en 2018 ?

CKM: Je considère que le MPR se porte bien. Nous sommes en train de nous organiser, nous préparer. Pour ne pas prendre beaucoup de temps, je préfère que nous nous donnions rendez-vous les uns et les autres pendant les élections.

Quelle réponse à ceux qui pensent que le MPR (parti du Tigre debout) a perdu sa tigritude ?

CKM : je leur réponds simplement que, quand on est dans l’opposition et quand on est un acteur d’une majorité présidentielle, vos réactions ne sont pas les mêmes. Certains s’attendaient toujours à nous voir comme dans les années 1990, quand nous étions dans l’opposition. Nous nous sommes dans le jeu institutionnel, notre attitude doit forcément changer. (…). C’est tout ce qui explique ce qui ressemble à une sorte de passivité.

Le MPR a plus de vingt ans, est ce que cette longévité est proportionnelle au poids du parti sur l’échiquier politique national ?

CKM : le MPR a été le parti qui a été le plus ostracisé depuis 1991. Rien ne nous a été épargné. La seule période où nous avons soufflé un tout petit peu, c’est pendant les cinq premières années de ATT.

Mais, aujourd’hui, après les élections communales passées, vous avez les partis qui sont en tête, c’est l’ADEMA et ses excroissances : le RPM, l’URD, la CODEM. et le MPR occupe la 5è position alors qu’on ne siège dans une aucune institution. Cela prouve que le MPR est un parti de militants et cela compte beaucoup pour nous.

A suivre dans nos prochaines éditions (Le SURSAUT)

Le Sursaut

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance