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Douloureux événements de Kidal : Pourquoi l’enquête parlementaire n’aura pas lieu

Les regards sont à présent tournés vers Koulouba et l’hémicycle depuis que l’ancien ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, après sa démission du gouvernement, a demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les événements du 21 mai dernier à Kidal. La sortie du nouvel ancien ministre ne sera certainement pas pour arranger les choses. A tout le moins, elle ne sera jamais du goût du gouvernement d’amateurs de Moussa Mara.

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Il est très facile d’imaginer la gêne de l’exécutif avec de tels propos pourtant très responsables. IBK et ses amis auraient parié gros que Soumeylou garderait longtemps le silence. Mais l’ancien ministre était sans doute le seul pouvant estimer à sa juste valeur le reniement du président de la République de ses responsabilités de premier chef de l’armée. Faire dire à son ministre de la Communication qu’il n’était pas au courant que les forces armées maliennes allaient mener une offensive sur Kidal en vue de la « libérer », ce n’était ni plus ni moins qu’une façon de culpabiliser les soldats – et donc de mettre en avant la responsabilité du ministre de la Défense – et en conséquence de saper le moral des troupes et celui de leurs parents. La couleuvre était trop grosse pour être avalée.

Avec beaucoup et de courage et de clairvoyance, le ministre de la Défense a rendu le tablier pour pouvoir s’exprimer librement par la suite. A entendre ses premières déclarations, on peut penser que la suite est à venir et qu’elle promet même de ne pas être désagréable. Puisque visiblement Soumeylou connaît plus qu’il n’en dit. C’est peut-être et surtout pour demeurer légaliste qu’il demanda l’ouverture d’une enquête parlementaire. Celle qui permettra de faire jaillir la lumière sur les douloureux événements de Kidal.

Seulement voilà, il est à craindre que cette enquête parlementaire n’ait jamais lieu. D’abord, parce que ce fut comme si tout le monde, du côté du parti au pouvoir et ses alliés, a reçu une grande douche froide. L’on a préféré multiplier et intensifier les marches de soutien, comme pour rappeler les pratiques d’une époque du début de l’année 1991. Ensuite, aucune enquête sérieuse ne pouvait se faire sur cette question et disculper, par la suite, le Président de la République et son Premier ministre, Moussa Mara. Celui-là même par qui tout le malheur de Kidal est arrivé. Tous les propos tenus par Mara après son retour de Kidal, sonnent encore fraichement dans les oreilles des Maliens. Et si par la suite on vient faire croire que l’armée a attaqué d’elle-même les positions des groupes rebelles armés, il y a de quoi s’en offusquer. Ce n’est donc pas un Soumeylou qui se laissera sacrifier sur l’autel des intérêts d’un ou de deux hommes, fussent-ils Président et Premier ministre. Non, c’est mal connaître un homme qui ne souffrira d’aucun complexe vis-à-vis de Moussa Mara ou d’un certain Karim Keïta, président de la Commission Défense à l’Assemblée nationale devant laquelle était passé le ministre Maïga peu avant sa démission. Même pas pour sauvegarder son fauteuil. Soumeylou n’a donc pas été démis de ses fonctions, il a quitté pour protester contre ce qu’il va considérer comme de dangereux enfantillages.

Sa décision sera d’ailleurs la seule vraie consolation des militaires au front, qui auront eu le sentiment d’avoir été jetés en pâture par l’autorité politique. Heureusement que les Maliens, dans leur majorité, n’ont jamais lâché leurs frères d’arme. L’essentiel n’est pas d’organiser des marches. Il n’est jamais trop difficile de paraître hypocrite et fanfaron. Ce qu’il faut c’est le soutien du cœur et de l’esprit. Or, rares sont ces députés qui agiront dans le sens de l’effectivité d’une enquête parlementaire du fait de leur appartenance à la majorité parlementaire. Et si cette enquête ne se faisait pas, les Maliens n’étant pas dupes, ils continueront à croire qu’IBK n’a voulu sauvé que sa tête.

Quant à Moussa Mara, plus personne ne le croira sur parole. Lui dont on dit qu’il ambitionne de devenir un jour président de la république.

Abdoulaye L. GUINDO

 

SOURCE: Liberté
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