Le double contexte de coronavirus et de Ramadan représente un vrai casse-tête pour la collecte de sang. Les donneurs bénévoles ne se bousculent plus aux portillons
On peut fièrement tresser des lauriers au Centre national de transfusion sanguine (CNTS) pour son rôle de pivot dans la Politique nationale de transfusion sanguine. Mais l’entreprise de collecte et de distribution du sang et de ses dérivés vit, aujourd’hui, des jours difficiles parce que les donneurs de sang ne se bousculent pas à ses portillons du fait du double contexte de pandémie du coronavirus et de Ramadan.
L’administration de l’établissement s’accommode mal de la situation et espère sur une mobilisation accrue des donneurs bénévoles pour se remettre à flot. En temps normal, le CNTS peine à satisfaire aux besoins, en termes de poches de sang pour les personnes en nécessité de transfusion.
Le Centre distribue quotidiennement un peu plus de 400 poches de sang dans les établissements hospitaliers, les centres de santé de référence (Csref) et les cliniques privées pour soulager des malades en nécessité de transfusion sanguine et sauver par exemple les accidentés de la voie publique.
On ne le répétera jamais assez, le don de sang, est un acte de générosité, de solidarité avec ceux qui sont en nécessité de transfusion sanguine. Mais le double contexte de coronavirus et de Ramadan représente un goulot d’étranglement à la collecte de poches de sang par le CNTS.
Le directeur général du CNTS, Dr Amadou Diarra explique que son établissement est confronté à des difficultés de collecte de sang dans un contexte de pandémie et de Ramadan. Il relève que d’ordinaire pendant le mois béni, ses équipes planifient des activités de don de sang avec les églises. Mais dans un contexte de Covid-19, ces lieux de culte ont fermé leurs portes.
Ce qui fait que le CNTS n’a pas collecté de sang pendant le Ramadan, à l’exception d’une collecte de deux jours au niveau de la gendarmerie où un peu plus de 200 poches ont été recueillies et d’une autre de deux jours également chez les adeptes du guide religieux et prêcheur, Cheick Oumar Seydou Coulibaly. À ce niveau aussi, les équipes du Centre ont pu recueillir un peu plus de 200 poches de sang.
Ces collectes cumulées d’environ un peu plus de 400 poches ont été une bouffée d’oxygène mais le processus de don de sang, en tout cas pour les donneurs bénévoles, connaît un coup d’arrêt.
Les dons familiaux ou de compassion représentent 70% des dons de sang. Mais le directeur général de l’établissement relève que 20 à 22% de ces dons sont jetés pour différentes raisons (hépatite, VIH, entre autres). Or la demande ne faiblit pas du tout. Le patron du CNTS invite les donneurs bénévoles qui présentent moins de risque à la rescousse.
Il appelle la tranche d’âge de 18 à 60 ans à se mobiliser pour le don de sang qui permet de sauver des vies, notamment dans le cas des accidentés ou de soulager des malades (drépanocytaires et insuffisants rénaux, entre autres) dont l’amélioration de la qualité de vie dépend de la transfusion sanguine. À en croire les spécialistes, les hommes peuvent donner du sang 4 fois dans l’année tandis que les femmes sont limitées à 3 fois sur la même période.
Le directeur général du Centre national de transfusion sanguine comprend la peur liée au coronavirus. Il rassure sur les dispositions prises pour respecter les mesures barrières. Le visiteur à l’entrée de l’établissement peut s’en convaincre facilement parce que les vigiles contraignent tout le monde au lavage des mains au savon ou à leur désinfection au gel hydroalcoolique. Les donneurs de sang sont aussi dotés de bavettes.
Il faut espérer que nos compatriotes prennent rapidement conscience de l’importance d’intégrer le réflexe du don de sang. C’est un geste de solidarité à l’endroit des personnes qui souffrent de pathologies nécessitant une transfusion sanguine.
Bréhima DOUMBIA
Source : L’ESSOR