Le Médiateur de la CEDEAO, le Président burkinabè Blaise Compaoré, a lancé officiellement, le samedi 8 juin dernier à Ouagadougou, le round de discussions qui vise à créer les conditions de la tenue de la présidentielle du 28 juillet prochain à Kidal. Elles réunissent deux délégations supposées compter 15 membres chacune, celle du Gouvernement du Mali et celle de la néo Commission conjointe HCUA – MNLA, à laquelle s’est manifestement aussi joint le MIA, Alghabass Ag Intallah prenant part à la rencontre.
Tiébilé Dramé, conseiller spécial, chargé d`engager des contacts avec les groupes armés du Nord, s’est entretenu avec le médiateur de la CEDEAO Blaise Compaoré
Prenant le premier la parole, devant un aréopage d’envoyés et de représentants spéciaux, ainsi que nombre d’ambassadeurs, Blaise Compaoré a souhaité un accord qui créera « les conditions de sécurité indispensables à la tenue d’élections libres et transparentes » à Kidal, après avoir souhaité la bienvenue aux deux délégations maliennes.
S’agissant des voies et moyens pour atteindre cet objectif, assigné d’ailleurs par notre Président par intérim à l’émissaire de Dioncounda Traoré qu’est le ministre Tiébilé Dramé, il s’agit donc de réussir « le redéploiement de l’administration générale, des services sociaux de base et des forces de défense et de sécurité au Nord du Mali et en particulier à Kidal, selon les modalités qui seront négociées » à Ouagadougou, a clarifié le Président du Faso.
Choisi pour « engager le dialogue avec le MNLA et autres groupes armés du Nord afin d’obtenir un consensus sur la tenue de la présidentielle dans la région de Kidal », Tiébilé Dramé, dans son allocution, a rappelé les principes contenus dans les différentes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la désormais célèbre 2100, la CEDEAO et l’Union Africaine pour la sortie de crise dans notre pays. Pour lui, trouver une solution ne doit aucunement remettre en cause l’intégrité territoriale du Mali, la forme républicaine de l’Etat, la laïcité de la République et le combat contre l’impunité.
Ce week-end permettra-t-il d’avancer dans la bonne voie? Le chef de la délégation de la Commission conjointe HCUA – MNLA, Mahamadou Djéri Maïga, a amené beaucoup à en douter, ou, pour le moins, à mieux mesurer l’ampleur de la tâche des négociateurs. Se référant systématiquement à l’Azawad, au peuple azawadien et à toutes les «injustices» auxquelles il a estimé que celui-ci avait été soumis «depuis plus de 50 ans», il n’a pas du tout tempéré son discours. Surenchère ou excès de confiance en soi? L’avenir nous le dira.
Signalons une innovation de taille dans l’organisation de ce rendez-vous ouagalais, la présence de délégations des mouvements de sédentaires comptant des branches armées, comme Ganda Izo et Ganda Koy, dont les Présidents étaient accompagnés de tous les leaders des organisations membres des Forces patriotiques de résistance (FPR) et du Mouvement des Arabes de l’Azawad (MAA), dont les premiers responsables sont arrivés de Nouackchott en début d’après-midi samedi. Ces « invités « inhabituels » à ce niveau, et c’est une première dont il faut féliciter Tiébilé Dramé et Dioncounda Traoré, ont été reçus par le Médiateur de la CEDEAO à la présidence du Faso et ont pu lui faire part de leurs appréhensions d’être laissés à l’écart d’un processus de paix qui les concerne pourtant au premier chef.
Nous reviendrons beaucoup plus longuement sur le déroulement de ces discussions dans notre prochaine édition, en espérant qu’elles auront permis d’obtenir des avancées notables sur le chemin du retour de l’Etat et de la quiétude au Nord du Mali, avant que le prochain Président de la République ne s’attèle à créer les conditions « en vue de l’établissement d’une paix définitive et d’un développement durable et inclusif » dans cette partie de notre pays, comme l’a rappelé Blaise Compaoré.
Ramata Diaouré, depuis Ouagadougou