Monsieur le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation,
Messieurs les Gouverneurs de Région,
Mesdames, messieurs les Préfets,
En ma capacité de chef de l’administration centrale, je suis très heureux de vous rencontrer ce matin, à l’occasion de cette réunion avec le personnel de commandement.
Je voudrais, avant tout propos, vous transmettre les salutations et les encouragements du Président de la République, Chef de l’Etat. Sous son autorité, le pouvoir Exécutif, dont vous êtes la colonne vertébrale, œuvre au quotidien pour maintenir et renforcer l’unité de notre Etat, sa cohésion, son autorité, son efficacité et son efficience dans la délivrance des prestations aux populations.
Le Président de la République m’a chargé de vous dire son admiration, sa solidarité et de vous saluer à la hauteur de votre engagement pour le pays et de votre sacrifice qui n’ont d’égal que le niveau de conscience professionnel élevé avec lequel vous vous acquittez de votre devoir au service de l’Etat.
Au gré de mes voyages à l’intérieur du pays, j’ai eu l’occasion de rencontrer souvent plusieurs d’entre vous. Le Président de la République a instruit cela au Gouvernement, et c’est mon crédo : Aller à la rencontre des populations, être à leur écoute attentive et apporter des solutions aux difficultés qu’elles rencontrent. Pour une gouvernance de proximité, qui mieux que vous pour illustrer cela au quotidien? Vous êtes la courroie de transmission de l’Etat. Ceux qui incarnent la permanence de l’Etat, son visage, sa réalité physique, les dépositaires de son autorité.
Au-delà d’incarner le symbole de l’Etat au niveau déconcentré, vous êtes également chargés de porter et d’expliquer les choix et les politiques publiques, de mettre en œuvre les réformes dans les circonscriptions administratives de vos ressorts respectifs, jusqu’au dernier échelon ; mais aussi de les adapter et de les justifier en permanence afin qu’elles soient comprises et acceptées par nos concitoyens.
En un mot, vous êtes la cheville ouvrière de l’Etat dont vous incarner la verticalité́. De plus en plus, vous êtes son horizontalité́ car dans le contexte de démocratie et de la décentralisation renforcée, les attentes légitimes des populations requièrent un Etat à l’écoute d’abord, puis au service du citoyen.
Messieurs les Gouverneurs de Région,
Mesdames, messieurs les Préfets,
Votre mission n’est pas des plus aisées. Entre les exigences de l’Etat et les attentes des citoyens, et les corolaires (implications) de votre statut de représentant du pouvoir exécutif à la base, les marges sont très souvent réduites. Je sais que vous êtes confrontés à nombre de difficultés dans l’exercice de vos missions. Vos rapports périodiques et vos télégrammes en portent témoignage.
La première de ces difficultés qui est un DEFI à l’échelle nationale, est sans conteste la sécurité du Personnel de Commandement. Dans le contexte des menaces asymétriques contre l’Etat et ses symboles, vous êtes hélas une cible privilégiée.
Je voudrais en ce moment précis avoir une pensée pieuse pour les tous les Administrateurs Civils et les membres du personnel de commandement qui ont payé de leur vie ou leur liberté l’exercice de leur sacerdoce, et vous demander de bien vouloir observer une minute de silence à leur mémoire.
Messieurs les Gouverneurs de Région,
Mesdames, messieurs les Préfets,
L’aménagement du territoire et la délivrance des prestations de l’Etat aux populations constituent une très forte demande sociale. Ils ne peuvent se réaliser sans une administration effective du territoire.
L’Etat va continuer ses efforts en vue du redéploiement continu des services sociaux de base et une présence institutionnelle plus affirmée au niveau déconcentré. Ce redéploiement est une exigence de stabilité et de survie, la nature ayant horreur du vide.
Le retour de l’Etat est également une composante essentielle de la politique du Gouvernement pour accompagner et consolider les efforts militaires de stabilisation, et pour renforcer la cohésion sociale et le Vivre- Ensemble entre les communautés.
Au demeurant, partout où je suis passé ces derniers mois à l’intérieur du pays, les populations demandent, à l’unisson, PLUS d’ETAT et MIEUX d’ETAT pour leur sécurité et pour la délivrance des prestations administratives et des besoins sociaux de base.
Il va s’en dire, et le Gouvernement en a conscience, que le déploiement de l’administration et des agents de l’Etat devra s’accompagner au préalable ou concomitamment de conditions de sécurité permettant l’exercice optimal de leurs charges.
La victoire contre les forces du mal et contre l’obscurantisme se gagnera dans la République par la présence de l’Etat sur chaque portion du territoire national. Elle ne se gagnera pas par l’abandon des populations aux mains de vendeurs d’illusions. Elle ne se gagnera pas non plus par l’existence de sanctuaires inaccessibles à l’Etat et à son pouvoir régalien.
C’est pourquoi, j’en appelle au sens des responsabilités et à l’engagement de tous. Notre résistance collective fortifiera la résilience de notre peuple face aux défis du moment. Et cette résistance sonnera à coup sur le glas de ceux qui cherchent à détruire à saper les fondements de l’Etat à détruire les valeurs de la République que sont la paix, la justice, la tolérance, la liberté, la fraternité, la démocratie. Dans cette lutte de résistance, Vous êtes, Mesdames et Messieurs, plus que jamais les premiers fantassins de la bataille de la survie et du triomphe de l’Etat.
La sécurité prise dans son sens large, c’est aussi et surtout celle de nos populations. Administrer un pays c’est assurer le besoin de sécurité́ de nos concitoyens sous toutes ses formes pour préserver la cohésion sociale et créer les conditions du bien-être-social collectif. Il s’agit là, assurément, de la première mission de l’Etat et sa justification. Celle qui permet ensuite d’apporter le minimum social : la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé, la justice, les loisirs etc. C’est ce message que j’ai voulu porter lorsque, en juin-juillet de l’année dernière, j’ai décidé de séjourner longuement dans plusieurs localités de la région de Mopti.
Le deuxième DEFI auquel vous faite face est celui des MOYENS pour assumer vos fonctions dans toutes leur plénitude. Le corolaire de l’autorité de l’Etat est et demeure une administration qui délivre les prestations dans des conditions décentes, celles qui respectent et rehausse votre statut et votre autorité. Le Gouvernement poursuivra les efforts déjà entrepris au plan salarial, matériel et logistique pour améliorer continuellement les conditions de vie et de travail des représentants de l’Etat au niveau régional et subrégional.
Le défi des moyens est aussi celui lié à l’insuffisance des ressources humaines de qualité. L’Etat tente de remédier au manque de personnel à travers une politique de recrutement et de formation mieux pensée. Je saisi l’occasion pour saluer le travail accompli dans ce sens par le centre de formation des collectivités territoriales.
Messieurs les Gouverneurs de Région,
Mesdames, messieurs les Préfets,
L’année 2020 qui débute est une année cruciale pour notre pays au plan politique et institutionnel. Au sortir du Dialogue National Inclusif au succès duquel vous avez pris une part active à tous les échelons, le Gouvernement adoptera dans les jours à venir le chronogramme des élections, avec une échéance importante au premier semestre de cette année. Il s’agit de la tenue des élections législatives en vue de renouveler le mandat des députés.
Je vous invite à plus d’initiative et d’anticipation, et à redoubler d’efforts et d’engagement pour réussir cette mission capitale pour la stabilité et la vitalité de notre démocratie, que le Dialogue National inclusif a fortement recommandé au Gouvernement sous la forme d’une résolution.
Au-delà du chronogramme électoral, je vous invite à vous investir, comme vous l’avez fait par le passé, pour la mise en œuvre effective de l’ensemble des recommandations et résolutions du Dialogue National Inclusif sur la base des pertinentes instructions que le Chef de l’Etat donnera au Gouvernement et du futur plan d’action que le Gouvernement est chargé de mettre en œuvre, en vue d’accélérer la sortie de crise, la stabilisation de notre cher pays.
De même, la mise en œuvre de l’APR et de la stratégie de stabilisation du Centre demeurent des chantiers prioritaires qui permettront le retour effectif de l’Etat partout sur le territoire national, afin de consolider l’unité nationale, l’intégrité territoriale et le redressement de notre pays.
Pour vous accompagner, le Gouvernement ne managera aucun effort pour vous permettre d’être à hauteur de vos missions dans la mise en œuvre des plans d’action locaux, de l’amélioration de la coordination entre le niveau régional et communal, du transfert des compétences et des ressources au niveau déconcentré.
En tant que relais de l’Etat, votre rôle est essentiel dans l’assistance aux populations et leur accompagnement pour le maintien d’un climat social apaisé. Je vous instruis de continuer cet investissement avec ardeur, en mettant l’accent sur la prévention et l’anticipation afin de relever les difficultés que vous rencontrez au quotidien.
Je pense en particulier à celles relatives à l’incivisme grandissant, au banditisme, à la délinquance juvénile, aux litiges fonciers, aux conflits locaux liés à l’accès aux ressources naturelles, et aux menaces nouvelles que fait planer l’orpaillage traditionnel, à l’exode rural et la migration, à l’impact des faux médicaments sur la santé de nos populations, notamment des plus jeunes, au trafic de drogue et la violence qui en découle.
Durant ces dernières années, vous avez été la cible de ces violences liées soit au terrorisme, soit à l’insécurité et à l’incivisme. Je voudrais donc profiter de cette rencontre, pour vous renouveler ma solidarité et mon soutien ferme et constant ainsi que celui du Chef de l’Etat et du Gouvernement. Vous avez droit à la sécurité et à la protection de votre intégrité physique et morale. Je sais que beaucoup reste encore à faire pour assurer un niveau de sécurité satisfaisant. L’Etat s’y emploie et ne ménagera aucun effort pour y parvenir.
Pour terminer, je vous voudrais vous inviter à redoubler d’engagement et d’initiatives dans l’accomplissement de vos missions, au regard de votre rôle primordial et de votre place de choix dans le bon fonctionnement de l’État et pour le maintien de relations harmonieuses entre l’État, les Collectivités territoriales et les citoyens.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Bamako, le 15 janvier