L’école est prise en otage depuis le 2 novembre 2017 par des enseignants de l’Académie d’enseignement de Dioila qui exigent le paiement immédiat de leurs primes des cours de soutien, organisés dans les classes de 9è année.
L’enseignement fondamental est à l’arrêt depuis le 2 novembre 2017 dans la circonscription d’enseignement de Dioila dans la région de Koulikoro. Plus de 82 866 élèves des Centres d’animation pédagogique de Béléko, Fana et Dioila sont orphelins de l’école depuis l’abandon des classes par les enseignants.
Se rendant tous les jours à l’école pour répondre de leur droit à l’éducation, ces milliers d’enfants sont aujourd’hui pris en otage par le refus de leurs maîtres d’intégrer les salles de classe tant que leurs primes des cours de soutien ne sont pas dans leurs mains.
Ainsi, dans une lettre adressée au Préfet du cercle à la date du 30 octobre, le Collectif des syndicats du cercle de Dioila que sont le Syneb, le Synefct, le Snec et le Syldef ont exigé le paiement immédiat des primes des cours de soutien sans délai et sans condition. Et de surcroit le collectif se réserve d’observer un arrêt de travail à partir du 2 novembre jusqu’au paiement intégral des primes.
Le problème est né lorsqu’au moment de l’acquisition des primes par l’Académie d’enseignement de Dioila, une erreur avait été décelée par rapport au nombre d’enseignants ayant fait le travail dans la circonscription. Ainsi, l’Académie a reçu la prime pour 144 enseignants en lieu et place des 244 enseignants qui ont effectué le travail.
Ce qui avait amené le directeur de l’Académie a invité les directeurs des trois Centres d’animation pédagogique et les responsables des syndicats d’enseignants pour éclaircir la situation en vue de trouver une solution.
Au cours des deux rencontres, Moussa S Tangara, directeur de l’Académie d’enseignement après échange, avait invité les syndicalistes à sursoir au mot d’ordre de grève le temps pour lui d’informer le département sur l’erreur commise sur le paiement. Sur les 19 656 000 F CFA que l’Académie devait recevoir, le budget leur avait remis 11 856 000 F CFA soit un reliquat de 7 800 000 F CFA.
Les syndicats avaient accepté au départ les démarches du directeur auprès des autorités pour l’acquisition du reliquat. Ayant obtenu la promesse à travers une lettre du directeur des finances et du matériel du ministère de l’Education nationale, le DAE a ensuite invité les responsables syndicaux de la circonscription pour leur faire part de la lettre dont il avait même remis à chacun une copie.
Ayant reçu la promesse du paiement du reliquat par le département, le directeur avait invité les enseignants à rester dans les classes avant la fermeture du circuit financier.
Dans la lettre en date du 2 novembre 2017 dont nous avons une copie, le directeur des finances et du matériel du ministère de l’Education a demandé à celui du budget de Bamako, de déléguer au directeur régional du budget de Koulikoro, les crédits d’un montant de 7 800 000 F CFA, pour la prise en charge du reliquat de l’Académie d’enseignement de Dioila pour l’organisation des cours de soutien dans le cadre du projet « seconde chance » du président de la République dans les classes de 9è année des écoles publiques au titre de l’année scolaire 2016-2017.
Peine perdue pour le directeur de l’Académie qui s’est vu traité de tous les noms d’oiseaux à travers les réseaux sociaux et des enseignants pour détournement de ce fonds. Les enseignants sont restés sur leur mot d’arrêt de travail depuis deux semaines.
De toutes les façons, les élèves ayant bénéficié de ces cours de soutien ont été à leur majorité admis dans les lycées et les universités. Ce sont ceux qui n’étaient pour rien dans cette histoire qui sont privés de leurs droits à l’éducation par les enseignants à l’Académie d’enseignement de Dioila.
Les cours de soutien se sont déroulés du jeudi 2 mars au dimanche 28 mai sur toute l’étendue du territoire national, une initiative du président de la République lors de son message à la nation du nouvel an 2017.
Abou Kamara
les echos