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Difficile dialogue avec le MNLA : Dioncounda, président de l’extérieur ?

Reçu à l’Elysée, le vendredi dernier, par son homologue français, Dioncounda Traoré, depuis Paris, a lancé un appel au dialogue au Mnla.dioncounda traore francois hollande elysees paris

Une sortie présidentielle qui a pris de court l’opinion nationale qui vit encore sous le choc, ne comprenant pas pourquoi pareille déclaration  officielle, relativement à un sujet national aussi sensible, est annoncée à partir de l’extérieur. Dioncounda est-il un président de l’extérieur ?

C’était le vendredi dernier, à sa sortie d’audience, au palais de l’Elysée, le président Dioncounda Traoré, reçu par son homologue français, a fait une déclaration inattendue : « Nous sommes prêts à discuter, à dialoguer avec le Mnla ». Une déclaration présidentielle, faite à partir de l’extérieur, qui a fait l’effet d’une bombe à Bamako, au sein de l’opinion nationale.

Aussi bien que la déclaration elle-même, faite à Paris, que le sujet sur laquelle elle a porté ; tout a choqué l’opinion publique, en ce sens que rare s sont les Maliens qui s’attendaient que pareille annonce officielle pouvait être faite par le président Dioncounda, sur un sujet aussi controversé comme l’amorce de dialogue avec le Mnla, à partir de l’extérieur.

En fait, le président Dioncounda n’est pas à un premier coup d’essai. On s’en souvient que c’est également à Addis-Abeba, où il se trouvait pour le forum des donateurs, en marge des travaux de l’UA, qu’il a prononcé, pour la première fois, la tenue des élections pour courant juillet prochain. C’est donc une habitude bien installée chez Dioncounda Traoré, président par intérim, de s’adresser à ses compatriotes, à partir de l’extérieur, pour les livrer, en même temps que tous les autres, les sujets cruciaux qui concernent leur avenir immédiat.

C’est aussi le cas, il y a juste quelques semaines, lorsqu’il a livré à la vindicte de la Sécurité d’Etat notre confrère, Boukary Daou(aujourd’hui totalement blanchi par la justice des accusations fallacieuses pour lesquelles il avait été détenu et séquestré à la SE). C’était au cours d’une visite officielle en Mauritanie. S’étant refusé à tout commentaire sur ce dossier, dans lequel un journaliste avait été interpellé dans des circonstances troubles à la SE, le président Dioncounda a préféré attendre qu’il soit loin de la capitale malienne pour se permettre, sur les ondes d’une chaîne internationale, un véritable réquisitoire à l’encontre du journaliste, de surcroit directeur de publication.

Le tollé qui en a suivi, au sein de la corporation, était égal à l’indignation suscitée au sein de l’opinion publique par cette sortie aussi brutale qu’inattendue du président Dioncounda, lequel en a pris bien l’habitude de ne s’adresser aux Maliens sur les problèmes maliens que lorsqu’il se trouve à l’extérieur.

Cette fois-ci encore, il n’hésite pas à lancer, à partir de la France, un appel de dialogue en direction du Mnla. Le fait est d’autant plus traumatisant  pour le commun des mortels que c’est la première fois que le président Dioncounda, dans une telle adresse de dialogue, cite directement et nommément le Mnla.

Pour l’opinion publique, d’une manière générale, au-delà des incongruités liées à pareille sortie, pour laquelle le citoyen ordinaire n’a pas le sentiment de se retrouver dans sa peau malienne, ce qui fâche dans l’attitude présidentielle, à partir de cette annonce faite à l’extérieur, c’est que, dans le contexte de temps, le président Dioncounda s’est gardé de donner tout autre aperçu sur le dilemme de Kidal avec l’absence de l’armée malienne. Un dilemme que le reste du pays ressent avec beaucoup d’amertume d’autant que les mêmes autorités nationales avaient laissé entendre que l’armée malienne y pénétrera d’ici le 15 mai courant.

Au moment où les citoyens Maliens apprenaient de leur président que le pays était prêt à ouvrir des discussions politiques avec le Mnla, l’armée malienne, l’armée malienne n’était toujours pas présente dans la ville de Kidal, prétendument considérée comme le fief du mouvement rebelle touareg. Au lieu de se prononcer publiquement sur ce mystère de Kidal, qui hante le sommeil de ses compatriotes, le président Dioncounda, comme à ses bonnes habitudes, à partir de l’extérieur, engage un hypothétique dialogue avec le Mnla, ce groupe armé touareg avec lequel les Maliens, d’une manière générale, ne veulent pas négocier en dehors de certaines conditions qui apparaissent aujourd’hui comme des exigences nationales.

Que veut alors le président Dioncounda Traoré ? Veut-il véritablement des discussions sérieuses avec le Mnla ? Ou obéit-il à sa propre logique de torpiller un dialogue dont il ne veut pas lui-même et qu’il n’annonce qu’au bout des lèvres ?

En tout état de chose, le président Dioncounda Traoré sait plus que quiconque qu’il a besoin d’un consensus national pour réussir un sujet aussi controversé que le dialogue avec ce groupe armé touareg dont les Maliens estiment aujourd’hui qu’il a contribué, par ses liens avec les groupes terroristes, à désagréger le fondement de leur pays. De la même manière, le président par intérim est également conscient que l’appel au dialogue à ce groupe armé, à partir de l’extérieur, est la chose la moins évidente qui puisse amener les Maliens à un compromis national autour de la problématique de négociation avec le Mnla.

Dans un contexte aussi difficile, comme celui de la crise qui nous concerne, où le Mnla, comme on l’a révélé, est honni par les Maliens, pour les crimes de guerre qu’il a commis sur le territoire national et qui ne sont pas encore punis, le président Dioncounda Traoré n’en est pas moins sûr que les populations maliennes ne se sentiront pas concernées par un dialogue avec le Mnla qui a été annoncé de l’extérieur, sur lequel elles ne voient que diktat de la communauté internationale.

A partir de là, il n’y a que crise de confiance qui s’installe et qui est de nature à assombrir l’horizon de ces discussions politiques avec le Mnla sur lesquelles, en réalité, les Maliens ont toujours exprimé leur désapprobation, du moins, dans les conditions où elles exigées des autorités maliennes, c’est-à-dire sans qu’au préalable le Mnla ne renonce à ses velléités indépendantistes et à être châtié pour les atrocités monstrueuses qu’il a perpétrées sur le sol malien.

Pour réussir à rassembler les Maliens sur des sujets aussi sensibles, comme celui-là où le dialogue politique avec le Mnla, qui a besoin d’être inclusif pour réussir, le président Dioncounda Traoré doit être en phase avec la sensibilité dominante de son opinion publique qui est chaque fois outrée d’apprendre les choses qui lui concernent à partir de l’extérieur.

Sékouba Samaké

Source: info-matin

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