Deux images révélatrices et une consécration historique, voilà ce que le sommet des chefs d’Etat d’Addis-Abeba a envoyé aux Maliens, quarante-huit heures avant son ouverture.
Le premier président démocratiquement élu du Mali, Alpha Oumar Konaré en tête à tête avec son ancien Premier ministre, aujourd’hui président de la République. Cette image est pleine de sens. Cela, en raison de tout ce qu’on a dit sur les liens de ces deux hommes. Lesquels ont collaboré en parfaite communion plus de 10 ans durant (dont 6 ans en tant que chef d’Etat et Chef du Gouvernement) pour ne plus réapparaître ensemble en aucune occasion. Cette situation avait été interprétée comme une guerre froide (infinie) entre les deux hommes par de nombreux observateurs et analystes politiques de la place.
De nombreuses initiatives des organisations œuvrant pour la réconciliation nationale se sont soldées par un échec cuisant de pouvoir mettre tous les récents présidents de la République autour d’une même table. Certes cela fut possible entre IBK , GMT, ATT ou Dioncounda à des circonstances diverses, mais jamais entre Alpha Oumar Konaré et l’un de ces protagonistes, notamment l’actuel chef d’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita. On a tellement rendu la plaie béante entre ces deux personnalités que personne ne s’imaginait les voir ensemble. Pas pour une séance photo, mais dans un entrevue poussé, en marge d’un grand sommet comme celui de l’Union africaine qui se tient actuellement à Addis-Abeba.
Même si les mauvaises langues sont plus redoutables que les pistolets, elles n’ont pas réussi cette fois-ci à empêcher ces deux hommes d’Etat de se concerter en frères. Cela, par ce que le Dieu de la réconciliation était à Addis.
L’autre Dieu, celui du pardon et de la consolidation de la fraternité, y était aussi. Le chantre de la musique malienne, Salif Kéita, blotti dans les bras de son ainé, Ibrahim Boubacar Kéita…L’image était forte. Et pourtant, à la surprise générale, les déclarations faites par l’ambassadeur de la musique malienne à l’encontre du candidat Kéita, dans la mouvance du dernier scrutin présidentiel ont été d’un ton amer et de reniement que le fossé fut énorme entre le ‘’ Mandé massa’’ et le ‘’rossignol de Djoliba’’.
Sur sa page, l’ambassadeur de la musique malienne a dit ceci : « j’ai vu le Président IBK et sa femme. Je me suis levé avec mes 2 choristes pour aller les saluer. A chaque fois qu’il faut être poli soyons le car la politesse nous grandit. Mais même si les élections étaient à refaire demain, je voterais pour Soumaila Cisse ». Le bon Dieu du pardon a plané sur l’homme… Ce même Dieu omnipotent a offert une autre consécration au Mali, en faisant de son président le Coordinateur des Arts, de la Culture et du Patrimoine dans le gotha des 52 chefs d’Etat de l’Union Africaine. Un pays affligé comme le Mali par une crise multidimensionnelle a besoin plus que tout autre pays du monde aujourd’hui d’une reconnaissance, de quelque nature que ce soit, surtout lorsqu’il s’agit de son président de la République. Le bon Dieu a exaucé cela pour le Mali.
Pendant ce temps des faits de grande portée historique, on dirait qu’il avait fui Bamako, avec son majestueux stade rempli des hommes, gardiens de la foi, qui ont promis de prier pour le pays avant de consacrer la moitié de leur temps de parole à véhiculer et faire trainer la haine qu’ils ressentent pour une personne. Il reste à prouver et à convaincre que le bon Dieu était là-bas…
La Rédaction
Figaro mali