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Diéma : La nuit, les chiens font la loi dans les rues

Le chien de nature est un animal  fidèle et intransigeant. Il est sobre et patient. C’est un bon gardien, un excellent chasseur. Dans le domaine de la médecine traditionnelle, le chien est encore  plus utile. Certaines de nos croyances se réfèrent  sur le chien. Lorsqu’ il pleut par exemple, si le  chien se trouve dans la chambre avec toi, s’il court pour sortir, c’est qu’il a vu la foudre venir,  il faut te sauver aussi, sinon tu risqueras d’en être victime. Malgré toutes ces vertus, on raconte toutes sortes de bêtises sur le chien, son nom est sur toutes les lèvres, on s’en sert pour insulter, diffamer, dénigrer ou décrier un comportement, une situation. Espèce de chien ! Ou cette  expression : il fait un froid à ne pas mettre dehors un chien.

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La prostitution a atteint une telle ampleur, qu’on fait souvent cette comparaison, ils  font comme des chiens dans la rue. C’est un chien, il n’a pas honte. Vous me réservez des os ! Je ne suis pas votre chien. Dans certains milieux musulmans,  le chien est considéré comme un animal proscrit, haram. S’il met sa bouche dans un récipient, on le lave sept fois pour enlever la souillure. La présence du chien dans la maison, empêche les anges,  mélékés de descendre. Or si les mélékés ne descendent pas sur la maison, dans ce cas Dieu s’en détournera, les prières et bénédictions ne seront pas exhaussées. Il faut reconnaître qu’en Afrique, les chiens sont abandonnés, ils se débrouillent même pour trouver à manger. C’est ce qui fait que la plupart deviennent  méchants, s’en prennent aux animaux, mordent les personnes.

 

A Diéma, il est difficile  de circuler à une heure avancée de la nuit. Dans toutes les rues de la ville ou presque, les chiens font la loi.  Si vous êtes sur un engin, là ça va encore mieux, vous avez mille chances d’échapper aux griffes féroces des chiens. A pied, ils vous sauteront dessus, mettront en lambeau vos vêtements, vous mordront à sang.  Balla KONTE, Chef  de village actif de Diéma, dépassé par le problème «  L’an passé des villageois sont venus informer mon père,  le Chef de village, comme quoi, des chiens  s’attaquent  chaque fois à  leurs animaux  aux pâturages et les blessent. Ils voulaient les tuer. Nous on leur a dit d’aller voir les vétérinaires d’ abord avant de prendre de décider de quoique ce soit. Partout, c’est pareil, les chiens sont trop  embêtants. Moi je ne sais même pas quel intérêt un chien a pour le garder dans sa maison. Le chien est intitule, il crée des problèmes à son propriétaire »

 

Yaya SANOGO, Régisseur de dépenses Mairie Béma «  A Béma, il ya  des chiens, mais depuis que je suis là, je n’ai jamais appris qu’ils ont mordu quelqu’ un. Pour le cas des animaux, ce sont les peulhs qui peuvent témoigner, ce sont des éleveurs. Là où je loge, il n’y a pas de chien. J’aime garder un chien, mais j’attends à ce que je sois dans ma propre maison. En ce moment, je prendrais toutes les précautions nécessaires. Je veillerais sur mon chien, le ferais vacciner, ainsi  même s’il  mord une personne,  il n’y a pas de risques à courir »

 

 

Boubacar SYLLA, témoigne «  On avait un chien, il s’appelait Toupasse. Ce sont les enfants qui l’ont ramassé. Il était tout mignon, séparé de sa mère. Je le nourrissais de lait. Toupasse grandit et devint un bon gardien. Il veillait constamment sur notre maison. La nuit, il se campait sur le mur vers la porte d’entrée, en direction de la rue. Quand Toupasse apercevait  un passant, il se mettait à aboyer fortement, à vous couper le sommeil. Il était indexé par tous dans le quartier à cause de sa méchanceté. Les gens avaient peur de venir chez nous. Mais par la suite Toupasse devint féroce, agressif. Il pourchassait les moutons et sautait sur les enfants. Chaque jour que Dieu fait, des habitants du quartier et même parfois ceux d’ ailleurs venaient se plaindre de notre chien. Un jour, je pris la décision de l’éliminer. J’appelais  quelqu’ un pour venir l’abattre. Les enfants n’étaient pas contents de la disparition de Toupasse qu’ils chérissaient. Quelques mois après, le benjamin amena un chiot qu’un homme appelé commando le lui avait offert. Je l’ordonnai de retourner avec son chien, il se mit à pleurer. Sa mère intervint. Plus tard, lorsque le chiot grandit, il adopta les mêmes comportements que le précédent. Je m’en débarrassai pour de bon.

 

Ali SAMASSA, d’ajouter «  Mon chien est mon gardien. A cause de lui, les voleurs ont cessé  de venir cambrioler dans ma maison.  Il passe toute la journée à dormir sous le manguier. C’est la nuit qu’il fait son travail. Comme disent les  malinkés  Ni yi i ka wolou fatin faga do ta bi i king Je tuerai jamais mon chien,  je compte l’amener chez les vétérinaires pour le faire vacciner. »

 

Oumar DIARRA, Forain «  Ces deux dernières années, on n’a assisté à la prolifération des chiens dans la ville de Diéma. Il y a toutes sortes de chiens, des bons, des méchants, des arrangés, des malades, des gros, des squelettiques,  etc. Il faut chercher des moyens pour les éliminer sinon ils constituent des menaces pour la population. A l’époque, à Nioro, c’était pareil. Quand les chiens ont commencé à semer la terreur, les techniciens  mettaient du poison sur des morceaux de viande qu’ils jetaient un peu partout dans les rues. Les chiens qui en mangeaient mourraient.  C’est ce qui a permis de réduire le nombre de chien dans la ville de Nioro »

 

Fanta KANE, Vendeuse de têtes de mouton au Razel «  Moi, j’aime bien le chien, mais c’est mon mari qui ne veut pas  le sentir. C’est un fervent musulman, il dit que l’élevage du chien est contradictoire  avec l’Islam qui rejette  toutes les choses souillées.  Quand les enfants vont à l’école et  moi au marché, la maison n’est plus protégée,  quelqu’ un peut pénétrer et commettre des bêtises » «  Le chien de notre voisin a mordu mon enfant. L’animal n’était pas vacciné. Les frais d’ordonnance m’ont coûté cher. Je n’ai pas voulu  en faire des histoires. Mon voisin était très gêné,  il a remis l’animal  à un   bobo saisonnier qui a décidé de son sort »,

 

Raconte  un homme qui  préfère garder l’anonymat.  Moussa KAMISSOKO,  en séjour«  En France, le nombre de chiens dépasse largement celui de toute l’Afrique. Ce sont les blancs qui connaissent la valeur du chien. Eux ils considèrent le chien comme une véritable personne. Ils les entourent de tous les soins nécessaires. Nous, on n’accorde à nos chiens aucune importance. On ne leur donne même  pas à manger souvent. La plupart se nourrissent de pourritures d’animaux »

 

Sambou se rassure «  En revenant de mon champ, un chien m’a  suivi. Lorsqu’ il s’est approché de moi, il m’a mordu au tendon. Mais  comme on  dit que ce n’est pas un chien arrangé, je ne me suis pas donné la peine de me faire vacciner »

 

Moussa DIARRA, dit Amba, chauffeur du Préfet « Le chien est bien à la maison. Il doit être bien entretenu, il faut le soigner  s’il tombe  malade, le vacciner régulièrement. Il  ne faut pas le laisser à lui-même, il doit rester permanemment dans la maison. Il y a des moments  pour le relâcher. Moi j’ai toujours un chien dans ma maison.  Je suis chauffeur, je voyage  beaucoup.  Ma maison est un peu isolée, je crains les voleurs. »

 

Souleymane SANGARE, enseignant « Dans un quartier, s’il y a une chienne en puberté, tous les chiens males se ruent vers elle, ils rodent toutes les nuits, se chamaillent, chacun voulant forniquer. Ce sont les plus forts qui gagnent  la dulcinée. Hier soir tout près, en quittant chez un ami qui avait organisé une veillée à l’ occasion du baptême de son enfant, aux parages de notre maison, je suis monté  sur un chien qui dormait,  il faisait sombre. Le chien a sauté sur moi et a mis en lambeau ma veste.  Je criais au secours, mon premier garçon sortit en grandes enjambées. Lorsque  je me suis baissé pour ramasser une pierre, la bête  s’est sauvée. J’avais des  égratignures sur les bras et le visage »

 

Baba SOW, éleveur «  Avec  mon gros bâton, je ne crains rien. La nuit, je vais partout où je veux. Les chiens même cherchent à m’éviter», dit l’homme  en brandissant son gourdin«  Ce sont les bambaras qui aiment le chien. Nous, on n’en veut pas. On n’a des animaux, on ne peut pas garder de chiens. Il existe quelques chiens à Bougoudré Niandé, mais on ne sait pas à qui ils appartiennent. Ils se promènent, mais ne touchent personne. D’ ailleurs, la religion musulmane condamne le chien, tout bon musulman doit éviter cet animal », Explique Malamine DICKO, notable à Bougoudré Niandé, venu à une réunion.  Makamba SISSOKO, chasseur «  Le chien doit être  bien éduqué, encadré comme un enfant. Moi seul, je possède 4 chiens. Après les travaux champêtres, je les utilise pour la chasse. A chaque partie de chasse, ils                             m’apportent du gibier. Si je dis à mes chiens de s’arrêter, ils  obéissent. Ils comprennent  mes messages. Mes chiens n’ont jamais causé  de dégâts en ville, en tout cas personne n’est venu se plaindre d’eux pour le moment. Ils sont très utiles, ils garantissent ma sécurité »

 

 

Si des dispositions urgentes ne sont pas prises contre les chiens dans la ville de Diéma, les paisibles populations continueront d’en payer les lourds frais.

 

 

Les services vétérinaires doivent veiller  à ce que tous les propriétaires  de chiens fassent vacciner leurs bêtes pour minimiser les  risques en cas de morsures.

 

KayesInfos

SOURCE: Kayes Infos  du   20 nov 2014.
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