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Dialogue politique : un fiasco programmé

Un intitulé très réducteur de l’esprit du dialogue voulu par les Maliens, à la faveur de l’éphémère vent de détente en ce début d’année ; une absence manifeste de plan, le DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF, porte en lui les germes de son échec programmé.

À l’occasion du Conseil des ministres inaugural du nouveau Gouvernement, le 8 mai dernier, le Président de la République a invité le Premier ministre et les membres du Gouvernement à tout mettre en œuvre pour améliorer l’action gouvernementale afin notamment : (…) d’organiser, dans un meilleur délai, le DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF préconisé par l’Accord politique de gouvernance du 02 mai 2019.

Il y a maldonne quant à l’intitulé du dialogue qui est réducteur par rapport aux attentes exprimées qui portent sur un traitement de fond des problèmes.

En effet, le Pacte Malien pour la Refondation (PMR), s’est prononcé en faveur de la tenue d’un DIALOGUE NATIONAL REFONDATEUR qui permettra aux Maliens de revisiter les institutions de la République et les pratiques démocratiques en cours, afin de proposer les réformes institutionnelles et de gouvernance indispensables, ainsi que les réponses endogènes adaptées.

De son côté, dans une contribution en date du 1er février, on peut lire : ‘’l’URD a la très forte conviction que pour sortir de cette crise, notre pays a besoin d’un dialogue politique de haut niveau. Ce dialogue que notre parti réclame avec d’autres forces politiques et sociales doit aboutir à un accord permettant le consensus nécessaire sur les réformes institutionnelles et politiques pour une sortie de crise réussie. Cet accord politique déterminera les mécanismes de l’organisation d’un LARGE DÉBAT NATIONAL sincère, global, inclusif, interactif, dynamique et transparent avec l’ensemble des forces vives de la Nation’’.

Le débat national préconisé par l’URD devrait avoir comme principaux protagonistes : les partis politiques, le gouvernement, le forum des organisations de la société civile, le Conseil National de la société civile, les organisations féminines, les organisations de jeunes, les organisations des droits de l’homme, les organisations confessionnelles, les syndicats de travailleurs, la diaspora, le secteur privé, les ordres professionnels judiciaires, le Conseil national des ordres professionnels, les Représentants des communautés impliquées dans la crise du centre, les groupes signataires de l’Accord pour la paix.

Quoi que conservant le caractère d’inclusivité, la formule adoptée par le Gouvernement vide le dialogue de sa substance et interroge sur l’objectif qu’il recherche.

Il y a en effet lieu de s’interroger, parce que le schéma gouvernemental n’intègre pas un diagnostic exhaustif de la situation de crise que vit le pays, en vue de formuler des recommandations pertinentes et chronogramme d’exécution. Ainsi, autant le contenant que le contenu du dialogue sont minimalistes.

Ce n’est pas la seule prémisse d’un échec annoncé puisque d’évidence, les organisateurs du dialogue national n’ont aucun plan. Alors, ils se rabattent sur des consultations tous azimuts de responsables politiques. Or, le sérieux et le professionnalisme voudraient que les contributions viennent en appoint et non servir de base de travail. L’on s’achemine certainement vers un autre plagiat, après celui de l’accord politique pondu par l’URD et transformé en accord politique de gouvernance.

À cette insuffisance, il faut ajouter indétermination d’un calendrier du dialogue dont la seule information connue est qu’il se tiendra dans ‘’un meilleur délai’’.

Faut-il parler d’amateurisme dans la préparation d’un rendez-vous aussi important ? Il y a lieu d’en douter. À l’évidence, c’est le grand ménage qui dérange le pouvoir. Or, une plaie ne guérit pas sur du pus. Autant dire que si l’on devait aller au dialogue, il faudrait y aller franchement. Autrement, les Maliens seraient reconnaissants au Gouvernement de leur épargner d’amuser la galerie et d’économiser les maigres ressources.

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

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