Le dimanche 22 décembre 2019, les lampions se sont éteints, au Cicb, sur le Dialogue national inclusif (DNI) au Mali. Cet exercice tant redouté, ayant été même au centre des procès d’intention et des revirements spectaculaires, fut une véritable arène de débats démocratiques qui s’est conclue par des résolutions et des recommandations pertinentes. Avec l’application de ces résolutions et recommandations, c’est le retour assuré de la paix, de la sécurité et de la concorde dans ce pays tant éprouvé par ces années de crise.
En effet, enfanté dans la douleur d’abord des grandes contestations populaires de la révision constitutionnelle de 2017, et ensuite des résultats de l’élection présidentielle de 2018, le dialogue national inclusif s’est imposé dans l’agenda politique du Mali lors des pourparlers entre les représentants du candidat malheureux du second tour de l’élection présidentielle et le collège des ambassadeurs accrédités au Mali chargé de calmer la tension politique entre les protagonistes sous la houlette du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU.
C’est ainsi que pour accepter éventuellement cette paix des braves, le principal négociateur du candidat déclaré vaincu exigea quatre conditions dont la troisième fut la tenue d’un dialogue national inclusif afin de mettre sur la table et discuter de toutes les entraves à la démocratie, à la liberté et au développement humain pour ensuite convenir des réformes indispensables à la résolution durable de la crise .
Ce dialogue national devait être précédé d’un dialogue politique de haut niveau initié par le vainqueur déclaré à l’élection présidentielle en direction de toute la classe politique à commencer par son challenger.
C’est après ce dialogue politique de haut niveau suivi du dialogue politique national que devait se conclure un accord politique pour la mise en œuvre des réformes décidées.
Cet agenda politique fut bousculé par la brutale démission du Premier Ministre d’alors Soumeylou Boubeye Maiga, qui poussa le Président de la République à anticiper la nomination d’un nouveau Premier Ministre juste après le dialogue politique de haut niveau qui avait débuté en février 2019. Ensuite fut négocié et signé en mai 2019 un accord politique de gouvernance qui aboutit à la constitution d’un gouvernement de mission auquel prirent part certains partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile.
L’une des principales tâches confiées à ce gouvernement par l’accord politique de gouvernance fut » l’organisation dans les meilleurs délais d’un dialogue politique national inclusif « . Cette idée évoluera par la suite en » dialogue national inclusif « .
Cette gageure de l’organisation d’un dialogue national inclusif est maintenant devenue une réalité : car il est vrai que nul n’avait une idée précise de ce qu’il aurait pu ou dû être. C’était une idée, une bonne idée tout simplement.
De l’installation du triumvirat et du Président du Comité d’organisation par le Président de la République, le 25 juin 2019 au 22 décembre 2019 date de clôture de la réunion nationale, le dialogue national inclusif a suivi son bonhomme de chemin au milieu des procès d’intention, des suspicions, des revirements, des accusations des acteurs de la classe politique et sociale dont aucun n’avait l’expérience d’un pareil exercice.
Oui disons-le tout net le dialogue national inclusif malien n’est à nul autre pareil. Il n’est pas la Conférence nationale souveraine de 1991 en cela que ce dernier consacrait la fin brutale d’un régime, d’une République et jetait les bases d’une nouvelle République, il n’est pas les Assises nationales du Sénégal de 2008/2009 du fait que ces dernières furent organisées par la seule opposition et la société civile sans le gouvernement et la majorité. Il n’est pas non plus le dialogue national du Burkina Faso de 2019 en cela que ce dialogue ne concernait que l’opposition politique et la majorité. Ce Dialogue national inclusif est donc unique en son genre. Il est unique par son caractère national et inclusif. Il est unique parce qu’il a échappé à ses concepteurs, à ses organisateurs et à ses détracteurs.
Loin et très loin du formatage tant prédit et soupçonné, du monologue tant décrié, le Dialogue national inclusif a pris son autonomie dès l’entame des débats décentralisés d’abord, sur le portail Internet ensuite avec ses millions de contributions et consultations. Il a pris son autonomie enfin lors de la réunion au niveau national à Bamako du 14 au 22 décembre dernier.
La parole fut libre et les débats à la hauteur des enjeux
En effet, personne n’a pu caporaliser ou prendre en otage les débats. La parole fut libre, les échanges rudes parfois violents, très souvent virulents, passionnés mais chacun s’assuma et personne ne claqua la porte. Tous participèrent au dialogue de bout en bout ce qui est déjà une prouesse dans ce genre d’exercice.
Les clivages partisans avaient disparu, ce sont des maliens (de l’intérieur et de la diaspora) qui parlaient du Mali avec des maliens et toutes les résolutions et recommandations furent adoptées par consensus comme il sied dans un dialogue responsable.
Aucun comptage, aucun vote ne fut nécessaire. Il n’y a pas eu de résolution ou de recommandation de la majorité ni de résolution ou de recommandation de l’opposition ou de la société civile. Il y a eu des résolutions et recommandations des maliens décidés à sauver le bien commun : le Mali !
Il suffit de lire attentivement non avec des œillères mais de bonne foi les recommandations essentielles thématique par thématique, le plan d’actions et surtout les rapports des débats des commissions pour se rendre compte de la profondeur du débat et de la sincère conscience des enjeux qui animait tous les acteurs. Pourtant cela n’allait pas de soit. Ces acteurs, ces animateurs du Dialogue national, ces patriotes qui ont exprimé les préoccupations de tous les maliens présents et absents, comme l’a si bien exprimé l’Imam Mahmoud Dicko, ces patriotes nous leur devons respect et considération pour leur courage, leur opiniâtreté et leur engagement pour le Mali. Merci à eux de n’avoir pas été des faire-valoir !
Eux qui ont été traités par certains de « petit peuple » sont allés plus loin que la classe politique toutes tendances confondues, car aucun des principaux candidats à la dernière élection présidentielle n’avait inscrit dans son programme la relecture de l’accord d’Alger. Tous avaient promis sa scrupuleuse application et son appropriation par les maliens, aucun de ces candidats n’avait non plus inscrit dans son programme, la négociation avec Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa, aucun ! Ce sont ces délégués de l’intérieur et de l’extérieur, ces intervenants sur le portail numérique qui ont forgé ce caractère exceptionnel et historique du Dialogue national inclusif du Mali.
Ce Dialogue national inclusif marquera le début de la Renaissance du Mali si les plus hautes autorités du pays conscientes de sa pertinence et de son acuité, s’engagent résolument, sans faux-fuyant dès aujourd’hui dans l’application immédiate et complète des résolutions, recommandations et plan d’actions qui leur sont soumis !
D’engager courageusement les réformes pertinentes issues de ces assises pour la Renaissance du Mali dans la paix et la concorde nationale. Comme on le voit, cet exercice tant redouté mais aussi tant attendu a été à n’en pas douter un des événements marquants de l’histoire de la démocratie malienne, que disje du Mali !
Nul ne saurait cacher de sa main ce nouveau soleil au firmament politique du grand Maliba ! Que Dieu Le Tout Puissant assiste notre chère patrie et nous préserve de nous-mêmes !
Malick Touré Administrateur Civil
Source: l’Indépendant