Les groupes armés du nord, à savoir le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla), le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (Hcua) et le Mouvement Arabe de l’Azawad (Maa) ont, depuis la capitale Burkinabé, annoncé leur retour dans le giron de l’Accord préliminaire de Ouagadougou, signé le 18 juin 2013, entre eux et l’État malien sous l’égide de la communauté Internationale, en vue de la tenue de l’élection présidentielle, et devant aboutir à l’amorce des vraies négociations visant la résolution définitive des problèmes du Nord.
Ces groupes armés avaient surpris tout le monde en annonçant, le jeudi 26 septembre 2013, leur retrait de l’Accord de Ouagadougou. Ils accusaient ainsi l’État malien de ne rien faire pour marquer sa bonne foi dans l’application des clauses de l’Accord de Ouaga.
« Le monde à l’envers », avait dit certains maliens écœurés, qui trouvaient cela drôle que ceux qui devaient être désarmés et cantonnés, et qui ont réussi la prouesse de faire cantonner plutôt l’État malien et ses soldats à Kidal, puissent pousser l’arrogance au point d’exiger quoique ce soit ! Se précipitant chez le président Blaise Compaoré du Faso, les principaux leaders des groupes armés pensaient pouvoir se frayer un chemin avec leurs habituels actes de désinformation et de propagande.
Mais mal leur a pris, car entre temps le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, s’était vu contraint d’écourter son séjour parisien pour venir mettre les points sur « i », comme on dit, à propos justement de cette tentative de bousculade des groupes armés du Nord, et de la gifle infligée à la nation par certains soldats de Kati.
Autant le Président IBK n’a pas fait dans la dentelle pour recadrer les soldats mutins de Kati, autant il n’a pas laissé de choix aux groupes armés du Nord qui devraient soit continuer leurs chantages avec toutes les conséquences qui pouvaient en découler, soit retourner sur la table du dialogue.
Textuellement, voici ce qu’IBK leur conseillait : « Je le redis également à ceux qui, à Kidal continuent le chantage, la violence et la violation de l’Accord du 18 juin 2013 à Ouagadougou. Nous avons suffisamment d’illustrations que l’État central n’est plus celui de nos vœux. Nous savons voulu, avec la réforme de la décentralisation que je peux qualifier de réforme majeure de la 3ème République, remettre les communautés au centre et à la fin de nos politiques. Je travaillerai, sans relâche, à la stratégie d’un développement local qui rendra Kidal, Tombouctou, Gao, Mopti, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Kayes et le district de Bamako en responsabilité totale de leur développement dans un État éclairé, riche, pertinent et fier de sa diversité. Les états généraux de la décentralisation incessamment attendus tirerons toutes les leçons de notre dispositif de gouvernance, en faisant appel à toutes les compétences internes, et y compris celles internationales. C’est une opportunité irremplaçable pour évaluer le passé et projeter un futur inclusif ».
Le Président IBK appelait donc les groupes armés à saisir cette opportunité, en leur tendant la main, en les appelant à laisser de côté la Kalachnikov et de venir au dialogue. A défaut, le Président IBK laisse alors entrevoir le bâton : « Je prends à témoin la communauté internationale, l’offre de paix ira de pair avec la volonté farouche de défendre le Mali, l’honneur du Mali, les soldats du Mali, les populations du Mali, toutes ethnies confondues ».
A partir de là, le Président Blaise Compaoré, Médiateur de la Cedeao, a dû batailler dur pour faire savoir à ses hôtes insaisissables et encombrants qu’ils n’avaient plus de choix.
Ainsi dans le communiqué qui a sanctionné leur conclave à Ouagadougou avec le Président du Faso, Blaise Compaoré, les groupes armés du Nord ont annoncé samedi soir qu’ils reprenaient les négociations de paix avec le gouvernement malien, neuf jours après les avoir suspendues unilatéralement. L’annonce, effectuée par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, le chargé des relations extérieures du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), relance le processus de paix, alors que des violences avaient repris dans le nord du Mali.
Dans une déclaration lue devant la presse, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh a dit, au nom du Mnla-Hcua-Maa, que les rebelles prennent « acte des engagements récemment pris par les nouvelles autorités maliennes et la main tendue d’(…) Ibrahim Boubacar Keïta en vue d’une pleine et entière mise en oeuvre des mesures de confiance prévues par l’accord ». Puis il a ajouté que « désireux de créer un climat de confiance réciproque pour la poursuite du processus de paix, réaffirmant notre attachement à l’esprit de l’accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali, (nous) déclarons la levée de la suspension de notre participation au sein des organes de l’accord ».
Enfin des hommes qui deviennent « sages » ? Il est trop tôt pour le dire.
Adama S. DIALLO