Du 27 au 31 octobre, une délégation de journalistes de la presse nationale a sillonné les zones d’intervention du Programme de Développement Coordonné dans la Région de Mopti (PDCRM) de la Fondation Aga Khan. Ils ont constaté, de visu, en compagnie du Chargé de Communication Afrique de l’Ouest du réseau Aga Khan, Ibrahim Diallo, et du Directeur du PDCRM, Zana Koné, les progrès réalisés par le Programme dans les domaines aussi vitaux et multiformes que la santé, l’éducation et le développement de la petite enfance, le développement rural (agriculture, maraîchage) le renforcement de la société civile, l’environnement /résilience aux changements climatiques.
Si le réseau Aga Khan n’avait pas existé Zakaria Camara l’aurait sûrement inventé, tant le Directeur Général de l’Opération Riz Mopti manquait de mots assez forts, en ce vendredi 31 octobre dans son bureau cossu à Sévaré, pour magnifier, devant les journalistes de la caravane de presse, le partenariat fécond liant son institution, l’Office Riz Mopti, à la Fondation Aga khan. A cause de ses interventions aussi vitales que multiformes, comme la formation des exploitants en SRI (Système de Riziculture Intensif) avec en ligne de mire l’augmentation sensible du rendement qui passe de 3 à 6 tonnes voire 10 tonnes à l’hectare. A ce jour, ce partenariat a permis de former 885 exploitants dont 88 femmes dans la zone d’intervention de la Fondation, à savoir Mopti nord, Mopti sud et Sofara. Des zones où, grâce à l’accompagnement du Réseau Aga Khan, l’Office Riz Mopti a entrepris avec succès des tests de micro doses, de cultures d’oseille et autres techniques culturales innovantes. Grâce à ce même partenariat, l’Office Riz Mopti a pu s’offrir deux magasins et distribuer 14 tonnes de semences améliorées.
Zakaria Camara assure, volontiers, que l’Office Riz Mopti est capable de nourrir tout le Mali s’il avait les moyens de ses ambitions. Il attend, cette année, une campagne de moyenne production. Pour le moment, seuls 4% de ses 60 000 hectares sont en maîtrise totale. Résultat : 96% à l’Office Riz Mopti dépendent de la pluviométrie. Le souhait du Directeur Général c’est de trouver des partenaires capables de l’aider à être moins dépendant des caprices de la pluviométrie. Séance tenante, le Directeur du Programme de Développement Coordonné dans la Région de Mopti (PDCRM), le projet phare de la Fondation Aga Khan au Mali, Zana Koné, lui a donné l’assurance que la Fondation Aga Khan, fait bien partie de ceux-là, en précisant qu’un projet test d’aménagement de 50 hectares a même été lancé dans la zone de Sarémala grâce à un soutien financier conséquent de l’OFDA, lavec lequel la Fondation travaille en synergie.
Le champ modèle de Douti Koné à Bounguel est une réalisation concrète du Programme de Développement Coordonné dans la Région de Mopti. Douti fait partie des 27 paysans semenciers. En cette période de pré-récolte son champ, qui s’étend sur un hectare, présente une fière allure à côté de la piteuse figure des champs témoins. La botte sécrète de Douti c’est le « Toronion » une semence à croissance rapide (70-90 jours) qui a été retenue par les producteurs de la contrée eux-mêmes parmi la kyrielle de variétés proposées. Cerise sur le gâteau, cette variété offre un rendement de plus d’une tonne à l’hectare contre…600 kg pour les variétés locales. C’est une réponse du Programme pour endiguer les effets du changement climatique. Ici, l’ambition du PDCRM c’est de créer un réseau dense de producteurs semenciers afin d’approvisionner toute la zone en semences améliorées adaptées au changement climatique.
Autre objectif visité par les journalistes, c’est le champ école de Ladji Dembélé à Komo dans la commune de Dandougou Fakala, village situé à 130 km au sud de Mopti. Le champ est une véritable école à ciel ouvert où différentes techniques culturales sont expérimentées, où une formation est assurée pour lutter contre les nuisibles des plantes, où les plantes adaptées à la sécheresse sont testées. En tout, 8 champs de formation, 52 écoles-paysans de restitution dont 12 champs de femmes ont vu le jour dans les cercles de Mopti et de Djenné. La formation a touché, cette année, 3 022 producteurs dont 835 femmes. Dans les champs écoles, les pratiques paysannes sont comparées aux pratiques améliorées. On a à faire avec 16 variétés améliorées de sorgho à l’image des variétés locales améliorées, comme le « Guéfoué » ou le « Toronion ». S’y ajoutent la « Synthétique 06 » la « Maïwa » ou la « Synthétique 03 », des hybrides appelées localement « Wolosso » dont le rendement peut aller jusqu’à 2 tonnes à l’hectare contre seulement 600-700 kg pour la variété locale.
Pour les membres de la Coopérative des producteurs de gombo de Madiama, le Programme de Développement Coordonné dans la Région de Mopti de la Fondation Aga Khan apparaît comme une véritable manne céleste. Voilà une population brave regroupée au sein de la coopérative « Marayiriwako » comprenant des Markas, Peuls, Bozos, Rimaïbé, Dogon, qui a vaillamment cherché, mais en vain, son salut à travers la culture du gombo. Il a fallu que la Fondation Aga Khan entre dans la danse avec son savoir-faire, à la clé, une étude de marché, des séances de formation, une aide à la commercialisation et un accompagnement financier conséquent pour que la coopérative trouve le chemin de la prospérité. Avec une encaisse de 2 000 100 FCFA. L’appétit venant en mangeant, cette coopérative, forte 532 femmes et de 8 hommes seulement, souhaite aller de l’avant en se dotant d’un magasin, d’une bascule et d’autres petits matériels. La coopérative qui pratique déjà, en plus du gombo servant de locomotive, la culture du riz, du mil et de l’arachide, veut aussi s’adonner à des cultures de contre-saison, à la l’aviculture et à la pisciculture.
C’est dans une véritable ambiance de fête que la population de Djébitaga, village insulaire Somono situé à quelques encablures des berges du fleuve Niger à Mopti a reçu la caravane de presse. La délégation de la Fondation Aga Khan accompagnant la caravane des journalistes, à laquelle s’étaient joints des responsables d’Orange Mali conduite par Modibo Coulibaly, a été accueillie dans les dédales sablonneux de Djébitaga par les youyous de femmes. « Fama, soyez les bienvenus » pouvait-on entendre, par-ci par-là. En réalité, les 2 500 âmes de Djébitaga, dont la vie est rythmée par les clapotis des vagues du « Djoliba » nourricier, ne savaient plus, dans la spontanéité qui les caractérise, comment extérioriser leur immense joie. En effet, il y avait de quoi. La Fondation Aga Khan, qui travaille en synergie, le cas échéant, avec d’autres partenaires, vient de doter le village, grâce à un appui financier de la Fondation Orange, d’une maternité pour environ 25 millions de FCFA. Avant, il fallait faire près d’une heure d’horloge pour évacuer par pinasse les femmes en travail avec tous les aléas que comportait une telle solution. Sans compter les cas des patients dont le pronostic vital était engagé.
En plus, de la gynéco-obstétrique, la Direction Régionale de la Santé a affecté un agent de santé pour assurer le paquet minimum.
La nouvelle maternité de Djébitaga fait partie des 15 maternités pour la construction desquelles la Fondation Orange a débloqué la coquette somme de 173 450 000 FCFA. En ce jeudi 30 octobre, jour d’inauguration de sa nouvelle maternité, le chef de village de Djébitaga, Birama Traoré, chaleureusement entouré de ses conseillers, avait tout l’air d’un homme comblé. Aussi, s’est-il fait un devoir d’exprimer, au nom de sa communauté, sa gratitude à l’endroit de la Fondation Orange et surtout de la Fondation Aga Khan par laquelle le bonheur est arrivé.
En définitive, ce sont 200 000 personnes qui bénéficient des actions de la Fondation Aga Khan dans les cercles de Mopti et de Djenné un choix qui se justifie par le fait qu’ils sont dans le peloton de queue, pour ne pas dire qu’ils sont la lanterne rouge quant à l’indice de développement humain au Mali. Des actions qui se déclinent dans les domaines de la santé, de l’éducation et développement de la petite enfance, du développement rural (agriculture et maraîchage) et de l’environnement/résilience aux changements climatiques. Nous y reviendrons.