Dans des conditions indéniablement favorables à une attaque d’envergure du Coronavirus, le deuxième tour des législatives se tiendra ce week-end, le dimanche, 19 avril, comme pour rimer avec Covid-19. Nul ne se fait d’illusions, même dans les cercles du pouvoir, que les précautions indispensables pour éviter une grande contagion seront réunies. La promesse et toutes les assurances données déjà dans ce sens pour le premier tour par le président de la République se sont toutes révélées être de gros mensonges d’État.
En réalité, IBK n’a plus aucun souci du Mali et des Maliens, contrairement à un vieux slogan de campagne qu’il a tant galvaudé et qu’il a même fini de peindre en mieux : « Le Mali d’abord. » L’homme, à l’épreuve du pouvoir, en tout cas en ce qui concerne les sept dernières années, a été le principal fossoyeur du pays de ses ancêtres au profit de son pays d’adoption, la France, dit Lancéni Balla Keïta, un de ses anciens soutiens dépités par ses incohérences et qui en a vite tiré les conséquences. C’est pour souligner avec force que IBK se moque royalement d’un quelconque désastre sanitaire, ou humanitaire, dont seront majoritairement victimes les Maliens, surtout ceux de conditions vulnérables.
Ibrahim Boubacar Keïta, adossé à la France comme un pieux s’appuyerait viscéralement sur Dieu, a son plan : c’est, à défaut de détruire complètement le Mali, de brader une bonne partie de son vaste territoire, en l’occurrence l’Adrar des Ifoghas, qui se trouve être depuis plusieurs années sous contrôle absolu du mouvement indépendantiste du MNLA. Hormis ce délitement programmé avec la complicité de l’ancienne puissance coloniale, rien d’autre ne vaut aux yeux d’Ibrahim Boubacar Keïta. Tout est comme si c’est à ce prix qu’il a cherché à être président ou la condition sine qua non pour qu’il ait les bénédictions totales de la France impérialiste.
Pour ceux qui ont les yeux encore fermés, Dr. Choguel K. Maïga, Me MountagaTall et bien d’autres responsables politiques et de la société civile ont pointé du doigt l’agenda caché d’un président de la République qui nage manifestement à contre-courant des intérêts primordiaux de son pays et, davantage, bien dans le sens foudroyant de créer des malheurs et des misères à son peuple. Plus on avance, plus la lumière se fait grande. Tout le monde sait désormais que les législatives maintenues contre la santé publique constituent le carrefour où la phase décisive du délitement du pays va se jouer.
En effet, par les fraudes nombreuses (bourrage des urnes, transfert des voix à des candidats dans les faveurs du demi-dieu niché à Koulouba, etc.), tout sera fait pour donner une majorité mécanique au pouvoir en place et ouvrir ainsi la voie à un référendum constitutionnel partiteur du pays. Par ricochet, de célèbres mis en détention, comme Bakary Togola, sortiront de prison pour arborer fièrement écharpes et cocardes de députés maliens et aussi, on le prévoit aisément, pour narguer la justice.
Tel est le piège mortel dans lequel est pris le Mali. Les deux tiers de son territoire national ne sont plus tout à fait libres. Kidal et ses dépendances sont même carrément sous l’emprise de la C.M.A. (Coordination des Mouvements de l’Azawad) en attente fébrile de proclamer une nouvelle république sur les terres originelles d’un vaste Mali. La visite à Kidal, le 05 mars 2020, du Premier ministre Boubou Cissé a montré toute la réalité : il y a eu tout au long du séjour plus de drapeaux de l’Azawad que de drapeaux maliens! En plus, le contingent de l’armée malienne dite reconstituée, qui avait d’abord rejoint son camp traditionnel sous haute protection des Casques bleus de la Minusma, se trouve depuis en confinement absolu, non pas pour raison de Coronavirus, mais pour servir de prétexte à un semblant de maillage de tout le territoire national par le pouvoir central de Bamako. Sans aucun doute, le mensonge est la moelle épinière de la gouvernance d’IBK. C’est l’arme fatale de l’éclatement du Mali.
Bogodana Isidore Théra