En partenariat avec le Réseau comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM-Afrique), la Coalition des alternatives africaines Dettes et Développement (CAD-Mali), a organisé une conférence de presse, vendredi 3 juin 2022, à son siège à Djélibougou.
Faisant suite au séminaire de renforcement des capacités des Organisations de la société civile du Mali (OSC), en présence des délégués du Burkina Faso, Cameroun, Maroc et du Togo, organisé du 1er au 2 juin 2022, cette conférence de presse avait pour objectif d’informer l’opinion nationale et internationale sur l’impact de la dette sur le développement, les droits Humains et les perspectives d’alternatives.
Elle a été animée par Broulaye Bagayoko, secrétaire permanent du Réseau CADTM-Afrique, Oumar Aziki Attac Maroc, Agnes Metougou Adelaïde, Coordinateur de la Plateforme d’information et d’actions sur la dette du Cameroun, etc.
Pour les conférenciers, la stratégie adoptée par le gouvernement de la République du Mali ne permet pas de se libérer de l’esclavage de la dette. Laquelle (stratégie) selon leurs dires, consiste à maintenir la tendance actuelle en rallongeant la maturité de la dette intérieure à dix (10) ans, la maximisation des prêts concessionnels extérieurs de 30% contre 17% et le recours aux emprunts commerciaux extérieurs (EUROBONDS). Avant de dire que celui-ci n’a pas pu respecter sa stratégie d’endettement car l’encours de la dette qui était en fin 2021 de 5 521,82 milliards de F CFA, soit 52% du PIB, représente 35,7% des recettes budgétaires. Aussi, constatent-ils que le pourcentage de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) et des recettes budgétaires oblige le gouvernement a donné la priorité au remboursement du service de la dette au détriment de la satisfaction des besoins fondamentaux des populations comme l’alimentation, l’éducation, la sante, l’eau, l’électricité, l’emploi, le logement et le travail décent.
L’État, ont-ils affirmé, brade les matières premières et les terres agricoles aux multinationaux pour le remboursement de la dette. Comme conséquences du système de la dette sur les droits humains au Mali, ils ont énuméré la fermeture et la privation des entreprises publiques (sur les 90 entreprises publiques créées, en 1985, 26 ont été liquidées, 28 privatisées, il ne restait plus que 36 en 1998) la baisse en valeur réelle des salaires comprise entre 11% et 18%, la réduction des effectifs de la fonction qui est passé de 45 000 en 1991 à 37 000 en 1998, la retraite anticipée des enseignants, la suppression de la bourse au secondaire général, etc.
Comme alternative, ils ont proposé aux autorités de la transition l’encadrement du recours à l’endettement dans les reformes politiques et institutionnelles en y insérant dans la prochaine Constitution, les questions de dette extérieure et intérieure publiques, la micro finance (micro-crédit). Le recours à l’endettement, ont-ils indiqué, ne doit être possible que si les rentrées fiscales et les ressources issues de la coopération et de la réciprocité internationales s’avèrent insuffisantes et doit exclusivement financer les programmes et projets d’investissements dans le domaine des infrastructures ou des projets qui généreront des ressources permettant le remboursement.
Aussi, exigent-ils la suspension du paiement de la dette, son audit avec une participation citoyenne pour l’annulation des parties illégales, illégitimes, odieuses et insoutenables, la réduction du ratio dette PIB (fixé par l’UEMOA) de 70 à 40% et la réduction du taux d’intérêts de 24 à 4,23% des institutions de micro- crédits. Par ailleurs, ils ont aussi plaidé pour la transformation des tontines traditionnelles en système d’épargne et de crédits auto-gérés à taux zéro et la redéfinition de la place et du rôle des institutions financières internationales dans la gouvernance mondiale en les détachant des organismes spécialisés qui ont une compétence limitée pour les rattacher à l’Organisation des Nations Unies ( ONU) qui est une organisation universelle.
Alpha Sidiki SANGARÉ
Source: L’Inter De Bamako