Les ouvriers du chantier du bitumage de la bretelle « Katèlè PK18-Kadiolo-Zégoua» (environ 33 km) ont abandonné le site depuis le 16 août 2019. Un abandon qui inquiète à Kadiolo où le lancement officiel des travaux le 12 mai 2018 avait suscité un immense espoir quant au désenclavement et à l’urbanisation de la capitale du Folona. La situation crée un sentiment d’abandon qui met la jeunesse locale en colère.
En fait, le torchon brûle entre le gouvernement et le groupement d’entreprises (ECGF-EMCM) chargé des travaux à cause de la non-exécution des clauses du marché. Les sociétés indiquent avoir exécuté le marché à hauteur de 60 % alors que le gouvernement n’a pas encore versé un centime. Elles réclament à l’État malien près de 6 milliards de francs Cfa pour reprendre les travaux.
Une délégation de leaders locaux aurait effectué une visite à Bamako pour rencontrer les autorités impliquées dans le projet dans le but de trouver une solution immédiate. Pour l’instant, la situation est dans l’impasse. C’est pourquoi les jeunes de Kadiolo sont déterminés à s’inspirer du «Collectif Sirako» pour se faire entendre. Et sans l’intervention de bonnes volontés, ils étaient prêts à passer à l’action la semaine dernière.
Mais, ils ont rencontré les responsables politiques et administratifs le 03 septembre. Une rencontre à l’initiative de ces derniers une fois informés de l’intention de la jeunesse de prendre les choses en main en bloquant le trafic sur la RN7 (Route nationale). Heureusement, l’implication des responsables de la Jeunesse du Haut conseil islamique et d’un ancien député du cercle de Kadiolo a contribué à apaiser les esprits
«En acceptant de surseoir au blocage de la RN7, les jeunes de Kadiolo ont montré leur maturité, leur bonne éducation. Ils se sont pliés à la volonté des sages en espérant que la situation sera vite débloquée…», a affirmé le président du Conseil communal de la jeunesse de Kadiolo, Ousmane Coulibaly dit Will.
Ainsi, les autorités administratives et politiques ont jusqu’au 30 septembre 2019 pour trouver une solution afin que les travaux reprennent. A défaut, les jeunes de la localité menacent d’interrompre le trafic sur la route nationale Sikasso-Zégoua (dans un piteux état) à partir du poste de péage de Katèlè (à 16 km de la capitale du Folona). Et une synergie d’action serait envisagée avec les jeunes de Kolondiéba pour bloquer au même moment, à partir de Zantiébougou, le trafic sur l’axe Bamako-Sikasso.
Et pour la jeunesse locale, «ce n’est ni une menace, ni un ultimatum, mais une doléance auprès des hautes autorités de ce pays. Nous comprenons que le Mali est certes vaste, le pays est aussi confronté à des difficultés. Mais, à Kadiolo, nous comprenons mal que l’État ne soit pas en mesure de terminer notre chantier et financer, à coups de milliards, de nouveaux chantiers en d’autres endroits du pays».
C’est dire que doter le pays (sans exclusion d’aucune région) d’infrastructures adéquates (surtout routières) doit être aujourd’hui une priorité absolue pour les autorités maliennes. Au gouvernement de trouver les moyens de réaliser cette priorité exprimée dans le projet de société du président Ibrahim Boubacar Kéita pour son second mandat.
Moussa Bolly
Source : Le Matin