S’étant battus pour qu’il dirige la transition alors que certains esprits n’y étaient point favorables, les » amis » politiques du président intérimaire, Pr Dioncounda Traoré, viennent de le désavouer à travers une lettre ouverte. Ainsi voué aux gémonies, le président intérimaire va bientôt rendre le témoin du palais de Koulouba au nouveau président de la République élu avec bien des appréhensions sur son avenir.
Ils ont, en vain, attendu un renvoi d’ascenseur de la part de l’ancien président de l’Assemblée nationale et candidat de l’ADEMA à la présidentielle avortée de 2012. Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé, Ibrahima N’Diaye, Modibo Sidibé, Jeamille Bittar et d’autres s’estiment trahis par leur » grand-frère Dioncounda« . Au lendemain du coup d’Etat de mars 2012, ils ont remué ciel et terre au sein du front anti-putsch pour qu’il y ait un retour à l’ordre constitutionnel. Sans exiger que ce rétablissement de l’ordre constitutionnel remette en scelle le président déchu, ATT.
Le plan concocté a été de faire démissionner celui-ci pour que le président de l’Assemblée nationale, Pr Dioncounda Traoré, devienne président intérimaire et conduise la transition en n’oubliant pas qu’il a été propulsé à ce poste grâce à ses » amis du FDR « .
Ceux-ci devaient alors pouvoir compter sur la capacité de Dioncounda à leur assurer un retour de la manivelle. Mais que nenni, la réalité du pouvoir a été toute autre. La tâche n’a pas été facile pour celui qui a failli perdre sa vie dans un inimaginable passage à tabac d’un président de la République dans ses bureaux – une première dans l’histoire du monde – un certain 21 mai 2012 de triste mémoire. La suite des événements ne semble pas réjouir… Dans une récente lettre ouverte, les frontistes accusent.
« Le 12 avril 2012, à la suite de la mobilisation du peuple, sous l’égide du FDR, et de la communauté internationale, vous avez prêté serment comme président de la transition consacrant dans les faits le retour à l’ordre constitutionnel. Les partisans du coup d’Etat, opposés à toute forme de restauration de la légalité constitutionnelle, ont entrepris diverses et multiples tentatives de renverser le pouvoir de transition, notamment son président. Le 21 mai 2012, c’est le summum de cette défiance qui s’est traduite par la lâche attaque physique du président de la transition. Les tentatives répétées d’organiser des » concertations nationales souveraines » d’essence putschiste ont pollué l’atmosphère de juillet 2012 à janvier 2013. Les manifestations des 9 et 10 janvier 2013 devaient culminer au renversement violent de la transition…..Ce second putsch n’a échoué que grâce au FDR.
Face aux assauts répétés des auteurs et partisans du coup d’Etat, le FDR a immuablement défendu le retour à l’ordre constitutionnel et la nécessaire et impérieuse soumission du pouvoir militaire au pouvoir politique civil. Cependant, nous regrettons que tout au long de ce combat, les actes posés par le premier magistrat que vous êtes aient conforté les putschistes au détriment des défenseurs de la démocratie et de la République. Ainsi, contre toute attente, peu de temps après la tentative de coup d’Etat du 10 janvier, vous avez pris la responsabilité devant l’histoire « d’introniser » le capitaine à la présidence d’un comité chargé de la réforme de l’armée «
Avec cette diatribe, on imagine que Dioncounda Traoré ne sera sûrement bien accueilli au siège de l’ADEMA dans les prochaines semaines, s’il s’y rendait. Et dire que l’homme demeure officiellement le président du parti de l’abeille, surtout que son jeune-frère et 1er vice-président du parti, Iba N’Diaye, qui avait assuré la direction intérimaire, vient de jeter l’éponge. De même, Dioncounda, qui était beaucoup apprécié par Soumaïla Cissé, ne doit pas s’attendre à se faire dérouler le tapis rouge à l’URD, ni au PDES encore moins au PARENA, qui vient de publier une autre lettre ouverte acerbe sur le gouvernement de transition.
Ne jouissant plus de l’estime de la part de ses anciens alliés politiques, Dioncounda Traoré envisagerait simplement de s’offrir une paisible retraite. Pour couper court à tous ceux qui pourraient chercher des poux dans ses cheveux. Comme Alpha Oumar Konaré, Pr Dioncounda pourrait, selon certaines sources, s’enmurer bientôt dans un mutisme épais et éviter des apparitions publiques.
Bruno D SEGBEDJI
djitosegbedji@yahoo.fr
Source: L’Indépendant