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Des rebondissement dans le dossier Amadou Haya Sanogo: Le ministre populiste et des magistrats véreux rattrapés par le temps

Avec le rejet, par la Chambre criminelle de la Cour Suprême, de la demande de mise en liberté provisoire de Amadou Haya et autres, des langues se délient. Tous membres de la famille judiciaire qui ont été très actifs auprès de la junte pour des strapontins, seraient des complices potentiels ayant leur place au banc des accusés dans le procès d’assassinat des « bérets rouges ».


En effet, pour bon nombre d’observateurs, les jours de l’adepte de l’impunité à la tête du département de la justice sont comptés. S’il a réussi à faire passer une loi d’amnistie pour couvrir les crimes commis par ses alliés de la junte, dans la foulée des évènements du 22 Mars 2012, les mutations arbitraires à dessein et la loi d’entente nationale n’auront pas suffi pour soustraire des mailles de la justice Amadou Haya Sanogo et autres détenus pour de nouveaux crimes.
En tout cas, en dépit des promesses rassurantes, les accusés viennent d’être désillusionnés. Ils resteront encore en prison. En a ainsi décidé la Chambre criminelle de la Cour Suprême, le 16 Septembre 2019.
Aussitôt des langues se sont déliées pour donner des informations accablantes qui coupent le sommeil au sein de la famille judiciaire. Le ministre ne serait pas lui-même épargné, pour être largement redevable de la junte, au moment où il se trouvait en position de chômeur.
En outre, des magistrats leur sont aussi redevables et qui se seraient en retour engagés de garantir leur impunité. L’on se souvient encore de la présence de certains magistrats parmi eux, lors de leurs premières apparitions publiques à la télévision nationale, comme prêts à ravir la vedette, lesquels sont restés leurs alliés et conseillers jusqu’au moment de leur arrestation en novembre 2013.

Si certains magistrats faisaient le va et vient entre Bamako et le siège de la junte à Kati en toute tranquillité, d’autres y avaient élu domicile pour mieux profiter de leurs faveurs.
Des proches de la junte sont formels à dire, qu’en plus des promotions et des postes désirés, tous ceux-ci ont eu des parts très importantes dans les fonds publics que d’aucuns qualifient de dilapidés à ciel ouvert. L’on sait qu’après la prise effective du pouvoir par les éléments de la junte, toutes les recettes publiques étaient directement versées entre leurs mains à Kati en présence des magistrats qui les orientaient. Les mêmes sources soutiennent que toutes les personnes conduites à Kati ont été interrogées en présence au moins d’un magistrat.

Ces déballages qui risquent de mettre l’huile sur le feu, présagent des tournants dans l’affaire. Ils donnent raison à tous ces détracteurs de Malick Coulibaly qui jugent sa nomination de « trop suspecte et de vicieuse », du fait de ses affinités et des accointances avec la junte.
Il est évident que les fonds emportés au préjudice du peuple, de Mars 2012 jusqu’à l’installation du Professeur Dioncounda Traoré, par les membres de la junte, dont nul le connait le montant, auraient permis de financer d’autres programmes. Le trésor public souffre encore des séquelles de ce manque à gagner. Plutôt que de s’acharner avec une légèreté surprenante sur un leader paysan sur la base de simples dénonciations anonymes, ils estiment que le ministre aurait mieux fait de commencer sa lutte contre les détournements des deniers publics par des poursuites contre ceux-là qui se sont livrés à la dilapidation de fonds publics à ciel ouvert et en sa présence, faits non couverts par la loi d’amnistie. Quelle aberration que de soutenir que ce paysan a détourné plus de deux milliards pour le seul exercice de l’année 2019, alors qu’il n’aurait encore reçu que seulement un demi-milliard ? Que dire de la volatilisation de ces milliards au ministère des finances, dénoncée et soutenue en 2018 par le même procureur en personne ?
Pour des avocats de Haya et autres, il n’est pas juste que leurs clients soient seuls à un procès, qui est aussi celui du ministre de la justice et des magistrats véreux qui veulent se sauver en abandonnant à leur sort leurs bienfaiteurs.
En tout cas l’opinion publique a du mal à comprendre qu’aucun de ces derniers n’a été entendu dans cette procédure ou cité en dépit de l’insistance des avocats de la défense. Si des magistrats astreints à des obligations de réserve n’ont pas hésité à offrir leurs services aux membres de la junte pour des strapontins, ils doivent être à même d’éclairer la justice. Certains auraient même pourtant juré de périr là où ces militaires putschistes tomberaient. Aucune place ne devrait être faite ici au corporatisme ou la justice sélective.
Pour les défenseurs des droits humains, Malick est un adepte de l’impunité dont les raisons de la démission ont été travesties au sein de l’opinion publique.
Quant aux parties civiles et les parents des victimes, la nomination comme ministre de la justice d’un homme dont la place se trouve au banc des accusés, n’est pas rassurante.
Pour ceux-ci et bon nombre de leurs avocats, Malick serait venu au secours de Amadou Haya et de ses compagnons, comme il l’avait fait en 2012 en faisant passer une loi d’amnistie. Cette loi d’ailleurs condamnée par l’ensemble de la communauté internationale, a conduit les défenseurs des droits de l’homme à la conclusion que cet opportuniste pourrait être tout, sauf un défenseur des droits de l’Homme.
La décision de la Cour Suprême, saluée par les parents des victimes et leurs avocats, doit mettre l’Etat face à ses responsabilités d’organiser un procès digne de ce nom, dans les meilleurs délais. Pourrait-il y parvenir avec Malick Coulibaly à la tête de la Justice ? L’on sait que celui-ci a déjà pu redéployer ou maintenir ses inconditionnels, tous acquis à la cause de la junte, aux postes stratégiques de la justice.
Les impératifs de bonne gouvernance et de crédibilité de la justice malienne devraient emporter sur toutes autres considérations.
Affaire à suivre.
Mamadou DABO


Source: Le Zenith Bale
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