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Dernier round des pourparlers d’Alger : Une paix sans Justice est-elle possible ?

Dans deux jours débuteront le dernier round des pourparlers de paix inter maliens d’Alger à l’issue duquel sera amorcé le processus de stabilisation et de pacification du septentrion malien. Lors de cet ultime phase, le gouvernement devra user de tout son poids d’Etat souverain pour exiger que les auteurs des crimes graves commis sur le territoire nord malien soit poursuivis, fussent-ils, partie prenante des pourparlers et signataires du futur accord de paix. Autrement, l’installation de la paix sera plus que difficile et l’on assistera à une scène des plus étranges dans la partie nord de notre pays : la cohabitation des victimes et des bourreaux.

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Les différents belligérants des pourparlers essaieraient-ils de satisfaire à ce proverbe hébreu qui dit « mieux vaut une mauvaise paix qu’une vraie dispute »?

 

Dans la phase précédente, la médiation internationale avait soumis un document au gouvernement malien et aux groupes rebelles pour une résolution rapide et efficace de la crise du nord.  Ce dernier s’intitulait « Eléments pour un accord pour la paix et la réconciliation au Mali ».

A sa lecture, l’on se rend compte que ce document n’insiste pas assez sur le volet Justice même si tout un titre lui est dédié en plus de la réconciliation et des questions humanitaires.

 

Les victimes cherchent désespérément Justice

Un plan de sortie de crise en vue d’instaurer une paix durable et apaisée ne peut se faire sans rendre justice. Or, deux principales raisons nous poussent à penser que rendre justice en poursuivant les auteurs des graves crimes commis par les rebelles lors de l’occupation jihadiste tout en dédommageant les victimes, ne sera pas chose aisée. Encore faut-il qu’il y ait une volonté forte de la part de la médiation internationale mais surtout de l’Etat malien d’y parvenir.

 

La principale raison est le fait que les interlocuteurs directs du gouvernement dans les pourparlers de paix d’Alger font partie des personnes à poursuivre.

 

D’ailleurs, c’est là où réside la seule erreur de l’opération Serval. Alors que le désarmement du MNLA et sa constitution parfaite en un mouvement politique aurait dû être l’épilogue de la reconquête du territoire nord malien, les troupes françaises avaient alors refusé l’entrée de l’armée malienne à Kidal qui constituait et qui constitue toujours le Quartier général de la rébellion touarègue prétextant que nos soldats se livreraient à des massacres de peaux blanches (comble du paradoxe pour un pays qui se dit souverain et de surcroit sur son propre territoire). Résultat, le MNLA qui n’existait plus s’est refait une santé et nous voilà contraint de négocier avec des brigands qui ont pris les armes contre la République. Des brigands qui sont coupables du massacre d’une centaine de nos soldats à Aguelhock avec leurs alliés d’AQMI et qui ont commis toutes sortes d’exactions sur les populations locales du nord (viols, meurtres, saccages de biens publics,…).

De plus, bon nombre de jihadistes touaregs membre d’Ansar dine et d’autres groupuscules terroristes se sont refait une virginité en créant un nouvel groupe, le Haut Conseil de l’Unité de l’Azawad (HCUA).

Voici avec qui l’Etat malien est en train de négocier.  Comment donc, Justice peut être rendue ?

L’amnistie, une des principales clés de l’ultime phase des pourparlers

La deuxième raison à trait à la complexité même des crimes internationaux commis durant l’occupation islamiste. Partout où ses crimes ont été commis, l’action judiciaire qui consiste en la poursuite des présumés coupable et l’établissement des faits est difficile. Mais dans le cas malien, il est évident qu’un statut d’amnistie sera un des points essentiels de l’ultime phase des pourparlers de paix prévue pour le 20 novembre. L’Etat malien doit être ferme et n’octroyer aucune amnistie aux rebelles. Mais, s’il le fait, le seul espoir de justice qu’il restera aux victimes c’est celle internationale, notamment la CPI qui peut passer outre.

 

Dans le pré Accord, par rapport à cette question, les médiateurs se bornent à dire : « Réaffirmation du caractère imprescriptible des crimes contre l’humanité et engagement des parties à coopérer avec la Commission d’enquête internationale par elles convenues pour faire la lumière sur tous les crimes de guerre, les crimes contre l’Humanité, les crimes de génocide, les crimes sexuels, le trafic de drogue et les autres violations graves du Droit international, des Droits de l’homme et du Droit international humanitaire sur tout le territoire malien. »

 

A nos autorités d’être vigilant. Le prochain accord, au lieu d’être un accord de paix, ne doit pas être un accord de guerre. Car, il a beau prendre en compte tous les aspects, sécuritaire, militaire ou institutionnel, il ne sera qu’un accord de plus si les victimes n’auront pas le cœur apaisé. Et cela ne peut se faire que si les auteurs soient poursuivis, jugés et incriminés. Il est bien connu, qu’il n’ya pas de paix sans justice et qu’il n ya pas de justice sans paix. Les deux vont de pairs. La médiation internationale et surtout l’Etat malien ne doivent l’ignoré.

 

Ahmed M. Thiam

SOURCE: Inf@sept  du   17 nov 2014.
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