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Depuis le 22 septembre 1969 : Siriman Keïta et ses têtes de mouton sillonne les rues de Ségou

Quel est le Ségovien bon teint qui peut lever son doigt, depuis cinquante (50) ans, et qui n’a pas goulûment dévorer une tête de mouton, ou tout au moins des pattes de bœuf, chez Siriman Keïta ?

 

Au détour d’une rue, à côté d’un grin d’adultes, sur un espace évènementiel, à la sortie nocturne d’un spectacle ou d’un dancing, le visage de Siriman est familier à bien de générations ségoviennes.

«J’ai tout eu avec ce métier…»

Barbiches poivres sel, le natif de Nara, un jour de 1950, ventripotent, la tasse en aluminium toujours sur la tête, sillonne, voici cinquante (50) ans exactement, jour pour jour, les rues de Ségou avec un seul produit (des têtes de mouton bien dévorantes) dont il assure, aujourd’hui, en être fier: «J’ai tout eu avec ce métier: deux (02) femmes, treize (13) enfants, un terrain bâti que j’ai payé», soupire-t-il dans une conversation qui lui rappelle beaucoup de souvenirs, surtout les fêtes du 22 Septembre, où sa recette culinaire était prisée au bord du fleuve avec les courses de pirogue: «Quand je venais à Ségou, j’avais juste dix-neuf (19) ans (1969). Je quittais Nara pour l’aventure de Ségou. Je décidais de payer des têtes de mouton fraîches à l’abattoir frigorifique de Ségou, implanté à l’époque près de l’Hôtel Pied dans l’eau au Somonosso, à 50 FCFA l’unité et je les revendais à 100 FCFA une fois cuite…. Aujourd’hui, la crise économique en cause, j’ai vu passer toutes les tarifications, de 125 FCFA l’unité jusqu’à 4 000 FCFA l’unité aujourd’hui; du coup nos bénéfices se sont ressentis d’année en année. De nos jours, je vends une dizaine par jour pendant que j’en quadruplais les autres années…»

Cinquante (50) ans au service d’un métier qui semble lui laisser des séquelles, avec un marathon de 4 Km au moins tous les jours, Siriman qui révèle que des clients comme Babani Koné ou Yah Kouyaté lui en commandent des dizaines, de Ségou à Bamako, et qu’il convoie le produit personnellement par car, dans la capitale malienne, pour que ces stars en fassent un petit déjeuner de dimanche, Siriman donc, saura-t-il vraiment prendre sa retraite ?

Il y pense quotidiennement mais dit-il: «Quand je pense à mes clients avec lesquels je me suis familiarisé, je renonce…».

Parmi eux, il nous cite des célèbres personnalités comme Salia Daou, feu Sory Konandji, Karamako Kané, Ata Sylla, l’épouse de feu Bamadou Simaga, Papa Diop, etc. Et de nous confesser que le gouverneur de Ségou actuel n’hésite pas, comme il y a moins d’un mois, de prendre son véhicule pour aller, un dimanche, retirer sa tête de mouton bien cuite !

Siriman, une anecdote pour nous durant ce parcours d’un demi-siècle, à faire le même travail: «Oh, un jour, j’ai fait cuire mes têtes de mouton pour près de 75 000 FCFA de revenus; je prends la direction de la route bitumée en sortant de mon quartier, et voilà un charretier, comme on en connait vraiment à Ségou, à toute vitesse qui me heurte. Je sors indemne du choc mais la tasse de tête de mouton se renverse entièrement.

Le petit charretier est incapable de rembourser, le propriétaire de la charrette, un marabout non plus. Il en parle à l’Imam du quartier qui m’appelle, qui me remet 3 000 FCFA et me dit de le pardonner pour l’amour de Dieu. Je fais retourner l’argent au marabout et je m’en remets à Dieu…»

Moustaph MAIGA

Inter De Bamako

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