Qui sème le vent récoltera inexorablement la tempête, a –t-on coutume de dire. Le Dr Choguel Kokalla Maiga a été nommé comme Premier Ministre, le 7 juin 2021 après la prestation de serment du Colonel Assimi Goita comme Président de la transition devant la Cour Suprême, pour rassembler les maliens en général et la classe politique, en lambeaux après la chute du régime IBK, en particulier. Cette tâche loin d’être immense pour lui, car ayant collaboré avec tous les régimes, excepté ceux de Modibo Keita et d’Alpha Oumar Konaré, Le PM avait un autre agenda différent de celui du Mali. Celui de prendre sa revanche sur l’histoire en rendant la monnaie à ce qu’il considère être les bourreaux du régime du Général Moussa Traoré, à savoir le Mouvement démocratique. Choguel K Maiga a voulu mettre en œuvre son dessein machiavélique, celui de détruire la démocratie. Qui ne se rappelle pas de son réquisitoire sans concessions contre le régime Alpha Oumar Konaré, en le qualifiant d’être celui qui a détruit et l’armée et l’école. Est-ce le rôle d’un PM de transition de faire le procès d’un régime, alors que sa mission était de rassembler d’abord et avant tout la classe politique ? Et pourtant le célébrissime et populiste PM de la transition s’était assigné une autre mission, celle de démolir la démocratie chèrement acquise au prix d’énormes sacrifices. Puis que Dieu ne dort pas et comme pour paraphraser le célèbre comédien ivoirien l’ambassadeur Agalawal, il y a un Dieu pour les victimes aussi, ce Dieu est en train de rendre justice, en préservant les précieux acquis démocratiques.
Le Président de la transition va-t-il cette fois-ci faire le bon choix en nommant un PM qui pourra parachever l’interminable transition ?
La balle est désormais dans le camp du Président de la transition, le colonel Assimi Goita. Il a une occasion idoine de se rapprocher de la classe politique en l’impliquant non seulement dans le choix du futur premier ministre, mais aussi et surtout en faisant le choix rationnel, pour nommer un PM rassembleur, moins clivant et qui a une connaissance approfondie des réalités socioculturelles voir politiques du Mali. En effet, pour trouver cette denrée rare au Mali, il faut aller fouiller parmi les anciens PM ou des leaders de la société civile. La chancelante et interminable transition du Mali a besoin d’un nouveau souffle, d’une nouvelle dynamique avec un nouveau cap permettant au Mali de signer son retour dans le giron des nations démocratiques. L’exceptionnelle situation a trop perduré avec ses conséquences incommensurables tant sur le plan socio-sécuritaire que politique. Le Mali a fortement besoin d’une nouvelle équipe gouvernementale avec comme unique mission, chercher à sortir de la transition avec la tenue des élections afin que le Mali puisse revenir à l’ordre constitutionnel normal.
Qui pour remplacer le clivant Premier Ministre ?
Celui qui doit remplacer Dr Choguel K Maiga doit être son contraire, à savoir moins clivant, capable de parler avec la classe politique, la société civile et avoir un leadership affirmé. Le nouveau Pm doit être un homme désintéressé, intègre, moins populiste et qui n’a qu’un seul agenda celui du Mali. Le futur PM doit avoir un carnet d’adresses bien fournis lui permettant d’ouvrir le Mali à tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux. Sa seule et unique mission serait de dégager un large consensus autour des objectifs de la transition, pour ensuite réunir les conditions pour la tenue d’élections inclusives, transparentes et démocratiques dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs. Le nouveau premier ministre doit avoir une grande hauteur de vue des priorités, ce qui suppose une grande expérience dans la gestion de l’Etat et que les valeurs d’intégrité morale sont de mises.
En somme, Contrairement au jugement d’une certaine opinion tendant à faire du PM Choguel K Maiga et du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, ceux qui ont contribué à l’émergence du Mali Koura, ces deux personnalités les plus expérimentées assumeront la lourde responsabilité d’avoir mis le pays dans une impasse. Car pour préserver leurs chapelles, ils n’ont pas hésité à isoler le Mali et à le mettre dos à dos avec la communauté internationale. Le jugement du tribunal de l’histoire sera implacable.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance