La lutte contre la corruption au Mali apparaît, de plus en plus, comme un mirage au regard de l’accumulation des dossiers ficelés par le bureau du vérificateur Général et qui dorment dans les tiroirs. Parmi ces rapports du BVG, un, en particulier, a retenu mon attention à cause de l’importance du montant incriminé (plus de 22,7 milliards CFA), et il concerne l’inspecteur des douanes Diaguely Diakité , alors Chef du Bureau des Produits Pétroliers au moment des faits.
Ce cadre véreux dont la gestion du BPP se caractérise par une conceptualisation de la corruption, du détournement et de la malversation financière dans le seul dessein d’en tirer le maximum de profit au détriment de l’Etat, occupe encore aujourd’hui un poste de responsabilité au sein de la douane,à savoir celui d’Adjoint au Directeur Régional de Bamako.
Cela est-il acceptable dans un pays qui veut réellement lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite?
Que dit le rapport ?
Selon le rapport du Vérificateur général, qui date de mars 2015, les dissimulations frauduleuses constatées dans l’importation des hydrocarbures en provenance du Sénégal, ont occasionné des pertes de recettes estimées,à plus de 22J milliards CFA, entre 2012 et 2013, période au cours de laquelle le Bureau des Produits Pétroliers (BPP) était dirigé par l’inspecteur Diaguely Diakité .
Considéré comme le plus gros pourvoyeur de la Douane, le Bureau des Produits Pétroliers a connu, au cours de cette période, les cas les plus emblématiques de corruption, de délinquance financière et de malversation de l’histoire de la douane malienne avec à la clé, des dissimulations frauduleuses d’hydrocarbures et des déclassements de produits ayant entrainé des pertes en recettes, estimées à plusieurs dizaines de milliards de nos francs.
En effet, entre 2012 et 2013, sous l’inspecteur Diaguely Diakité , les recettes du BPP variaient entre 6 et 7 milliards CFA par mois, soit environ 65 milliards CFA par an, ce qui est largement en deçà des objectifs de recettes, fixés au BPP par la direction générale des Douanes, à savoir 92 milliards CFA par an, selon le rapport du Vérificateur général.
A l’origine de ces pertes de recettes, il y a, non seulement, les dissimulations frauduleuses, mais aussi, les expéditions non déclarées d’hydrocarbures. A titre d’exemple mentionné dans le rapport, l’écart entre les importations de supercarburant signalées par le bureau malien des douanes de Dakar et celles enregistrées par le bureau frontalier des douanes de Diboli est de l’ordre de 60, soit l’équivalent de plus de 365 citernes de 50.000 litres, chacune.
Le rapport cite aussi la mauvaise gestion par Diaguely Diakité des cas de contentieux sur les chargements d’hydrocarbures ayant fait l’objet de fausses déclarations et qui ont entrainé une perte de recettes de 875,4 millions CFA au cours de la période. De plus, renchérit le rapport, Diaguely Diakité n’a pas procédé aux redressements conformément aux textes de la douane édictés en la matière. Et le rapport de conclure que la vérification du calcul des droits et taxes exigibles sur ces importations a dégagé des pertes de recettes au cours de la période d’un montant total de 4,5 milliards CFA.
Au total, ce sont ces différents actes indélicats et/ou de mauvaise gestion et bien d’autres encore, posés par Diaguely Diakité dans l’exercice de ses fonctions qui sont la cause de la perte pour l’état de plus de 22,7 milliards CFA entre 2012 et 2013.
Ces faits doivent ils rester impunis dans un pays comme le nôtre et dont les plus hautes autorités prétendent lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite?
Tout laisse à le croire, car on entend peu ou pas du tout parler de résolution et/ou de transmission de dossiers du BVG à la justice.
Le fait que le citoyen ne voit pas de résultats dans la lutte contre le phénomène, notamment à travers la remise à la justice de tous les dossiers de détournement, accroît le sentiment d’impunité. A cela s’ajoute les hésitations concernant certains dossiers de corruption marquant la faible volonté politique à les résoudre.
La société civile reste donc l’espoir pour combattre la corruption, en commençant par la dénonciation, malgré les barrières psychologiques bien réelles, car le malien rejette encore l’idée de la dénonciation de la corruption et cela demande un certain travail culturel important. Autrement, dénoncer n’est pas du zèle, mais plutôt une composante de la citoyenneté.
C’est dans la logique de cette citoyenneté et sur la base du rapport du BVG que j’interpelle solennellement:
1- Le Directeur Général des Douanes du Mali afin qu’il mette définitivement hors d’état de nuire des énergumènes comme DIAGUELY DIAKITE et tous ses semblables qui sont tapis dans les services des douanes du Mali ;
2- Le Président de l’Office Central de Lutte contre la Corruption et l’Enrichissement Illicite (OCLEI) afin qu’il enregistre la présente publication comme une dénonciation contre Diaguely Diakité conformément aux textes de sa structure en plus de l’existence du rapport du Vérificateur Général dont il peut se procurer une copie;
3- Toutes les autorités impliquées dans l’organisation des poursuites judiciaires afin qu’elles s’investissent pour récupérer les immenses sommes d’argent
perdues (pour l’instant) pour le trésor public par la faute de Diaguely Diakité , mais pas perdues pour tout le monde selon toute vraisemblance.
Les multiples grèves auxquelles le gouvernement fait face aujourd’hui pour l’amélioration des conditions de travail et d’existence des enseignants, du personnel de la santé et le paiement des salaires des cheminots entre autres, ne trouveront leur solution qu’à travers une lutte efficace contre la corruption et surtout la récupération des fonds détournés et dont les coupables sont désignés clairement dans les différents rapports du BVG.
Qu’est-ce que les plus hautes autorités attendent pour demander des comptes à Diaguely Diakité et consorts?
Dans la prochaine parution je vous donnerai plus de détails.
Boubacar COUMARE
Source: l’Indépendant