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Déclaration et appel des peuples de la CEDEAO à la sagesse africaine dans la gestion de la crise actuelle au MALI

À L’ATTENTION DU SOMMET DES CHEFS D’ÉTAT DE LA CEDEAO DU 30 MAI 2021 SUR LA SITUATION AU MALI

DE QUOI S’AGIT-IL ?

La sous-région ouest africaine connaît une préoccupation de taille depuis le 25 mai2021 où le Mali a vu la démission du Président de la Transition et de son Premier
Ministre.

La source de tous ces événements remonte à la crise multidimensionnelle de 2012, qui a installé le Mali dans un cycle de crises politiques, sécuritaires et institutionnelles
aigues. En effet, l’insurrection séparatiste s’est complexifiée en terrorisme violent et l’imposition d’une guerre asymétrique au Mali et à ses voisins. Depuis, le pays navigue
difficilement, à la recherche de la sécurité, de la paix, de la stabilité, de la démocratie et de l’Etat de droit.

Par l’Arrêt n°2021-02/CC/VACANCE DU 28 MAI 2021, La Cour Constitutionnelle du Mali a :

1.« Constaté la vacance de la Présidence de la Transition suite à la démission de Monsieur Bah N’Daw, Président de la Transition, Chef de l’État »
2. « Dit que le Vice-Président de la Transition exerce les fonctions, attributs et prérogatives de Président de la Transition pour conduire le processus de
Transition à son terme ».

Cette consécration juridique d’un fait politique a été acceptée, outre les condamnations de principe, par l’ensemble des acteurs majeurs de la scène sociopolitique du Mali, à
savoir les partis politiques, les syndicats, la société civile et même la « grande muette »qu’est l’armée dans tous ces corps d’armes. Les religieux ne sont pas en reste de cet
élan.

Les observateurs extérieurs du Mali, les démocrates africains et les populations africaines constatent, de par plusieurs sources probantes, l’existence d’une tendance
majoritaire des maliens à accepter les événements du 25 mai dernier, et à poursuivre la transition politique avec des organes transitoires en partie « renouvelés ». Les
oppositions notées contre la démission de M. Bah N’Daw, restent largement résiduelles et parcellaires.

Reconnaissant la responsabilité de la CEDEAO à connaitre des affaires touchant à la paix et à la sécurité dans notre espace commun,

Prenant en compte la forte implication de la CEDEAO dans tout le processus de résolution de la crise au Mali depuis les évènements d’Août 2020, qui a conduit à l’adoption de la Charte de la Transition et à la constitution des organes de la Transition,

Les acteurs citoyens de la CEDEAO lancent une alerte aux Chefs d’Etats des pays membres de la CEDEAO, dans le cadre de leur Sommet du dimanche 30 mai 2021 à
Accra, sur la nécessité d’apporter un traitement équilibré et réaliste à la situation malienne, en considérant les arguments suivants :

-La gouvernance politique et les développements liés au pouvoir d’Etat sont une affaire interne de la République du Mali et du Peuple malien, en tout premier lieu. Il est fondamental de reconnaitre la souveraineté des maliens à décider de qui dirige leur Etat et leurs institutions. Les interventions des autres Etats et des institutions auxquelles le Mali est partie, ne devraient, en aucun cas, entraver la bonne marche du Mali vers la démocratie et l’Etat de droit, dans la Paix et la Sécurité, pour le Bien-être de ses citoyens et de toute les populations qui vivent sur son sol.

-Le péril sécuritaire dans lequel se trouve plongé toute la sous-région et dont le Mali est la première ligne de front, exige un traitement des turbulences sociopolitiques
au Mali, qui n’aggrave pas la capacité du Mali à faire face aux groupes armés irrédentistes qui occupent une partie de son territoire et menacent aujourd’hui tout l’espace CEDEAO, en l’absence d’une réponse appropriée à cette menace. Toute sanction, de nature politique, diplomatique ou économique contre le Mali fragiliserait davantage ce pays.

– La CEDEAO, dans son ensemble, fait face à d’importants défis qui représentent des priorités pour ses populations et qui mériteraient de connaitre plus l’intérêt et l’engagement des Chefs d’Etat. En tête de ses priorités :

o Une réponse globale urgente et définitive à l’insécurité et à la fragilité du Sahel qui durent depuis plusieurs décennies ;

o La pauvreté chronique des populations, servant de sources et de causes à tous les dysfonctionnements des Etats de l’ensemble des pays de notre espace commun. Rappelons que cet espace comprend les pays les plus pauvres de la planète, selon des classements persistants. Et cela nous est renvoyé quotidiennement comme une preuve des insuffisances de la gouvernance de nos États ;

o L’affaissement économique progressif des Etats de la CEDEAO est devenu une préoccupation mondiale matérialisée par la décision du G20 de trouver des ressources exceptionnelles aux pays africains, en particulier sub-sahariens, afin « d’éviter le décrochage économique de l’Afrique ». Les besoins de financement des économies africaines s’élèvent à 425 milliards de dollars pour la période 2021-2025, et les 33 milliards de dollars qui seront disponibilisés par les DTS du FMI sont très loin de suffire à inverser la tendance, en considération précisément des incapacités des Etats africains à se sortir eux-mêmes de l’ornière, par des politiques assumées dans l’intérêt des populations.

-Au plan international, il est aisé de constaté l’indication forte donnée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, exprimée par sa condamnation de principe des événements du 25 mai (Conseil de sécurité du mercredi 26 mai 2021), conformément au cadre juridique de préservation de la paix, et de prévention et de résolution des crises attentatoires à la paix et à la sécurité, sans toutefois adopter de sanctions pouvant aggraver la situation déjà difficile du Mali et du Sahel.
Le Conseil de Sécurité a bien compris que la situation actuelle que vit le Mali ces derniers jours, n’est d’autre qu’une composante d’une crise plus vaste, plus profonde et qui ne peut se résoudre par des sanctions à l’endroit d’un pays qui peine déjà à retrouver la paix sociale.

NOTRE APPEL

Au regard de toutes les considérations ci-dessus évoquées, il apparait primordial pour nous, citoyens de l’espace CEDEAO, décidés à nous impliquer davantage dans la gouvernance de nos affaires, interpellons les Chefs d’Etats, à développer une appréciation pragmatique de la situation malienne. Prioritairement, à privilégier la volonté et l’intérêt du peuple malien sur les autres considérations.

Aussi, nous lançons un vibrant appel au Sommet des Chefs d’Etats d’Accra, du 30 mai 2021 à :

-Avoir en tête, les raisons et soucis qui ont prévalu à leur prise de position quant au changement violent intervenu au Tchad et qui sont les mêmes, si ce n’est
en pire, pour le Mali ;

-Prendre acte de la nécessité de poursuivre la Transition politique, conformément à la volonté du Peuple malien ;
– Renforcer l’accompagnement du Mali dans les secteurs sécuritaire, budgétaire et politique, afin de sortir dans les meilleurs délais, de la zone de turbulence ;
– Respecter les objectifs originels de la CEDEAO qui sont de préserver la paix et la sécurité dans notre espace commun, de promouvoir l’intégration régionale et de parvenir à la CEDEAO des peuples dont l’horizon était 2020, mais qui est largement dépassée, alors que la CEDEAO chemine vers son cinquantenaire ;
– S’abstenir de toute sanction contre le Mali, qui ne ferait qu’aggraver une situation sociopolitique et économique déjà fragile.

Nous tenons à rappeler aux chefs d’État, cette tradition africaine qui nous enseigne l’obligation morale de soutenir du mieux qu’on peut son voisin, lorsque celui-ci traverse
des difficultés.

Appel initié par deux (2) citoyens de la CEDEAO :
1. Aly MANA
2. Siaka COULIBALY

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