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Déclaration de politique générale des gouvernements (1992 – 2018) Quand les PM évoquent les contextes sociopolitiques du Mali

Nommé le 8 juin 1992 par le président Alpha Oumar Konaré, le Premier ministre de la 3ème République inaugure le 30 juillet suivant l’épreuve de passage du chef de Gouvernement à l’Assemblée nationale.

Il y présente le « Programme d’action » de l’attelage qu’il dirige. Le Parlement est présidé par le Pr Ali Nouhoum Diallo qui a occupé le Perchoir pendant deux législatures (1992-2002). En introduction de « Discours-Programme » le PM Younoussi Touré déclare : « Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les députés. En m’adressant à vous en cette solennelle occasion, mes premières pensées vont à ces jeunes, à ces femmes et hommes très nombreux, qui ont accepté de lutter pour l’avènement de la démocratie au Mali. […] Pour la première fois dans l’histoire récente de notre pays, siège un Parlement véritablement démocratique parce qu’issu d’élections libres et pluralistes qui ont vu s’affronter plusieurs courants d’opinions, plusieurs projets de société, dans une atmosphère de réelle démocratie qui nous a valu l’estime de la communauté internationale. […] Le président de la République, en me confiant la charge de conduire le premier gouvernement de la 3ème République, m’a invité à inscrire toutes les actions de celui-ci dans le sens de l’amour le plus élevé de la patrie. J’ai l’honneur de vous présenter les grandes orientations de l’action gouvernementale pour la période à venir.[…] Les objectifs sont ambitieux. Nous avons la volonté de les réaliser […] Mais les défis sont multiples et complexes. Nous devons cependant nous atteler à les relever.

Tous ensemble […] Le gouvernement que j’ai l’honneur de diriger sollicite votre appui pour la conduite de la politique que je viens d’exposer […] »  Après débats, son texte est adopté le lendemain 31 juillet par 104 voix « pour » et 9 abstentions.

 

2 Me Abdoulaye Sékou Sow :

Nommé le 12 avril 1993 par le président Alpha Oumar Konaré, il remplace Younoussi Touré démissionnaire suite aux émeutes estudiantines du 5 avril précédent.

Abdoulaye Sékou Sow

Ce 2ème PM s’est retrouvé le 10 mai suivant devant les députés pour leur présenter sa DPG. Me Sow s’est introduit en ces termes : « Monsieur le président de l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les députés. Il y a à peine dix mois, à cette même place et devant l’auguste Assemblée que vous avez le grand honneur de constituer, s’inaugurait une nouvelle pratique politique de la pure tradition républicaine, celle, pour le Premier ministre, de soumettre à la caution des élus du peuple, les grands axes de la Politique de la Nation que la Constitution lui confie le redoutable devoir de déterminer et de conduire. A mon prédécesseur Younoussi Touré, vous aviez alors accordé votre confiance pour l’exécution d’un Programme vaste et ambitieux dans lequel il avait eu le mérite de cerner les préoccupations essentielles de notre pays. Qu’il me soit permis ici de lui rendre un hommage mérité. Lui succédant et, investi d’un mandat spécifique du président de la République, mon gouvernement aura pour mission de renforcer les acquis déjà réalisés et avec le concours de toutes les forces vives de la Nation, de relever les nouveaux défis qui entravent le développement de notre société […] Après les importants changements intervenus en Mars 1991 qui ont abouti à l’avènement de la démocratie pluraliste, notre pays a connu une série de troubles sociaux résultant le plus souvent de revendications corporatistes et catégorielles.

 

Le recours répété à la violence comme forme d’expression de ces revendications a eu pour conséquence de détériorer le climat social, celui des affaires et même parfois de menacer le cours normal de notre jeune démocratie. Il a cependant comporté une valeur pédagogique, celle d’avoir permis de révéler l’existence d’un malaise social profond qui tire son origine et toute sa complexité de l’état de misère réelle que vit notre peuple. Et c’est précisément vers l’élimination de cette misère c’est-à-dire vers l’amélioration des conditions et de cadre de vie des Maliennes et des Maliens, que seront tendus tous les efforts de la nouvelle équipe que j’ai l’honneur de diriger. […] » Cette DPG est adoptée le 13 mai 1993.

 

 3 -Ibrahim Boubacar Kéïta – IBK- (1) :

Nommé le 2 février 1994 par le président Alpha Oumar Konaré en remplacement de Me Abdoulaye Sékou Sow, lui-aussi démissionnaire à cause des troubles sociaux exacerbés par la dévaluation du Fcfa intervenue le 10 janvier précédent. IBK est passé deux fois devant les députés pour une présentation de DPG. La 1ère fois, c’était le 25 avril 1994 et la seconde fois, le 2 décembre 1997. A son premier passage, il a déclaré : « Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Mesdames, Messieurs les députés. « Les générations passent, les régimes se succèdent, les hommes changent, seuls les peuples  et les nations demeurent ». J’ai choisi d’accréditer cette formule universelle en m’adressant pour la première fois à la Nation malienne à travers votre auguste Assemblée, pour signifier les limites trop restreintes dans le temps, des dimensions personnelles de l’homme, pour marquer l’inanité des actions individuelles isolées et pour magnifier la grandeur du peuple dont nous sommes les serviteurs et auquel nous demeurerons éternellement redevables. […] Souscrivant à une pratique démocratique fort opportunément consacrée par notre Constitution que j’ai aujourd’hui l’honneur de soumettre à la sanction des élus du peuple que vous êtes, les grandes orientations de la Politique de la Nation […] Je tiens auparavant à rendre un vibrant hommage à mes aînés et prédécesseurs M. Younoussi Touré et Me Abdoulaye Sékou Sow qui, au lendemain de la formation de leurs équipes avaient eu le mérite de soumettre à votre illustre Institution […] une Déclaration de Politique générale dont les différents thèmes et axes, par la qualité et la pertinence de leur contenu, avaient à juste raison emporté votre adhésion et bénéficié de votre caution. Les objectifs définis dans leur Déclaration de Politique générale demeurent pour l’essentiel encore actuels et je m’engage à poursuivre leur mise en œuvre […] Le mandat assigné à mon gouvernement, comme du reste à ceux qui l’ont précédé, est de rechercher les voies et moyens adéquats pour traduire ces aspirations dans les faits. Il n’y aura donc pas de changement fondamental de politique ou d’orientation, mais simplement une variation de style et une redéfinition de l’échelle des priorités en raison des contingences nouvelles apparues dans la vie nationale […]» Cette DPG est adoptée le 28 avril 1994 par 71 voix  sur les 117 votants.

4- Ibrahim Boubacar Kéïta – IBK- (2) 

 

Reconduit à la Primature le 13 septembre 1997 suite à la réélection du président Konaré le 11 mai 1997, IBK présente pour la seconde fois une DPG exposée aux députés le 2 décembre suivant. A cette occasion, le 3ème PM du président Konaré fait l’introduction suivante : « Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Mesdames, Messieurs les députés […] Au terme d’un mandat bien rempli, le collège électoral a été convoqué les 20 juillet et 3 août 1997 aux fins d’élire les nouveaux députés à l’Assemblée nationale. Le peuple du Mali, en toute liberté et en toute lucidité, a débattu pendant de longues semaines et a tranché en toute connaissance de cause en vous désignant comme ses représentants, détenteurs du pouvoir de légiférer […] Par leur vote, les Maliennes et les Maliens ont exprimé un choix en donnant une majorité plus forte à la majorité sortante [Adema-Pasj]. Cette confiance renouvelée, loin d’être un blanc-seing nous commande diverses obligations : obligations d’honnêteté et de transparence, obligations de résultats et d’efficacité, obligations de dialogue continu et d’ouverture et enfin obligations de poursuite de la politique mise en œuvre pour le développement économique et social du pays. Toutefois, il faut le constater, la situation politique de notre pays reste soumise à des interrogations. A l’occasion des consultations électorales de cette année –présidentielle et législative- des divergences, des malentendus, voire des incompréhensions sont apparus au sein des acteurs de notre vie politique nationale. Avec persévérance et constance, sous la haute autorité de Monsieur le Président de la République, chef de l’Etat, le gouvernement a refusé et refuse d’insulter l’avenir, de compromettre par quelques biais que ce soit, les chances du dialogue, des retrouvailles de l’ensemble des démocrates de notre pays, enfin les chances de la réconciliation nationale, seule garante de la poursuite harmonieuse, soutenable et durable de nos efforts en vue de faire de ce pays, le Grand Mali, présent au monde dont rêvent toutes les Maliennes et tous les Maliens. C’est pourquoi, sans orgueil ni vanité hors de saison, tout dédiés à la mission et au projet, nous ne cesserons d’essayer de créer les conditions les plus propices au retour de la confiance et de l’estime entre tous les fils de notre pays, singulièrement entre les différents animateurs de notre vie politique nationale. Avec tous, nous devons poser les questions aujourd’hui incontournables : -Quel type de démocratie souhaitons-nous pour ce pays ?  -Comment faire pour parvenir à une vie politique digne de l’attente de notre peuple, parce que seule conforme à nos valeurs de civilisation, lesquelles privilégient le respect de soi et des autres ; la tolérance ; le dialogue ? C’est de tout cela que nous avons été conviés par le chef de l’Etat lorsqu’il nous a renouvelé sa confiance pour former un gouvernement de large ouverture politique […] » Cette DPG est adoptée le 5 décembre 1997 par les 131 députés votants.

 5-Mandé Sidibé :

L’ancien Premier ministre Mandé Sidibé (2000-2002) est décédé à Paris le 25 aout 2009

Nommé le 15 février 2000, le 4ème PM du président Alpha Oumar Konaré remplace IBK après plusieurs mois de bras de fer entre le président Konaré et une frange importante de la direction de l’Adema-Pasj favorable au maintien du président du Parti et qui est en poste à la Primature depuis février 1994, ce qui le prédispose à être le « candidat naturel » du parti à la présidentielle de 2002. Tel n’était pas l’avis du président Konaré qui a plutôt décidé de se choisir un nouveau chef de gouvernement. C’est un économiste-banquier, considéré comme un militant Adema effacé, qui s’est soumis au « Grand oral » de la DPG en se présentant devant le Parlement le 6 mai suivant. Deux jours plus tard, la majorité Adema dont des soutiens à IBK ont adopté le document présenté M. Sidibé. Celui-ci y déclare : « Monsieur le Président, Honorables députés, dans l’introduction du Programme pour le second quinquennat 1997-2002 [du président Konaré] intitulé « Poursuivons ensemble », on peut noter « […] L’objectif premier et ultime de nos actions aux plans politique, économique et social est et demeure le bien-être de nos concitoyens. Notre motivation première reste la satisfaction des besoins fondamentaux de nos concitoyens à savoir, la sécurité alimentaire, le droit à l’éducation, à la santé, à l’emploi, à un habitat décent et enfin à la culture. Il s’agit aussi de mener une lutte implacable contre la pauvreté et l’exclusion. C’est pourquoi, pour le second quinquennat, l’Adema propose un Programme d’action dont les priorités seront l’ancrage de la démocratie et la réalisation d’un taux de croissance économique plus élevé que par le passé avec des effets bénéfiques et durables sur l’emploi, les revenus et les principaux indicateurs sociaux de développement ». Monsieur le Président, ces objectifs ainsi que ceux du Programme Minimum de Gouvernement demeurent pertinents. Par conséquent, les actions que mon Gouvernement se propose de mettre en œuvre et qui se fondent sur les orientations données par le président de la République, loin de remettre en cause ce programme à moyen terme, visent plutôt à en préserver et consolider les acquis, à opérer les inflexions nécessaires pour prendre en compte l’évolution de la situation politique, économique et sociale, ainsi que la conjoncture et les perspectives qui s’offrent au Mali dans un monde en mutation profond et rapide. […] » Cette DPG est adoptée, le 9 mai 2000, par 129 voix ‘’pour’’, zéro contre et 7 abstentions.

 6- Modibo Kéïta :

Nommé le 18 mars 2002, il est le 5ème et dernier Premier ministre du président Alpha Oumar Konaré au terme de son second et dernier mandat quinquennal. Le 5 avril suivant, il a présenté à l’Assemblée nationale la DPG de son Gouvernement.

Le premier ministre Modibo KEITA

Ce document a la particularité d’être le plus court jusque-là exposé devant les députés. La concision du texte est liée au fait que la prestation du PM  est faite à moins de trois semaines de l’élection présidentielle du 28 avril à venir.  Après y avoir souligné que « nous avons choisi d’inscrire notre action dans le sens de la poursuite du programme qui a mobilisé les énergies du Gouvernement précédent », Modibo Kéïta a opportunément souligné les contraintes temporaires en indiquant que « les impératifs de temps, la nécessité de poser des actes concrets susceptibles d’être mesurés, évalués nous inclinent, au nom du réalisme[…] à limiter les axes de nos interventions, s’agissant de la poursuite des efforts déjà entamés. […] Monsieur le Président, comme vous le savez, un certain nombre de missions m’ont été expressément assignées. […] Il s’agit : 1°) d’organiser dans les conditions de transparence et de sérénité les prochaines consultations électorales […] ; 2°) de maintenir les relations de confiance avec les partenaires sociaux […] ; 3°) de poursuivre les programmes de réforme économique […] ; 4°) de veiller à l’assainissement et à la maitrise de la gestion des ressources publiques : humaines,, matérielles et financières ; 5°) de veiller à la préservation des acquis de l’organisation de la CAN [Coupe d’Afrique des Nations de football dont l’édition 2002 a été organisée par le Mali en janvier – février] ; 6°) de mettre en place le cadre d’appropriation du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad) par l’administration, la classe politique et la société civile ; 7°) de faire le point des actions engagées dans les secteurs clés de la vie publique, notamment dans le domaine du développement social, de la croissance économique et de la décentralisation. Ces missions spécifiques assignées à notre équipe s’articulent parfaitement au Programme exécuté par mon prédécesseur et un examen rapide permet de se rendre compte que celles-ci ne sont que le renforcement, la consolidation de celui-là […] » Cette DPG est adoptée, le 8 avril 2002, à l’unanimité de 91 députés votants.

 7-Ahmed Mohamed Ag Hamani :

Mohamed Ag Hamani

Nommé d’abord le 9 juin 2002 pour diriger un « gouvernement de mission », il est le 1er PM du président ATT (Général à la retraite) qui vient de revenir au pouvoir par la voie des urnes après son passage à la tête du pays suite au coup d’Etat du 26 mars 1991. Cet ingénieur planificateur, plusieurs fois ministre sous le président Moussa Traoré, est ensuite reconduit à la Primature en octobre 2002 suite aux élections législatives. Il a par la suite présenté, le 17 décembre suivant, la DPG de son gouvernement à l’Assemblée nationale nouvellement présidée par IBK. Dans son introduction, le PM Ahmed Mohamed Ag Hamani a tenu à «rendre un hommage mérité à tous [ses] illustres prédécesseurs qui, dans cette haute fonction de chef de gouvernement, ont servi le pays avec le dévouement et l’abnégation qui caractérisent les patriotes et citoyens modèles qu’ils ont été au service de leur pays. L’occasion est opportune pour remercier sincèrement Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, président de la République, de sa confiance renouvelée et pour confirmer combien je partage sa vision pour le Mali. […] Le 23 octobre dernier, dans la Lettre de cadrage de l’action gouvernementale adressée au Premier ministre, le président de la République déclarait : « […] Il me parait nécessaire de préciser l’assise et les repères essentiels de la mission qui vous est confiée. Elle s’inscrit dans la réalisation de la vision que j’ai proposée à nos compatriotes et que je crois partagée par l’ensemble de la classe politique. Assurer le bien-être de toutes les Maliennes et de tous les Maliens et faire du Mali un modèle de bonne gouvernance, telle est mon ambition pendant ce mandat, que le gouvernement a la charge de traduire concrètement. En veillant à ce que toute notre politique soit centrée sur l’Homme, je retiens dans la hiérarchie des priorités : l’emploi, l’école, la santé et l’amélioration du pouvoir d’achat de nos populations ».  Monsieur le Président, l’action que le Gouvernement se propose de conduire, si votre auguste Assemblée lui accorde sa confiance, sera fondée sur ces orientations du président de la République […] La définition des politiques et stratégies que nous entendons mettre en œuvre dans ce cadre sera fondée sur le bilan des dix ans de démocratie, la situation actuelle de notre pays et l’environnement international. »  Cette DPG est adoptée le 20 décembre 2002 par 131 députés votants.

 8-Ousmane Issoufi Maïga :

 Nommé le 29 avril 2004, le 2ème PM du président ATT a subi l’épreuve de la DPG le 10 juin suivant.

Ousmane Issoufi Maïga dit PINOCHET

S’adressant aux députés, il affirme : « Par la présente Déclaration de politique générale qu’il a aujourd’hui l’insigne honneur de soumettre à votre appréciation, le Gouvernement se propose d’indiquer les actions qu’il entend mettre en œuvre pour faire face aux multiples priorités de notre pays dont chacune constitue un défi majeur à relever. Pour ce faire, il établira une nouvelle échelle tenant compte de l’urgence et de l’acuité des besoins ressentis et des possibilités de mobilisation de ressources qui s’offrent à notre pays aussi bien au plan interne qu’au plan international. Il tiendra également le plus grand compte du contexte national et international marqué par la persistance de certains écueils majeurs sur lesquels, hélas, notre emprise n’est que très limitée, voire inexistante. C’est le cas des aléas climatiques, des prix de nos principaux produits d’exportation. C’est également le cas de la crise ivoirienne qui impose chaque jour de lourdes contraintes à notre économie. Le Gouvernement conduira une série d’actions à court, moyen et long termes avec la même rigueur et la même énergie. Le Gouvernement mettra tout en œuvre, avec le concours de la classe politique et de l’ensemble de ses partenaires, pour redynamiser la vie politique, économique, sociale et culturelle de notre pays, et ce conformément aux orientations données par le Président de la République dans sa Lettre de cadrage en octobre 2002 et réactualisée en mai 2004, en n’ayant en vue qu’un seul objectif : Assurer le bien-être de toutes les Maliennes et de tous les Maliens et faire du Mali un modèle de bonne gouvernance. Le Gouvernement mesure à sa juste dimension l’ampleur de la mission à lui assignée par le président de la République dans la Lettre de cadrage [….] » Cette DPG est adoptée le 12 juin 2004 par les 138 députés votants.

 

9-Modibo Sidibé :

Modibo Sidibé

Nommé le 28 septembre 2007 par le président ATT réélu le 27 avril précédent, celui qui était ministre – Secrétaire général de la Présidence de la République (2002-2007) accède ainsi à la plus haute marche de l’administration d’Etat. L’Officier supérieur de la Police se trouve dans les rouages gouvernementaux depuis décembre 1991 (alors directeur de Cabinet du chef de l’Etat, le Lieutenant-colonel ATT, président du Ctsp, organe dirigeant de la Transition démocratique). Devenu PM, il présente, le 17 décembre 2007, la DPG du Gouvernement devant l’Assemblée nationale désormais présidée par le Pr Dioncounda Traoré à l’issue des législatives de juillet-août 2007. Le 3ème PM du président ATT s’adresse aux députés en ces termes : « […] Qu’il me soit permis de saisir cette solennelle circonstance pour renouveler à Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, président de la République, l’expression de ma très profonde gratitude. Je voudrais, ici, devant la Représentation Nationale, lui réaffirmer mon ferme engagement ainsi que celui du Gouvernement à accomplir la mission principale qu’il nous a confiée, celle de mettre en œuvre le Projet de développement économique et social [Pdes]. Honorables députés […] Je voudrais rappeler que les orientations et instructions du président de la République au Gouvernement fixées dans la Lettre de cadrage qu’il m’a adressée le 13 novembre 2007, résultent du Projet de développement économique et social, sur la base duquel les Maliennes et les Maliens l’ont élu à une très large majorité. Ceci, dans la continuité de son premier mandat qui a enregistré des progrès remarquables dans tous les domaines, fruit de l’effort et des sacrifices de toutes les Maliennes et de tous les Maliens […] Ces résultats encourageants ne nous dispensent pas d’un examen lucide des forces et faiblesses de notre processus de développement. En effet, il reste indéniable que les attentes des populations pour un accès à un mieux-être demeurent fortes et nécessitent une impulsion volontariste de notre dynamique de croissance et de développement. C’est en réponse à cette préoccupation que le président de la République a proposé le Projet de développement économique et social (Pdes) 2007-2012, qui n’est ni un programme de plus, ni un programme à part : il tire sa substance du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (Cslp), dont l’horizon actuel est de 18 ans (Prospective Mali 2025) et est en harmonie avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd). Le Pdes est l’expression de la volonté et de l’engagement politique d’opérationnaliser notre Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté. Il fait des choix politiques judicieux susceptibles d’accélérer le décollage de notre économie. En effet, notre ambition va au-delà de la réduction de la pauvreté. Il s’agit par des choix pertinents de forger le destin du Mali et d’en faire un pays émergent […] »  Cette DPG est adoptée le 17 décembre 2007 par 120 voix ‘’pour’’ et 20 voix contre.

 

10-Mme Cissé Mariam Khaidama Sidibé :

Nommée le 3 avril 2011 par le président ATT, elle est la 1ère et seule femme désignée Premier ministre au Mali. Elle est également le dernier chef

du gouvernement sous le président ATT dont le second et dernier mandat quinquennal fut écourté par le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012.

Mme CISSE Mariam Kaïdama Sidibé

Auparavant, le 24 juin 2011, Mme le PM avait présenté à l’Assemblée nationale la DPG de son gouvernement. A l’entame de ses propos, elle tient à «saisir ces instants solennels pour renouveler à Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, président de la République, chef de l’Etat, l’expression de [sa] profonde reconnaissance. En effet, c’est la première fois dans l’histoire de notre pays qu’une femme, à travers ma modeste personne, est promue au poste de Premier ministre. Je mesure toute la portée de cette responsabilité historique et m’engage à faire honneur à notre peuple, et particulièrement à l’ensemble des femmes du Mali […] Le président de la République, dans la Lettre de mission du 3 mai 2011 qu’il nous a adressée, a assigné au gouvernement les objectifs clairs ci-après : Poursuivre la mise en œuvre de la Lettre de cadrage du 13 novembre 2007 largement inspirée du Pdes à travers notamment l’exécution et le prolongement des chantiers déjà ouverts dans les domaines de l’agriculture, la santé, l’eau, l’énergie, le désenclavement et la sécurité ; Réaliser les réformes politiques ; Organiser des élections présidentielle et législatives libres, transparentes et crédibles ; […] » Cette DPG est adoptée le 27 juin 2011 à l’unanimité des 140 députés votants.

 

11-Diango Cissoko :

Le chef du gouvernement malien, Django Cissoko, le 18 février 2013. REUTERS / Eric Vidal

Nommé le 11 décembre 2012 en remplacement du Dr Cheick Modibo Kéïta débarqué manu militari de la barque primatoriale, le second chef du gouvernement de la Transition dirigée par le président Dioncounda Traoré a présenté, le 30 janvier 2013, une « Feuille de route » de l’action gouvernementale. A l’Assemblée nationale présidée par Younoussi Touré, il explique le contexte et décline ses éléments en ces termes : « Le Mali travers depuis le 17 janvier 2012 la plus grave crise de son existence, marquée par des attaques puis l’occupation des 2/3 de son territoire par des groupes terroriste (Aqmi, Mujao, Mnla, Ançar Eddine, Boko Haram…). Ces événements, survenus dans un contexte de grande incertitude sur la tenue des élections de 2012, de mal gouvernance, caractérisé par la corruption, le népotisme et l’impunité, ont conduit à la mutinerie des 21 et 22 mars 2012 qui, à son tour, a engendré une rupture de l’ordre constitutionnel. Sous la pression de la Communauté nationale et internationale et suite à la médiation de la Cedeao, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (Cnrdre) s’est engagé, le 1eravril 2012, à travers une déclaration solennelle, à rétablir l’ordre constitutionnel. La mise en œuvre de cette déclaration solennelle a fait l’objet de l’Accord-cadre du 6 avril 2012 qui prévoit, entre autres, la mise en place des organes de la Transition. Ainsi, le Président de la république par intérim et le gouvernement d’union nationale ont notamment été investis d missions spécifiques à réaliser au cours de la période transitoire. La présente Feuille de route, qui sert de cadre de référence de l’action gouvernementale, définit les orientations stratégiques et les priorités du gouvernement de la République du Mali durant cette période de transition politique. Le document a été élaboré par le gouvernement à l’issue d’un processus participatif de concertation des forces vives de la nation malienne, y compris notamment les regroupements politiques et les organisations de la société civile […] Les éléments de la Feuille de route du gouvernement découlent de la mission assignée au Gouvernement de Transition par l’Accord-cadre du 6 avril 2012, à savoir : 1- le rétablissement de l’intégrité territoriale du pays par la reconquête du Nord ; 2- l’organisation d’élections générales transparentes et crédibles. Ils concernent en outre les défis ci-après auxquels le gouvernement doit faire face […] »  Le même jour de sa présentation, cette « Feuille de route » est adoptée à l’unanimité des 139 députés présents.

 12-Moussa Mara :

Nommé le 5 avril 2014, il l

e 2ème PM du président IBK qui l’a désigné le même jour de la démission de Oumar Tatam Ly qui n’a pas présenté de DPG.

A contrario, le 2ème  PM du président IBK a exposé la DPG de son gouvernement présentée, le 29 avril 2014, à l’Assemblée nationale présidée par Issiaka Sidibé, M. Mara indique : « Monsieur le Président, Honorables députés, je voudrais vous remercier très sincèrement pour avoir accepté de répondre favorablement à notre souhait de présenter rapidement la Déclaration de politique générale de notre gouvernement pour marquer symboliquement le démarrage de l’activité gouvernementale en phase avec la mise en place du Parlement, conformément à notre Loi fondamentale. Qu’il me soit permis ici d’exprimer toute ma gratitude à Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, président de la République, pour la confiance qu’il a bien voulu témoigner en ma personne pour conduire l’action gouvernementale en cette période particulière de notre histoire […]J’insiste encore une fois sur l’honneur et la fierté que j’éprouve à venir devant votre auguste Assemblée présenter au nom du gouvernement la Déclaration de politique générale devant conduire le Mali à sortir de la crise et à croire de nouveau en son destin. La politique qui va effacer des yeux et des mémoires de nos compatriotes les affres de la honte, de la peur, du désespoir, de l’inquiétude sur l’avenir du pays. La politique qui va redonner à notre pays sa dignité et sa fierté. La politique qui va rendre les Maliennes et les Maliens heureux. En me présentant devant vous, honorables députés, pour détailler les actions que nous entendons mener dans les mois et années à venir, je mesure le poids de l’Histoire, qui fait de cet instant, première Déclaration de politique générale d’après crise, l’une des étapes majeures de la restauration de la démocratie malienne et du redressement du pays, après les élections générales réussies de l’année dernière qui ont vu son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, bénéficier de la confiance de nos compatriotes, confiance confirmée par une majorité confortable à l’Assemblée Nationale [ …] L‘action publique que nous entendons conduire sera orientée par une vision, soutenue par des objectifs clairs et basée sur des initiatives précises dans le cadre du Projet présidentiel, choisi par une majorité des Maliens […]» Cette DPG est adoptée le 2 mai 2014 par 121 voix « pour » et 22 contre.

 13-Modibo Kéïta :

Nommé le 8 janvier 2015 par le président IBK, cet expérimenté Professeur d’enseignement supérieur à la retraite signe ainsi retour à la tête de l’équipe ministérielle après l’expérience de mars – juin 2002.

Le premier ministre Modibo Keita

Lors de son 2ème passage au Parlement, le 8 juin 2015, pour la DPG du Gouvernement, Modibo Kéïta a tenu tout d’abord à rendre un hommage aux Elus de la Nation qui   ont « choisi de porter la voix du Mali au-delà de ses frontières. Monsieur le Président, Honorables députés, vous vous êtes remarquablement acquittés de cette mission dans des conditions souvent difficiles, dans la tempête et la tourmente de la crise sociopolitique et sécuritaire qui a ébranlé et traumatisé nos braves populations, elles qui ont payé un lourd tribut à la violence et à l’intolérance, souvent allant jusqu’au sacrifice suprême. Pour toutes ces victimes, pour toutes les victimes maliennes et non maliennes, tombées partout sur notre sol national, nous avons une pensée pieuse […] C’est aussi le lieu pour moi de réitérer toute ma gratitude à toutes celles et à tous ceux qui œuvrent avec esprit de suite et parfois dans l’anonymat, au retour de la paix dans notre pays. J’exprime par la même occasion, ma profonde reconnaissance aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, pour leur soutien multiforme dans la recherche de solutions durables à la crise que traverse notre pays. […] Dans un contexte de sortie de crise multidimensionnelle où les attentes sont toujours fortes, le temps n’est pas le meilleur allié et la hiérarchisation des besoins s’impose. C’est dans cet esprit que nous avons choisi de bâtir la présente Déclaration de Politique Générale autour de trois (3) axes visant à : assurer la sécurité des personnes et la protection de leurs biens dans un environnement de paix ; améliorer les conditions de vie et d’existence ; promouvoir la justice et l’équité. Le socle sur lequel er fonde la présente Déclaration de Politique Générale demeure le Projet de société et la vision déclinée par le président de la République, en ce qui concerne le développement économique, social et culturel de notre pays ainsi que le Programme d’Actions du Gouvernement 2013-2018 [présenté à la Presse début décembre 2013 par le Premier ministre Oumar Tatam Ly]. C’est pour vous dire, Monsieur le Président, Honorables députés, que nous avons la volonté de nous fonder sur l’existant et d’inscrire notre action dans le cadre de la continuité de l’Etat […] » Cette DPG est adoptée le 10 juin 2015 par 110 voix « pour » et 21 contre.

 14- Abdoulaye Idrissa Maïga :

 

Abdoulaye Idrissa Maïga

 

Nommé le 8 avril 2017 par le Président IBK, il est le 1er et le seul PM cadre du Rpm (parti présidentiel) bon teint à être placé à la tête de l’équipe gouvernementale. Se présentant devant les députés, le 12 juin 2017, comprenant une large majorité de ses camarades de parti, M. Maïga se dit conscient que sa « mission se situe à moins de deux ans de la fin du mandat constitutionnel du président de la République et impératif nous oblige à placer notre mission dans cette perspective […]Le contexte actuel de notre pays est profondément marqué par le terrorisme, la criminalité, le trafic d’armes, de drogues, le trafic de tout genre et la recrudescence du banditisme urbain et périurbain. Notre pays a connu des crises sécuritaires répétitives qui ont affecté les efforts de paix, de sécurité et développement […] Monsieur le Président, honorables députés, la recherche de la paix, de la sécurité et de la stabilité est, pour nous, une quête de tous les instants, en cela qu’elles sont la condition indispensable au développement durable et la garantie du bonheur de notre peuple en particulier. A ces défis, s’ajoutent d’autres non moins importants liés à la demande sociale, à l’Etat de droit et à la réforme de l’Etat. En effet, ces derniers mois ont été caractérisés par des tensions sociales, marquées par une succession de grèves dans les secteurs de la justice, de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, du sport et des Affaires étrangères […] Le présent document de Politique Générale s’inspire du mandat que le président de la République nous a donné, lequel se décline en quatre (4) axes essentiels. Il s’agit de : Parachever la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au mali, issu du processus d’Alger ; Apaiser le climat social ; Mettre en œuvre le Programme présidentiel d’urgences sociales ; Adapter notre diplomatie aux exigences de notre place et notre rôle dans les questions sous-régionales, régionales et internationales […]»

 15-Soumeylou Boubèye Maïga :

Nommé le 30 décembre 2017, il est le 16ème chef du gouvernement sous le Mali démocratique et le 5ème PM du Président IBK en quatre années et trois mois d’exercice du pouvoir. Pour la présentation de la DPG, SBM est le seul chef du Gouvernement a observé plus de 100 jours après sa nomination avant de livrer aux Elus de la Nation les grandes lignes de l’action gouvernementale.

Soumeylou Boubeye Maiga

Ce 20 avril 2018, il se soumet au « Grand oral » pour s’expliquer sur les préoccupations nationales dont les priorités urgentes sont le rétablissement de la sécurité et du retour de la paix sur une large partie du territoire national. Des priorités ponctuées par l’organisation de l’élection présidentielle prévue le 29 juillet prochain. En raison de ces enjeux nationaux, en considération de l’osmose qui règne entre l’Exécutif et le Législatif au sommet de l’Etat et à l’aune des rapports de forces parlementaires, tout porte à croire que la DPG du gouvernement en place sera approuvée ces jours-ci par les députés. Ce faisant, le PM Soumeylou Boubèye Maïga va accéder à la même classe que ses 13 prédécesseurs qui ont franchi les épreuves en réussissant à l’examen de passage au ‘’Grand oral’’ à l’Hémicycle de Bagadadji.

La Rédaction

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