Quand nous avons appris la mort de Baba Hassèye, nous avons eu une sorte de vertige, car toute la journée ce sont des actes peu ordinaires qui se passaient autour de nous. Surtout que nous étions à la veille de la fête ASHURA, fête de fin d’année chez les musulmans, et c’est ce jour que Baba Hassèye a choisi pour rejoindre le monde de la vérité. Ce fut la fin de la vie d’un homme de convergence.
Mon frère Bassirou disait de lui : «C’est l’homme épicentre, avec une ouverture sur toutes les personnes qui le fréquentent». Et oui, peu importante ta provenance, ton ethnie, ta famille ou tes origines pour le vieux Guindo, c’est l’humain qui compte d’abord et le reste vient après. Nous avons commencé à fréquenter Baba Hassèye à la veille de notre alliance, quand il nous a fait appel par l’entremise de tante Lalaïcha, celle qui était restée auprès de lui, depuis qu’il est revenu de son traitement. Avant qu’Abdou Guindo et ses frères et sœurs prennent la relève, quand le problème de respiration de leur père était devenu crucial. Le 27 février 2009 est la date de notre première rencontre avec Baba Hassèye chez lui au Badialan III. Pendant 3 heures d’échanges, il nous a expliqué le Mali de long en large. Les ethnies, les régions, l’art, la culture et la religion, mais surtout l’importance du mariage dans notre société. Il me rappelait ce jour notre ‘’Karl Max’’, le sobriquet qu’on avait donné à notre défunt père. L’homonyme du petit junior qui disait ceci : «Etre né et avoir grandi dans une grande famille, ne veut rien dire si tu n’es pas le vrai fruit de cette communion humaine». Quand nous avons appris le décès du sage Guindo, voici des mots qui résonnaient dans nos têtes, des phrases qui allaient et revenaient sans cesse.
Homme de convergence il l’a été, parce que tous les vendredis sont des jours de fête dans la famille Guindo. Baba Hassèye était entièrement à la disposition de tout le monde, sans aucune différence. Les enfants adoptifs, les enfants, filles et garçons, petits-fils et filles connaissent, aiment et appréciaient Baba Hassèye, l’homme qui ne montre jamais sa colère. Qu’Abdou, Hamou, Safia et les autres sachent qu’ils ne sont pas les seuls orphelins, nous ne faisons pas pleurer Baba Hassèye, nous ne pleurons pas pour sa mort, nous sommes croyants. Ce n’est pas pour rien que Dieu l’a rappelé un jour saint, mais nous savons qu’il a laissé un vide. Certains disent que le baobab est tombé ; d’autres disent que le chef de famille est parti. Nous croyons que la graine qu’il a semée doit fleurir, dans l’union, l’entraide, la paix et la convergence que son domicile reste le point de convergence et que les héritiers jouent leur partition sur les traces de Baba Hassèye.
La dernière fois que nous avons été voir chez Baba Hassèye, très malade, il était assis sur une chaise, entouré de nos tantes et mamans. Il y avait une coupure d’électricité, c’était le 18 septembre 2013, veille de l’investiture d’IBK. Une de ses filles est venue le saluer pour lui souhaiter prompt rétablissement. La fille en question partait pour le pèlerinage à la Mecque et Baba Hassèye lui demanda de faire des bénédictions pour lui. Cette prière et bien d’autres ont fait que Baba Hassèye est parti dans l’honneur, la dignité et entouré de ses enfants, car le souhait d’un bon chef de famille est de mourir dans les bras de ses enfants.
En tout cas, ses enfants ont tout fait pour le traiter. Comme le dit le poète, «il faut laisser du temps pour que les bons souvenirs reviennent et apaisent les souffrances». Nous avons été très émus d’apprendre votre disparition. Par ces mots, Abdou et les autres, recevez nos pensées les plus affectueuses, et sachez que nous sommes à vos côtés dans cette épreuve. Votre père a vécu sa maladie avec un courage admirable. C’est un réconfort de penser que, dans son sommeil, il va désormais enfin connaître le repos. Nous savons qu’un jour l’existence se termine pour chacun d’entre nous.
Ces quelques mots, bien que sincères, ne modifieront pas ce triste état de fait. Pourtant, nous tenons à vous témoigner notre profonde compassion. Nous partageons votre douleur, mais les mots nous manquent pour l’exprimer pleinement. Pour vous, nous espérons voir cette épreuve s’effacer petit à petit, au fil du temps. Dans ces moments là, les mots sont inutiles, mais seuls l’amitié, l’entraide, la solidarité et l’amour comptent. Permettez-nous de vous apporter toute notre solidarité dans ces difficiles moments, et de vous présenter nos plus sincères condoléances.
Kassim TRAORE