La pollution et le manque d’accès à l’eau potable sont responsables de la mort de 1,7 million d’enfants de moins de cinq ans chaque année, selon deux rapports de l’OMS publiés lundi.
“Ne polluez pas mon futur !” L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète de l’impact des risques environnementaux sur la santé infantile dans deux rapports rendus publics lundi 6 mars. Selon l’organisation, la pollution de l’air intérieur et extérieur, le tabagisme passif, l’insalubrité de l’eau et le manque de moyens d’assainissement entraînent chaque année la mort de 1,7 million d’enfants de moins de cinq ans. Franceinfo a interrogé la docteure Maria Neira, directrice du département santé publique et environnement à l’OMS, pour mieux comprendre ces risques sanitaires.
Franceinfo : comment les risques environnementaux affectent la santé des enfants ?
Maria Neira : Dans les pays en voie de développement, les enfants risquent de contracter des maladies diarrhéiques ou le paludisme à cause du manque d’accès à l’eau potable et d’assainissement. Ils sont également exposés à la pollution de l’air intérieur : 44% de la population mondiale cuisine encore avec des énergies fossiles comme le bois et le charbon. Ce sont des combustibles très polluants. Ils touchent les poumons et le système cardiovasculaire et entraînent une mortalité élevée en causant des pneumonies, des maladies respiratoires chroniques ou encore des AVC.
Mais ces risques ne concernent pas seulement les pays pauvres. Les enfants des pays développés sont également exposés à des substances chimiques dangereuses, comme les pesticides, et à la pollution de l’air. Neuf personnes sur dix dans le monde vivent dans des lieux qui ne respectent pas les recommandations sanitaires sur la qualité de l’air.
Il existe également de nouveaux risques environnementaux. Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques qui se comportent comme des hormones et peuvent entraîner des troubles du développement ou des pathologies lourdes. Les déchets électroniques, de plus en plus nombreux, peuvent provoquer des problèmes de retard d’intelligence ou de développement du cerveau à cause de l’exposition aux métaux lourds.
Les risques pour la santé des enfants sont-ils plus élevés dans les pays en voie de développement ?
Le risque de mortalité lié aux risques environnementaux est plus important dans les pays pauvres, car ils ne disposent pas des systèmes de santé nécessaires pour traiter ces pathologies. Les enfants de moins de 5 ans y sont également exposés à plusieurs facteurs de risques cumulés.
Si le risque de mortalité est moindre dans les pays développés, 25% des maladies infantiles sont toutefois liées à la pollution. De plus en plus d’enfants développent des pathologies chroniques, comme l’asthme, ce qui met en danger leur futur.
Comment lutter contre ces risques environnementaux et ces pathologies ?
Les recommandations de l’OMS sont d’abord de permettre un meilleur accès à l’eau potable, aux moyens d’assainissement et aux énergies propres, dans tous les pays. Les municipalités des grandes villes doivent développer des réseaux de transports en commun facilement accessibles, pour permettre à leurs habitants d’éviter d’utiliser leur véhicule privé.
La communauté internationale doit également s’engager à appliquer les accords de Paris, signés lors de la COP21. Ces mesures sont déjà conséquentes en matière de santé publique et auraient des bénéfices énormes pour la santé de nos enfants, mais aussi sur le plan économique et social. Nous avons beaucoup à gagner à s’assurer que ces accords soient suivis d’actions.
Chacun d’entre nous doit enfin prendre conscience qu’il faut utiliser des voitures de moins en moins polluantes, pratiquer le recyclage, faire attention à sa consommation d’eau et son impact sur l’environnement. Si nous ne le faisons pas, c’est notre santé qui va le payer.
Source: francetvinfo