Et si l’histoire se répétait ? En 2006, la première mission d’audit du Vérificateur Général au niveau de l’Office du Niger s’est soldée par de nombreuses arrestations, toutes opérées dans les zones de production (il y en avait 5 à l’époque, puisque Kolongo et Bewani n’étaient pas érigées en zone). Et tous les directeurs de zone et leur DAF (exception faite de Macina) furent alpagués, emprisonnés, pour certains, et jugés et condamnés. Le Vegal leur reprocheraient des trous portant sur près de 800 millions de F CFA.
La dernière vérification de cette instance de contrôle indépendante qui s’est opérée en fin d’année 2017 risque d’être similaire, même si pour le moment, il s’agit de savoir comment des sommes importantes sont traficotées, puis « endormies » avec des ponctions douteuses avant de savoir quelle destination elles ont pu prendre, car si on se rappelle, dans le cas des recommandations du
VEGAL effectuées en 2006, il a été décidé que désormais, à l’Office du Niger, un seul compte, dit spécial, soit ouvert pour y mettre tout l’argent de la redevance eau ; compte spécial ouvert à ECOBANK au nom du siège de l’Office du Niger.
Ainsi, l’argent collecté pour le payement de la redevance eau est aussitôt reversé dans ce compte bancaire par les responsables comptables des zones sans compter que des coursiers de cette banque font la mobilité dans les bureaux de ces zones pour faire décharge des dépôts financiers et faciliter ainsi le mouvement. Pour leurs dépenses, ces zones disposent de compte bancaire où sont virées leurs demandes de fonds adressées au siège de l’entreprise.
La mission de vérification à l’Office du Niger a trouvé qu’autour de ce mécanisme simple et pratique, qui permettait une bonne gestion et la traçabilité de la manne financière, s’opère en réalité un grand banditisme qui a fait faire conclure les missionnaires du VEGAL qu’il n’y a aucun doute : « Les directeurs de zone ont effectué des sorties d’argent irrégulières sur des comptes bancaires….La mission a constaté sur le solde de clôture du compte bancaire, que des directeurs de zones ne transfèrent pas l’intégralité des sommes d’argent restant dans le compte spécial lors des premiers transferts vers le siège». Pour le VEGAL qui donne ses preuves, et écrit-il d’ailleurs dans son rapport, des directeurs de zone gardent irrégulièrement d’importantes sommes d’argent pendant plus de 20 jours avant de les transférer dans le compte du siège. Et de révéler que ces montants peuvent aller jusqu’à 100 millions de FCFA.
Il prend l’exemple de la zone de Molodo où la directrice de zone, Mme Kouriba Djénéba Diarra (au moment des faits) a gardé 35 millions, attendant 21 jours pour le transférer au compte du siège alors qu’une agence ECOBANK se trouve à Niono.
Le cas de Ndebougou où le Directeur Oumar Ly (au moment des faits) a attendu le 14 Février 2017 pour procéder à son 1er transfert de l’année 2017 avec un montant de 138 millions de F CFA.
Cette pratique, selon le rapport qui s’est basé sur un audit, a permis de favoriser des sorties d’argent effectuées par les zones, donc non transférées sur le compte du siège de l’Office du Niger mais surtout de savoir, après coup, que les montants prélevés n’ont pas été reçus sur ledit compte spécial. Et le VEGAL d’être formel, à la suite de sa vérification dans la confrontation entre les zones de production et le siège, sur ce manège digne d’un grand banditisme : « Sur les montants transférés des zones de production au siège, un montant total de 144 millions 536 980 F CFA n’a pas été reçu sur le compte bancaire du siège » Fin de citation. Où sont parties ces sommes ?
Le PDG et son DAF du siège sont-ils au courant ? Le rapport ne répond pas à ces questions mais la confrontation est rude depuis quelques jours quand bien même le Vegal a maintenu toutes ses constatations originales dans son rapport définitif qu’il publiera prochainement. Au moment où nous mettons sous presse, il nous est revenu que le bureau du VEGAL a donné cette semaine aux mis en cause pour se justifier. Autrement, le dossier sera transmis au Procureur de la République afin de recouvrer les 144 millions 536 980 FCFA.
Affaire à suivre !
D. YOSSI
Source: L’Espérance