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Dans les coulisses d’une actualité africaine forte cette semaine

Sommet africano-européen à Bruxelles, au Mali, le retrait des troupes françaises, au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Damiba, auteur du coup d’État, a prêté serment mercredi 16 février, devant le Conseil et est devenu président. Une actualité sahélienne dense cette semaine. Claude Guibal, grand reporter de la rédaction internationale de Radio France rentre de Ouagadougou.

Trois semaines après avoir pris le pouvoir par un coup d’État, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est investi président du Burkina Faso par le Conseil constitutionnel. “Je jure devant le peuple burkinabé (…) de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, l’acte fondamental et les lois”. Par ces mots, vêtu d’un treillis militaire, il prête serment devant le Conseil. La cérémonie est retransmise par la télévision nationale.

Claude Guibal, grand reporter de la rédaction internationale de Radio France et Gilles Gallinaro, technicien de grand reportage à Radio France, rentrent de Ouagadougou.

 

Le lieutenant-colonel Damiba, jeune quadragénaire prend le pouvoir le 24 janvier, à Ouagadougou, après deux jours de mutineries dans plusieurs casernes du pays. Il renverse le président élu, Roch Marc Christian Kaboré. Il lui reproche son impuissance devant la violence djihadiste qui frappe le Burkina depuis près de sept ans.

Fait surprenant, le lieutenant-colonel Damiba était considéré comme un proche du président déchu, qui l’avait nommé à la tête de la région militaire, chargé d’assurer la sécurité de la capitale.

 

Le lieutenant-colonel Damiba se voit comme un stratège de la lutte contre le terrorisme

Et paradoxe, dans cette zone de l’Afrique où le sentiment anti-français se développe, le lieutenant-colonel Damiba a été formé en France. Diplômé de l’école militaire de Paris, diplômé de la 24e promotion de l’école de guerre, il a, par ailleurs, suivi les cours du criminologue Alain Bauer, au Conservatoire National des Arts et Métiers.

Si Barkhane est visible sur le territoire malien, le gouvernement Kaboré camouflait les troupes françaises qui se limitaient à des commandos spéciaux. Depuis le coup d’État, Damiba a ouvertement demandé à Barkhane de mener des opérations militaires à la frontière du Bénin.

En juin 2021, il a publié un essai intitulé : Armées ouest-africaines et terrorisme : Réponses incertaines ? Son constat sur l’état de l’armée face aux djihadistes est alors particulièrement sévère. Il y déplore des armées locales trop faibles, aux “tares rédhibitoires”, et des partenaires occidentaux “nécessaires” mais “cachottiers”.

 

Le lieutenant-colonel Damida devra composer avec le sentiment anti-français présent au Mali, qui considère les régiments présents depuis neuf ans comme une armée d’occupation, mais le malaise est tout aussi profond au Burkina. Comment une armée hautement équipée, capable de sonder les fonds souterrains ne viendrait pas à bout, après presque 10 ans de conflit, de jihadistes en moto ?

Et les réseaux sociaux y vont de leurs refrains complotistes : “Ils arment les jihadistes pour maintenir leur présence sécuritaire et assurer la préservation des matières premières pour les intérêts européens”.

 

Désenchantement et pauvreté sur le terrain

Sur le terrain, Claude Guibal et Gilles Gallinaro ont souvent entendu ce flot de critiques. Mais ce qui a marqué les reporters de Radio France, c’est le désenchantement et la pauvreté. Depuis les premiers attentats, les bilans sont lourds. Plus de 2.000 morts et plus d’un millier de personnes contraintes de fuir leurs maisons.

Les cimetières militaires de jeunes soldats tombés dans la lutte antiterroriste s’élargissent d’année en année. Pour quel résultat tous ces corps tombés ? Et quels terroristes combattre ? Les islamistes ou les criminels, qui veulent tracer une voie pour le trafic de drogue et d’êtres humains du golfe de Guinée au nord de l’Afrique ?

 

Le Burkina Faso a perdu son vivre ensemble. Les ethnies et communautés qui partageaient le quotidien du pays se regardent avec défiance, l’unité est rompue. Plus personne ne se parle et les lignes de fractures fissurent la société.

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