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CYBERCRIMINALITÉ ET L’URGENCE NUMÉRIQUE EN AFRIQUE DE L’OUEST : Deux horizons possibles

L’Afrique est au seuil de la révolution des télécommunications, et continue d’être l’un des plus importants marchés des technologies nouvelles d’information et de communication (Tic). Celles-ci constituent pour les Etats ouest-africains une opportunité d’ouverture au monde, même si leur utilisation connaît des déviations dangereuses à cause des crimes qu’elles engendrent.

Jean-Jacques Bogui (1) explique dans la revue Afrique contemporaine que, par exemple, en Côte d’Ivoire, ce secteur a engendré des investissements cumulés de près de 1,5 milliard d’euros en dix ans. Cependant, malgré la bonne santé de l’économie liée aux Tic, l’apparition et l’ampleur du phénomène des escroqueries via Internet (surtout dans le milieu de la jeunesse) sont une véritable menace pour le développement de ce pays.

Si l’un des aspects de la cybercriminalité est de pirater, s’introduire ou espionner les systèmes informatiques de tierces personnes ou d’organisations, les Tic restent un des leviers les plus importants sur lesquels la sécurité des données peut se réaliser. L’échange numérique de données entre organismes supranationaux et nationaux est plus sûr que l’échange physique, celui qui passe par plusieurs mains.

A l’ère du numérique, le recours au numérique à la frontière, dans les bureaux, semble indispensable pour garantir l’efficacité et la rapidité des échanges de données. Ce qui suppose aussi un effort considérable au niveau du recrutement des hommes. En bannissant notamment le népotisme, les affinités via les réseaux dans le choix des ressources humaines dans l’ensemble des organisations régionales et supranationales. Dénicher les compétences africaines partout où elles se trouvent au prix fort pour relever l’un des plus grands défis de notre siècle : le numérique.

En matière numérique, aujourd’hui plusieurs voies s’offrent à nous ouest-africains, mais demain, elles ne seront que deux. A l’horizon 2050, la tendance la plus forte est bien sûr le développement des Tic à tous les niveaux dans les villes. Une dotation des zones rurales en Tic véritablement amorcée.

Les services publics (douane, police des frontières, services financiers, ministères…) auraient développé des nouveaux outils plus sécurisés pour répondre aux normes internationales de cybersécurité. Sans oublier le rôle prééminent des médias dans les évolutions démocratiques et progrès économiques. Ce qui se passe déjà au Ghana (2).

La tendance moyenne ou peut-être la plus faible serait la participation ratée de plusieurs Etats de la plus grande région d’Afrique qu’est l’espace Cédéao à la nouvelle société de l’information. Cette hypothèse prospective se renforcerait davantage si l’enjeu démographique n’est pas maitrisé, la croissance économique plus équilibrée, la mauvaise volonté politique dans ce domaine plus forte au fil du temps.

En effet, beaucoup de zones rurales resteraient  toujours faiblement dotées en Tic. Les services publics toujours à la traine dans le traitement des dossiers. Les lourdeurs administratives d’actualité. La cybercriminalité aurait eu donc raison des politiques stratégiques visant à la réduire. Dans ce contexte, il faut s’attendre que les médias aussi perdent davantage en légitimité et en crédibilité.

Alhoudourou Maïga

Journaliste et consultant

1. Jean-Jacques Bogui, « La cybercriminalité, menace pour le développement. Les escroqueries Internet en Côte d’Ivoire », in Afrique contemporaine, 2010/2 n°234

2. https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2011-4-page-93.htm

Le Focus

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