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Culture du blé au Mali : Une filière d’avenir pour les cultivateurs

L’évolution récente du coure de plusieurs denrées alimentaires de base a profondément troublé les pays les plus dépendants de leurs importations. Pas trop sensible aux turbulences de ses voisins, le Mali peut se mettre définitivement à l’abri de tels soucis en développant son agriculture notamment la filière blé.

Le Mali est un producteur historique de blé en Afrique Subsaharienne. Cette culture a été introduite depuis le 15ème siècle à partir de la région de Tombouctou par les Almoravides, conquérants venus du Maroc. Elle s’est ensuite transmisse de générations en générations jusqu’à nos jours. Le projet du développement de la culture du blé au Mali est une opportunité économique pour des multiples opérateurs qui opèrent dans les domaines tels que le BTP, fabricants de matériels agricoles, la recherche, l’assistance conseil, l’encadrement, la commercialisation d’intrants, le transport…

 

 

C’est une chance de créer de nombreux emplois à toutes les étapes de la filière (ouvriers agricoles, manutentionnaires, ingénieurs agricoles, cadres d’administration, d’intrants et de matériels agricoles….). C’est aussi une opportunité pour assurer l’autosuffisance en blé et limiter les sorties de devises liées aux importations et surtout  de participer à la sécurité alimentaire du pays.

 

 

Cette ambition trouve sa motivation dans la hausse importante des courts mondiaux  (+ 100 % en 9 mois). En effet l’analyse des coûts de revient des blés importés par rapport au blé national montre bien une réelle possibilité de produire du blé à un prix des plus compétitif au Mali.

 

 

Recherche semencière

Dans le cadre de la politique de production efficiente de blé, l’Institut d’Economie Rurale en partenariat avec la Compagnie Malienne pour le Développement de la culture du Blé  ont initié une campagne de multiplication de variétés prometteuses de blé Diré 12, Diré 15 et Diré 16. Ces variétés sont issues de trois années d’expérimentations en station à Gao, Kogoni et Diré.

 

 

Cette multiplication permettra une large diffusion de semences des variétés auprès des producteurs. L’objectif visé est d’augmenter et améliorer la production du blé en vu d’assurer l’autosuffisance et la sécurité alimentaire, et de mettre à la disposition des producteurs de blé des semences de variétés performantes en substitution de celles qu’ils utilisent actuellement.

 

 

Les principales zones de production au cours des six dernières années demeurent Diré et Goundam. Malgré un potentiel important d’environs  14 260 ha exploitable à Niafunké, la production demeure insignifiante dans cette zone.

 

 

L’intervention du Projet PACCEM à Diré et une partie de Goundam, à partir de 1998/99 a permis une forte augmentation de la production. A Diré, la production (tout en restant marginale en terme de potentialités de terres exploitables 8,9%) a connu un accroissement de 81,9% entre 1997/98 et 1998/99 ; 96,3% en 1999/2000 par rapport à 1997/98 et 7,94% par rapport à 1998/99. Toutefois, le rendement à la production reste toujours en dessous du seuil de rentabilité soit 3,6 à 4 T/ha (cf. M. Pelletier, rapport de l étude sur la rentabilité de la filière blé, 2001).

 

 

La baisse de production constatée en 2000/2001 est due principalement à la chute drastique des superficies semées en blé par la Coopérative agricole de Diré (CAD). A Goundam la production a été multipliée par 3,37 fois entre 1997/98 et 2000/2001 avec un pic de 4 fois en 1999/2000. Dans les deux zones une baisse de production est constatée en 2002/2003.

 

 

Transformation

Le blé produit au Mali (Région de Tombouctou) est transformé en farine selon deux modes : la transformation artisanale et la transformation industrielle. Les quantités vendues aux minoteries industrielles oscillent entre un minimum de 11,30% et un maximum de 24,40% de la production annuelle.

 

 

L’essentiel de la production continue d’être transformé en farine de façon artisanale avec des petits moulins à céréale et des meules manuelles par les femmes. Cela nécessite de la part des transformatrices plus de temps, plus de peine et la qualité de la farine obtenue est en deçà de celle de la transformation industrielle. La farine ainsi obtenue est transformée en plusieurs produits locaux qui sont soit : directement auto consommées au niveau des ménages.

 

 

Les besoins de consommation théorique en farine de blé au Mali sont estimés à 120 000 tonnes par an, ce niveau de consommation représente environs 150 000 tonnes de blé par an. La production totale de blé n’excède pas 10 000 tonnes par an, ce qui constitue un déficit majeur pour la commercialisation. Les Grands Moulins du Mali sont les principaux acheteurs de cette quantité à commercialiser.

 

 

La demande de blé au Mali est couverte par la production locale pour une faible part et les importations de blés et de farine. Le blé est essentiellement utilisé pour la production de farine destinée à la fabrication de pain. Les utilisations alternatives de la farine sont très faibles, et ne concernent que des  unités de fabrication de biscuits  consommant environ 250 tonnes de farine par an et la production de pâtes alimentaires, qui utilisent une quantité de farine minime.

 

 

Les pâtes alimentaires sont essentiellement produites avec de la semoule de blé dur importée. Les besoins en farine non destinés à la production de pain sont à l’heure actuelle négligeable, représentant  vraisemblablement moins de 1% de la consommation totale.

 

 

Enjeux commerciaux

Après la libéralisation du marché, la situation est caractérisée par :

L’existence d’un marché céréalier plus concurrentiel grâce à l’entrée de nouveaux opérateurs économiques et l’intégration du marché national au marché régional (du Burkina Faso, de Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire, et du Niger).

L’accessibilité de tous les intervenants aux informations de marché (Prix, offre, réglementation etc.);

 

 

 

La limitation du rôle de l’OPAM à la gestion du stock national de sécurité alimentaire et des aides alimentaires qui permet de réduire la pression financière sur le budget national, de favoriser un bon fonctionnement du marché et de diminuer le favoritisme ou fraude dans les distributions gratuites;

 

 

L’intervention des ONG par l’achat et la distribution gratuite des céréales ou par des programmes travail contre nourriture

L’ouverture du marché national au commerce international n’a pas conduit à la baisse des prix à la production comme le craignaient les décideurs. Cependant, les producteurs font face désormais à des prix plus instables qui augmentent le risque des investissements dans la filière céréalière.

 

 

La sécurité alimentaire reste toujours un défi majeur malgré l’augmentation de la production agricole ces dernières années et la libéralisation du marché agricole. Ceci indique que l’accroissement de la disponibilité nationale ne suffit pas à elle seule pour assurer la sécurité alimentaire. Il apparaît donc que le marché est un instrument qui a ses limites en ce qui concerne la lutte contre l’insécurité alimentaire.

 

 

Difficultés du secteur des céréales au Mali

 

 

De façon synthétique, l’analyse du fonctionnement du marché fait apparaitre un certain nombre de contrainte qui obèrent sa performance :

Le problème de financement des activités aussi bien de production, de transformation que de commercialisation ; le problème est moins l’absence de sources de financement, que l’inadéquation des conditions posées d’accès aux crédits avec la nature des activités des filières agricoles. Les taux des crédits sont très élevés et de nombreux acteurs ne peuvent pas justifier de garanties suffisantes pour y accéder.

 

Les problèmes de stockage caractérisés par l’insuffisance des infrastructures et la faiblesse propension des commerçants à prendre le risque d’un long entreposage des produits céréaliers.

 

 

Le faible niveau d’organisation des acteurs, notamment des commerçants qui n’a pas favorisé à ce jour l’émergence d’une véritable interprofession fédérant l’ensemble des préoccupations des producteurs, transformateurs, des commerçants et autres intermédiaires.

Existence des entraves aux échanges dans l’espace CEDEAO ;

Production instable et liée aux aléas climatiques ;

 

 

Recommandations

Aider les producteurs à mieux s’organiser pour la gestion des excédents en cas d’année de bonne pluviométrie;

Poursuivre les actions de maîtrise de l’eau avec la construction des périmètres irrigués et la vulgarisation des techniques de conservation des eaux de pluie pour réduire la dépendance ;

Poursuivre les actions d’assainissement du marché et de fluidifications des échanges à travers l’espace CEDEAO ;

Créer des structures de regroupement de l’offre dans les zones de production pour réduire les coûts de commercialisation en minimisant les temps de rassemblement et de transaction.

Poursuivre les actions de désenclavement des zones de production et de consommation afin de faciliter le transfert des produits agricoles à l’intérieur du pays ;

Créer les coopératives de consommation dans les zones urbaines pour limiter la vulnérabilité des consommateurs aux fluctuations des prix

Gérer rigoureusement les aides alimentaires et le Stock National de Sécurité Alimentaire

 

 

Créer des banques de céréales dans les zones déficitaires afin d’atténuer les prix élevés pendant la crise en vendant leurs céréales aux prix bas ;

Poursuivre les ventes d’intervention dans les zones à rupture d’approvisionnement ;

 

 

Encourager les programmes de travaux publics qui offrent des emplois à court terme aux travailleurs non qualifiés ou semi qualifiés avec de bas salaires sur les projets demandant d’intense main d’œuvres tels que la construction et la maintenance des routes, infrastructure d’irrigation, reboisement et conservation des sols. De telles actions constituent un moyen d’approvisionnement de support de revenu pour les pauvres pendant les périodes de crises et contribuent au développement local à long terme.

 

 

Améliorer la production agricole par la protection des cultures (lutte contre les insectes nuisibles comme criquets pèlerin), recherche de variétés adaptées aux conditions climatiques du pays (cycle court, résistance à la sécheresse et moins exigeant en matière de structure de sol).

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