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Crise sociopolitique : Amadou Koïta face à Issa Kaou Djim sur ORTM 1

Le débat télévisé de l’ORTM 1 «En toute franchise» du mardi 23 juin 2020 portait sur la crise sociopolitique née de la demande de démission du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Amadou Koita, de la Convergence des Forces Républicaines était face à Issa Kaou Djim du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques en présence du juriste Dr Paul Traoré sous la modération de notre consœur, Sira Bathily. Voici les réponses apportées par les débatteurs à quelques questions posées par notre consœur. 

 

Quelles sont aujourd’hui les revendications du M5 RFP ?

Issa Kaou Djim : Notre mouvement sans ambigüité est mobilisé pour exiger la  démission du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, qui est l’épicentre des problèmes que connait le pays actuellement.

Amadou Koita : Demander la  démission du Président  de la République est un droit, une liberté qui se fait dans toute démocratie. Mais, l’exiger est anticonstitutionnel sinon du putsch dissimulé. Je suis conscient des immenses défis auxquels le pays est confronté.

Quelle est la genèse de la crise actuelle ?

Paul Traoré. La crise actuelle est imputable à la crise sécuritaire de 2012 et remonte de loin. Une étude «Prospective Mali 2025» avait attiré l’attention sur les germes d’une crise politique due aux conflits fonciers, la gouvernance et la distribution équitable des richesses nationales…Aussi, le Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CSREDD) 2019 -2020 est aussi un document précieux pour apprécier la crise actuelle.

La démission du Président de la République est-elle possible, juridiquement ?

Paul Traoré: Notre constitution interdit  toute démission d’office du Président de la République mais l’article 36 prévoit sa démission volontaire. L’obstacle juridique pour la démission volontaire est qu’il n’y a plus de Cour constitutionnelle qui doit faire la constatation de sa démission sur saisine du Premier ministre et du Président de l’Assemblée nationale.

Issa Kaou Djim : La question qui mérite d’être posée est pourquoi  demandons-nous la démission du Président de la République, IBK et de son régime. En 2013, nous avons appelé à voter pour lui. Car il avait ouvertement pris position contre l’Accord d’Alger sous ATT qu’il qualifia à juste raison de trahison contre le peuple.

Aussi, de tous les candidats en lice, nous avions pensé qu’il avait une expérience avérée dans la gestion des affaires publiques pour avoir occupé tous les postes stratégiques (Ambassadeur, Premier ministre, Président de l’Assemblée Nationale). Grande a été notre surprise de voir celui-ci instaurer une oligarchie. Et développer une gouvernance empreinte de détournement. Si le Président doit partir, 90% de ceux qui sont avec lui iront en prison.

La Loi de programmation annoncée en grande pompe avec 1 300 milliards détournés pour acheter de blindés en carton. Le régime est incapable, à l’heure actuelle, de nous donner le prix d’achat exact de l’avion présidentiel. La dernière élection législative a été tout sauf une élection. C’était de la nomination. Et je dis haut et fort que le Président de l’Assemblée nationale (avec qui j’ai des bons rapports cordiaux) n’a pas élu comme député.

Je pense que le problème est d’ordre politique et non juridique. C’est le peuple qui l’a élu en 2013, qui conteste aujourd’hui sa légitimité.

Amadou Koita : Je condamne tout coup d’Etat. Et rappelle à Kaou Djim l’article 36 de la constitution qui dispose que la souveraineté appartient au peuple tout entier qui l’exerce à travers ses représentants, Aucune fraction du peuple ne détient la souveraineté…..Et l’article 126 qui stipule «Que le fondement de tout pouvoir réside dans la constitution…. ».

Aussi, je m’empresse de dire que ce n’est pas les cent mille personnes sorties (envers qui j’ai beaucoup de respect) les 5 et  19 juin, qui sont le peuple, car nous sommes 18 millions de Maliens. Cependant, je reconnais la légitimité des revendications auxquelles nous nous attelons pour apporter des solutions.

Le peuple, dans son écrasante majorité (majorité silencieuse jusque-là) sortira dans 10 jours pour défendre les institutions.

Aussi, je pense que Kaou Djim et ses alliés essaient d’instrumentaliser la souffrance des populations. Et cela ne passera pas.  Vous disiez que tous les cadres du régime d’IBK doivent être en prison, combien d’anciens ministres sont dans vos rangs ?

En outre je suis étonné de voir que Kaou Djim, qui a pour référence l’imam Mahmoud Dicko, exige la démission d’IBK. Or l’imam n’a jamais demandé cela. Donc, j’invite Monsieur Kaou Djim et ses amis à répondre favorablement à la main tendue du Président IBK.

Kaou Djim : Une précision s’impose. L’imam Mahmoud Dicko n’est pas membre de la CMAS, mais il est plutôt le parrain. Parce que nous avions estimé qu’après son mandat à la tête du Haut Conseil Islamique du Mali, qu’il faut lui retrouver un cadre d’expression compte tenu de son apport et de ses prises de position courageuse qui concourent à bien des égards à la consolidation de l’ancrage démocratique. C’est ainsi que nous avons regroupé les associations, les clubs qui soutiennent la vision de l’imam pour fonder la CMAS qui est politique. On s’est gardé de créer une organisation religieuse pour éviter de créer un bicéphalisme contre le Haut Conseil Islamique. Donc, il peut arriver que nos positions divergent sur certaines questions. Je suis d’accord avec toi que l’imam n’a pas demandé  la démission d’IBK. Mais il l’a invité trois fois de suite à écouter son peuple.

La résolution de la crise scolaire n’est-elle pas une avancée, une concession de taille du Président de la République ?

Kaou Djim : C’est vraiment regrettable de penser que les enseignants ont fait 7 mois pour obtenir l’application de l’article 39 de la loi et que ce problème soit immédiatement résolu. Si ce problème pouvait être résolu, alors pourquoi avoir perdu tout ce temps ? Rien qu’à penser que les écoles ont été doublement  fermées sous IBK, Premier ministre et Président, cela démontre le peu d’intérêt qu’il a pour l’école.

On nous brandit 1300 milliards investis dans la Loi d’orientation et de programmation militaire. Et on n’est pas capable d’allouer 50 milliards à l’école.

Amadou Koita : Mon frère Kaou Djim voit les choses en termes de chiffres. Nous,  nous avions une autre vision, c’est- à-dire l’impact politico social. Nous avions craint que l’application de l’article 39 ne suscite un appel d’air pour d’autres corporations professionnelles pour exiger la même chose. Nous sommes conscients que l’éducation constitue l’avenir et le devenir de toute nation.

Quelle piste de sortie crise ?

Paul Traoré : La paix est le but du droit qui a aussi ses limites. L’accord politique de sortie de crise classée dans la catégorie chauve-souris dans la hiérarchie des normes juridiques a eu le mérite de résoudre la crise politique en Côte d’Ivoire (accord d’Ouagadougou, Marcoussis) et en Burundi (accord d’Arusha).

Dans le cas d’espèce, on pourra recourir aux accords politiques de sortie de crise.

Kaou Djim : Nous ne sommes pas opposés au dialogue. Pour nous,  le format du dialogue doit porter sur le départ honorable d’IBK qui n’a pas de bilan. Quand IBK arrivait  aux affaires, le centre n’était pas  embrasé.

C’est la raison pour laquelle nous ne voulons pas sa main tendue. Je pense que le problème peut être réglé sans la communauté internationale. C’est des problèmes  politiques auxquels il faut apporter des solutions politiques. C’est là que la politique peut absorber le droit. La double prolongation du mandat des députés est le produit d’un arrangement politique.

Amadou Koita : Nous sommes un peuple de dialogue et d’échanges. S’opposer, c’est proposer. Si l’opposition ne propose pas, elle devient un  mouvement d’humeur. Nous sommes des sentinelles de la République. Sortons des fixations et des schémas. Je pense que Kaou Djim est dans des questions de personnes. La preuve est qu’il a nommé ici le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné qui ne serait pas élu. Je lui rappelle que la Cour constitutionnelle est garante du fonctionnent régulier des institutions et proclame les résultats définitifs des élections législatives et présidentielles.

Ces arrêts non susceptibles d’appel s’imposent à tous les démocrates et républicains. Encore une fois, j’invite mon frère Kaou Djim et alliés à s’inscrire dans la dynamique du dialogue.

Issa Kaou Djim : Notre proposition, c’est la transition. Koita parle de putschisme.  Avions-nous des armes lors de nos rassemblements ? Certes, les arrêts de la cour sont insusceptibles d’appel. Mais cela ne veut pas pour autant dire qu’elle a dit le droit. D’ailleurs, les démissions en cascades des membres de la Cour sont suffisamment évocatrices.

Le Gouvernement d’Union nationale peut-elle être la solution ?

Paul Traoré : Je suis favorable à un gouvernement d’union nationale et de mission avec une feuille de route claire et placée sous surveillance étroite de la société civile. Mais avec le Gouvernement d’union nationale, je crains  le partage de gâteau et la résurgence d’autres crises.

Kaou Djim : Pour nous, la solution de sortie de crise passe par la démission du Président, Ibrahim Boubacar Keita.

IBK a-t-il un bilan ?

Amadou Koita : oui, c’est la réalisation de 13 000 logements sociaux, c’est l’équipement des forces armées et de sécurité avec 100 blindés provenant des Emirats Arabes Unis dont 85 sont engagés sur le théâtre d’opération. Notre bilan, c’est l’augmentation des salaires et du SMIG. C’est aussi l’aménagement de 30. 000 hectares, la production de 710. 000 tonnes de coton (2ème  producteur agricole) et la distribution gratuite de plus de 16 000 tonnes de céréales aux familles dans le cadre de la lutte contre le Covid 19….. C’est aussi la réalisation d’infrastructures routières comme la route Zantiébougou, Kolondiéba, frontière ivoirienne, la réalisation de la route Yanfolila frontière guinéenne et la route Banconi, Djalakorodji, Nionsombougou.

Amadou Koita : Les défis sont énormes. Beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire. Faisons face aux défis de l’heure. Posons-nous la question, quelle Mali allons-nous léguer à nos enfants ? Encore j’invite Kaou Djim et ses camarades à répondre favorablement à l’invitation du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita.

Propos transcrits par Alpha Sidiki Sangaré

Source : Le Challenger

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