L’épreuve de force se poursuit toujours entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation. Les enseignants exigent l’application de l’article 39 dans cette crise scolaire qui dure depuis des mois. Cependant, le gouvernement se dit dans l’impossibilité de satisfaire cette exigence. Du coup, le blocage demeure et l’année scolaire 2019-2020 est sérieusement menacée.
Depuis la rentrée d’octobre dernier, l’école est fortement mouvementée par les grèves du collectif des syndicats signataires du 15 octobre 2016. Ce collectif qui regroupe plusieurs syndicats d’enseignants observe depuis le 27 janvier dernier, une grève de 480 heures. Ce nouvel arrêt de travail intervient après plusieurs autres mouvements. Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre (Syldef, Syneb, Syntec, Synesec, Synefct, Fenarec et la Section enseignement secondaire du Snec), ont observé des débrayages pendant des mois. Ces mouvements de grève ont paralysé tous les établissements scolaires publics du pays. Les revendications qui font toujours l’objet de blocage sont au nombre de deux : l’application de l’article 39 du statut général des fonctionnaires. Sur la base de cette disposition, les enseignants réclament au gouvernement les 20% de la nouvelle grille alloués aux fonctionnaires relevant du statut général, signé entre le gouvernement, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et le Conseil national du patronat du Mali (CNPM). Seul bémol : l’Etat insiste sur le rééchelonnement de ces augmentations entre le 1er janvier 2020 (sur 1.100 points) et le 1er janvier 2021(sur 1.200 points), soit une augmentation de 20% étalée sur cette période.
Selon le ministre Yaya Sangaré, porte-parole du gouvernement, cette revendication des enseignants s’adosse à un accord déjà négocié et obtenu par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) en 2018 pour la valorisation de la grille indiciaire du Statut de la fonction publique. Le gouvernement, selon son porte-parole, ne refuse pas, du reste, la proposition du collectif mais demande juste d’appliquer la majoration en fonction de la grille indiciaire de la fonction publique obtenue par la Centrale syndicale en 2018. « C’est ce que les enseignants ont refusé. Ils exigent l’augmentation immédiate de leur grille de 180 points, rétroactivement, depuis le 1er janvier 2019 et 100 autres points, à compter du 1er janvier 2021. Ce qui fait, en somme, une augmentation de 280 points au lieu de 140 points que le gouvernement propose. Voilà tout le problème exposé », a souligné le ministre Yaya Sangaré.
Ajoutant qu’il y a, donc, deux lectures différentes de la même loi qu’il faut clarifier, le ministre a indiqué que les syndicats exigent l’année 2019, comme date de l’entrée en vigueur de la nouvelle grille, contrairement au gouvernement qui propose 2020. A ce propos, Yaya Sangaré a souligné que pour le Premier ministre, cette exigence des syndicats de l’Education n’est pas acceptable pour deux raisons simples. « La première, a-t-il détaillé, peut-être la soutenabilité financière, estimant qu’en ce moment, l’État ne peut pas ». La deuxième raison qui est, toujours selon lui, la plus fondamentale, c’est que si l’État cédait à cette pression des enseignants pour obtenir cette majoration, de façon rétroactive, à partir de 2019, cela peut entrainer la frustration des autres syndicats.
“Cela ouvrirait la voie à une spirale de revendications que nous nous ne pouvons pas nous permettre de cumuler avec la gestion de la crise multiforme que vit notre pays », a martelé le porte-parole du gouvernement. « L’État, annonce-t-il, ne peut pas respecter son engagement, cette année, avec les enseignants et leur demande d’étaler la prise en charge de leur revendication légale et légitime sur 2020 et 2021, comme l’avait fait, en son temps, l’UNTM ».
Les syndicats d’enseignants, eux, rejettent en bloc cette proposition du gouvernement. Les grévistes demandent que les augmentations concernées soient annexées sur leur grille salariale. Ils réclament l’application immédiate de l’article 39 du statut général des fonctionnaires, Adama Fomba, porte-parole du collectif des enseignants grévistes indique que l’article 39 est clair comme l’eau de roche. Il stipule que : « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et Spéciale ». Pour nous, précise le porte-parole syndicat, « il n’y a pas une autre façon de faire que de reconnaitre ce qu’on demande sur l’article 39 du statut général ; reconnaître la légalité et la légitimité de ce que les syndicats demandent. Pour l’une des rares fois, les syndicats ne font pas de revendication, mais demandent l’application d’une loi. Comment dans un Etat démocratique on peut se permettre de transgresser les textes de la République au su et au vu de tout le monde. Si Boubou Cissé et son gouvernement appliquent l’article 39, nous allons reprendre les cours ».
Mémé Sanogo
Source : L’Aube