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Crise malienne : Vers la création d’un cadre politique pour sécuriser le centre

L’annonce de la communication gouvernementale sur la création d’un cadre politique de gestion de la crise au centre du pays n’a pas échappé au public. Tiébilé Dramé, l’homme orchestre de ce plan de paix, veut mettre toutes les chances du côté de l’Etat en proposant une mise en commun des moyens politiques et militaires dont dispose le pays. Le gouvernement de mission qui est attendu sur tous les fronts s’organise ainsi pour sortir la région de Mopti et une partie de celle de Ségou des griffes du monstre terroriste.

Les couleurs de cet important plan de paix ont été annoncées la semaine dernière, alors que des villages de la région de Mopti se battent au quotidien contre les coups de boutoir des terroristes. Sur présentation du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le conseil des ministres a pris acte de la communication relative à la création de ce cadre politique de gestion de la crise au centre du pays.

Selon le communiqué du gouvernement, le cadre politique sera créé auprès du Premier ministre Dr. Boubou Cissé et regroupera plusieurs ministres au niveau supérieur. Il s’agit des ministres chargés des Affaires sociales, de la Justice, de la Défense, de la Sécurité, de l’Administration territoriale, des Affaires étrangères, de la Cohésion sociale, des Affaires religieuses et du Budget.

Les initiateurs de ce plan tirent visiblement des leçons de l’échec de précédentes initiatives de sécurisation de la zone en proie à une forme de violence inhabituelle. Pour la première fois, les décideurs mettent en avant la volonté de réviser l’option du tout sécuritaire. «L’objectif stratégique est de combiner l’approche politique et l’approche militaire en vue d’apaiser la situation au centre et de résoudre la crise sur une base durable », souligne le communique du conseil des ministres.

Le challenge des autorités est de réussir à prendre langue avec les multiples groupes armés formés le plus souvent sur la base de l’identité communautaire. On en est venu à un point où chaque communauté de la zone dispose de groupes d’hommes se disant prêts à défendre les intérêts de leurs camps. Et pour ne rien arranger, les groupes terroristes ont pu infiltrer la localité en agissant à visage découvert dans certains cas.

En face des terroristes et des regroupements d’auto-défense, il y a les forces de défense et de sécurité du Mali, accusées de part et d’autre de violence ou de laxisme. Pour mettre en musique sa grande symphonie de paix, le gouvernement devra réussir à briser les barrières et les méfiances que toutes ces entités contradictoires nourrissent les unes envers les autres depuis plusieurs années déjà.

Le travail sera difficile d’autant plus que la région de Mopti a connu des effusions de sang inoubliables comme l’attaque contre le village de Kolongo le premier janvier 2019 ayant couté la vie à 43 personnes. Un massacre plus violent s’en est suivi le 23 mars dans le village d’Ogossagou dont près de 160 personnes ont été tués par des assaillants qui sont avant tout des Maliens, selon un rapport de l’ONU.

L’une des priorités du gouvernement doit être le déploiement d’un dispositif permettant de quadriller les villages pour mettre fin aux enlèvements et braquages. Avant et après les massacres qui ont ému le Mali et le monde entier, de nombreux enlèvements et cas disparitions ont été signalés dans la zone. Sans une force de proximité, la zone risque de ne pas connaitre la stabilité tant recherchée.

Soumaila T. Diarra

Source: Le Républicain

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