Ils sont plusieurs milliers d’agents (personnel civil et militaire) de la force française Barkhane et onusienne (MINUSMA) qui œuvrent diversement aux côtés de l’armée locale dans la lutte antiterroriste dont le Mali mène depuis une décennie. Au regard de la recrudescence de la situation sécuritaire, au-delà du pessimisme quant à la bonne volonté des forces alliées suscitées, l’option du retrait de ces groupements militaires gagne l’opinion publique nationale et les voix ne cessent de la réclamer. Quelques semaines après le saccage d’une position de la force onusienne à Mopti suite à une manifestation dégénérée, c’est la capitale Bamako et la cité garnison de Kati qui se font encore entendre à travers deux manifestations conjointes pour soutenir les Famas au front, mais ayant comme réclamation : le départ de la France et de la MINUSMA. Ont-ils raison ? L’option d’interposition entre l’armée locale et la huitième région, Kidal, jusque-là prêtée par la force française Barkhane est indexée par la majeure partie des manifestants comme une preuve de mauvaise foi de la mission qui aurait d’autres agendas derrière son intervention « Ils ont tous les équipements nécessaires pour fournir au moins l’information à l’armée malienne .Mais ,ils ne le font pas .Nos positions sont attaquées quotidiennement sous leur barbe » s’est plaint un des milliers de manifestants qui ont occupé le boulevard de l’indépendance le vendredi dernier à l’appel de plusieurs organisations de la société civile .
À quelques quinze kilomètres de la capitale, d’autres manifestants majoritairement des femmes ressortissantes du camp, avaient barricadé les deux principales routes qui rendent accessible l’intérieur de la ville. À notre arrivée sur le lieu vers 16 H, des véhicules de certains hauts gradés de l’armée stationnés étaient presque insuffisants de vue par rapport aux gros porteurs. « Nous avons trop souffert dans cette guerre. Que les forces étrangères notamment la MINUSMA quittent notre pays pour que nos militaires fassent face à l’ennemi », s’est insurgée une manifestante.
Le moins mal et le mal
Au-delà du traditionnel claquement de mains réservé à tous les porteurs qui se battent pour la patrie, la situation dégradante du pays doit engendrer une réflexion autour de l’appareil militaire national dans cette guerre asymétrique qui exige de nouvelles méthodes, de moyens et surtout de l’effectif. Avec plus de 7200 kilomètres de frontières avec des pays majoritairement sahéliens et la relégation de la militarisation de l’armée au second plan depuis plusieurs années, les armes et les soldats du Mali suffisent-ils aujourd’hui à sauver l’indépendance et la sécurité du pays ? Comme maints observateurs avertis de la situation sécuritaire du pays, il serait plus opportun de réclamer des mesures militaires et politico-diplomatiques plus radicales, c’est-à-dire mettant le dispositif militaire national au centre de tout plutôt que de contraindre ce « mal nécessaire » au retrait. Une situation qui pourrait offrir la République aux séparatistes et aux forces du mal dans une assiette d’or .
Seydou Konaté LE COMBAT