Les populations maliennes vivent dans les conditions les plus difficiles et les plus déplorables. La précarité et le désespoir se lisent sur les visages des Maliens, déboussolés par un quotidien infernal. Ils sont abandonnés à leur triste sort, alors qu’une poignée baigne dans une opulence à la limite insolente. Le train de vie de ceux qui gouvernent le pays est illustratif.
Dans la sous-région, ces dernières décennies, les Maliens sont devenus l’une des figures emblématiques de la «précarité», dans toutes ses variantes. La pauvreté des populations maliennes est de nos jours une évidence notoire. Leur situation peut s’expliquer par une seule constante : la faillite de la classe dirigeante, rompue à la seule tâche de détourner les deniers publics. D’où cette précarité qui caractérise actuellement la vie sociale au Mali, dont le pourrissement ne peut être interprétée aucunement en détachement du contexte économique du pays.
En vérité, depuis l’arrivé du président Ibrahim Boubacar Keïta au pouvoir, une espèce de bipolarité s’est instaurée dans le pays. Il y a d’un côté le monde des riches, constitué autour du chef de l’Etat, sa famille et ses affidés; et celui des pauvre, auquel appartient la grande majorité des Maliens. Cette bipolarité a été créée par un régime qui, à travers des discours populistes, promettait l’égalité des chances et surtout d’assurer le bonheur de tous les fils et filles du pays. Loin d’honorer sa parole, IBK a plutôt favorisé l’émergence d’un nouveau type de pauvres. Il s’agit des Maliens qui, au bout du souffle, ont tronqué leur dignité contre l’appât du gain facile et la supercherie pour pouvoir juste subvenir à leurs besoins.
« On est tous devenu des mendiants », ironise Amara, un jeune de 30 ans qui situe la source du mal dans la mauvaise gouvernance instaurée sous IBK. Selon lui, les jeunes maliens hument quotidiennement la mort, étant tous tentés par l’aventure incertaine qu’est le braquage et autres actes de délinquance.
De nombreux jeunes diplômés (des maitrisards) vivent dans des conditions difficiles, et s’adonnent à des activités peu rémunératrices: des travaux de nettoyage, de gardiennage, de l’entretien de l’immobilier public, etc. En somme, des ‘’petits travaux’’ qui n’intéressent guère les gens du parti présidentiel. Faute de mieux, beaucoup de jeunes restent confiner à ces postes de lave gardien ou encore de manœuvre sur des chantiers, avec la crainte permanente qu’on ne mette fin à leurs contrats. Ils consentent à une telle forme de vie afin de pouvoir trouver à manger.
Que dire des travailleurs saisonniers, ces Maliens de l’intérieur du pays qui ont laissé au village une famille entière dont ils assument en grande partie l’entretien économique. Faire vivre par l’envoi régulier de l’argent la parenté et aider en même temps la communauté villageoise dont ils sont issus, tel est le projet commun de ces saisonniers. Leur principal souci est de dépenser le moins possible de l’argent qu’ils gagnent pour pouvoir en envoyer le maximum vers le village. Pour cela, ils acceptent tout. Sauf que ces dernières années, cette stratégie de se priver pour économiser ne semble plus payer, l’argent ayant presque disparu.
La vie est dure !
Aujourd’hui, «c’est dur ! Il faut se priver». Le cri de détresse est d’un chauffeur de taxi, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Même les fonctionnaires de l’Etat, censés sentir moins les effets drastiques de ce marasme économique, crient leurs désarrois. La majorité d’entre eux étant confinés dans une situation qui se caractérise par des salaires particulièrement bas. Un haut responsable déclare : « la vie dans ce Mali est dure ».
Selon lui, il faut avoir les reins solides pour s’en sortir. A la moindre des choses, dit-il, on pète les plombs. Parlant des raisons de cette paupérisation généralisée, il indique que «les dirigeants actuels ont tourné le dos au peuple ». En clair, les maîtres du jour ont fait du « Mali une Orange », à laquelle nul ne goûtera que leurs parents, proches et laudateurs.
En définitive, les conditions de vie des Maliens se dégradent de jour en jour. Concernant cette précarité, voici ce qu’en témoigne un commerçant : « Les Maliens vivent aujourd’hui un véritable calvaire. En plus de la pauvreté, on est exposé à une insécurité grandissante. Au grand marché, certains commerçants ont fermé boutique. Pour écouler un produit d’une valeur de 50000 FCFA, il faut parfois plus d’une semaine.
Les conséquences de cette situation sont notoires : divorce, déperdition des enfants ». Sans commentaire ! « Je vends des accessoires pour les voitures, dit Mohamed Dembélé. Mais en ce moment je ne vends rien. Les gens ne dépensent plus leur argent que pour acheter à manger ». Certains commerçants de ce marché nous ont affirmé que la nuit, ils font le gardiennage pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille.
Au même moment, les entreprises sont obligées de mettre leurs agents au chômage technique et des populations sont ainsi privées de leurs revenus. Pour tous, les difficultés s’accumulent.
Pis, l’insécurité et la corruption gagnent du terrain, engendrant la fuite des capitaux.
Il faut dire cette situation, avec ses conséquences économiques et sociales dévastatrices, a débuté depuis le coup d’Etat du 22 mars et l’occupation du nord du Mali par des groupes islamistes armés. Mais sous la présidence de Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali vit les pires moments de son existence. La forte demande sociale, manifestée à travers une cascade de préavis de grèves et de grèves, est l’expression d’un malaise profond qui existe partout dans le pays.
Mauvaise gestion et scandales
Le peuple a, en effet, découvert un régime corrompu avec des scandales à gogo, des voyages princiers à l’étranger, une armée affaiblie et moins équipée, une méthode de gouvernance qui met la famille et les affidés au centre de la gestion des affaires publiques, une insécurité grandissante et l’éloignement de tout espoir de paix.
De 2013 à nos jours, le président et son gouvernement ont essuyé de sévères critiques relatives à la mauvaise gestion des ressources publiques. L’opposition politique, des associations et même le Fonds monétaire international (FMI) ont mis le doigt sur plusieurs scandales de surfacturation et de corruption. Ces scandales largement connus n’ont, jusqu’ici, fait l’objet d’aucune sanction.
Or, dans son projet « Le Mali d’abord », le candidat IBK avait promis la « Tolérance zéro » en matière de corruption et de vol de deniers publics. La généralisation de la corruption a pour effet de freiner le développement global du Mali. Conséquence : le peuple malien est dans un état de dénuement généralisé. Parce que les ressources financières qui auraient dû être injectées dans le développement du pays et la gestion du quotidien des Maliens ont été allouées à des fins de privilèges.
Budget de présidence en constante augmentation, pléthore de ministres et de responsables (ayant rang de ministre) avec leur coût exorbitant pour l’Etat, frais divers de l’Assemblée nationale, incessants voyages présidentiels à l’étranger, frais de bouche à Koulouba… Le trésor public malien ploie sous le coût des dépenses liées à l’entretien des princes du jour.
Le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta mène un train de vie monarchique. Si on ajoute les attitudes de mégalomanie des membres du gouvernement, on peut bien comprendre pourquoi le tiers voire la moitié du budget du Mali peut être dilapidé dans la prise en charge de la classe dirigeante. La réduction du train de vie de l’Etat, chanté depuis l’accession d’IBK au pouvoir, n’est en réalité que vain mot.
Alors qu’on demande aux Maliens de se serrer la ceinture, les cabinets ministériels s’offrent des augmentations faramineuses. Le gouvernement ne connaît pas la crise, dit-on. Des missions sont parfois organisées pour permettre juste au ministre et sa suite pléthorique d’empocher des perdiems…
Cependant, ces dernières années, le premier poste de dépenses pointé du doigt est la présidence de la République. Deçus et très amer, beaucoup de Maliens estiment aujourd’hui que le président s’est hissé au pouvoir pour son « bonheur », son bien être personnel « d’abord », celui de sa famille et du clan. En effet, le train de vie hors norme du président reste inquiétant et incomparable dans la sous-région, voire même en Afrique.
Parfois, on a tendance à croire qu’il dispose de deux palais présidentiels aux coûts de travaux exorbitants aux frais des contribuables maliens. D’abord son palais résidence (privé) de Sébénicoro carrément rénové. Ensuite le palais de Koulouba qui a été également réhabilité pour une faramineuse somme de plus de 10 milliards de francs CFA. C’est l’argent du contribuable qui est gaspillé pour entretenir le Chef de l’Etat, dans sa maison de fonction comme dans sa résidence privée.
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