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Crise au Mali : Et si le président IBK dissolvait l’Assemblée Nationale !

Plus que de la chance, c’est de la persuasion dont a besoin Goodluck Jonathan, le chef de la délégation de médiateurs envoyée par la CEDEAO à Bamako. Quatre jours ne leur auront pas suffi pour trouver le petit dénominateur commun entre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et son opposition regroupée au sein du mouvement du 5-Juin (M5-RFP).

Ce dernier, après avoir abandonné son exigence de la démission immédiate du président IBK, freine des 4 fers à propos d’autres concessions : ainsi, la proposition des médiateurs de la Communauté ouest-africaine de former un gouvernement d’union nationale dont 50% des portefeuilles reviendrait au pouvoir, 30% à l’opposition et 20% à la société civile a officiellement été rejetée par le M5-RFP qui accuse les négociateurs de la CEDEAO de reprendre à leur compte les propositions du président IBK qu’il avait déjà refusées.
En effet, outre l’idée du gouvernement d’union nationale, le président malien a aussi dissous la Cour constitutionnelle et annoncé que la nouvelle, qui sera rapidement mise en place, réexaminerait le contentieux électoral dont la gestion a fait déborder le vase du mécontentement populaire.
Par ailleurs, le président de la Commission de la  défense, de la sécurité et de la protection civile du Parlement, qui n’est autre que le fils d’IBK, Karim Keïta, a rendu le tablier, certainement sur pressions paternelles.
Ces concessions du camp présidentiel ne poussent pas ses adversaires à revoir leurs exigences à la baisse : dissolution de l’Assemblée Nationale ;  nomination d’un des leurs comme Premier ministre irrévocable par IBK ; mise en place d’un organe de transition chargé de réformer les institutions et la gouvernance de l’État, pour n’en citer que les principales.
En un mot comme en mille, on n’a pas besoin d’être un clerc des sciences pour comprendre que l’opposition malienne, surfant sur l’aura de l’imam Mahmoud Dicko et la mobilisation populaire, veut prendre les leviers du pouvoir d’État, ici et maintenant, quitte à réduire l’actuel locataire du palais de Koulouba en une sorte de reine d’Angleterre bonne à inaugurer les chrysanthèmes. Maintenant qu’IBK fait de la résistance et que les missi dominici de la CEDEAO peinent à rapprocher les positions, il faut craindre que la rue s’enflamme de nouveau à Bamako les jours à venir si le M5 rameute ses croquants. Pourtant, le bilan de ce bras de fer entre opposition et pouvoir est déjà bien lourd : 11 morts (source gouvernementale) et plus de 140 blessés.
Les protagonistes de cette crise doivent donc savoir raison garder. Il faudrait que chaque camp mette de l’eau dans son vin pour sauver l’essentiel, la stabilité du Mali. Déjà qu’elle est mise à rude épreuve par les attaques des groupes terroristes, la classe politique devrait éviter d’ajouter des troubles aux troubles.   De fait, atteindre cet objectif primordial de  préservation de la stabilité du pays leur incombe au premier chef, car aucun facilitateur, malgré ses talents de diplomate, ne peut construire la paix à leur place. Dans cette logique, si les politiques sont incapables de dépasser leurs antagonismes, qu’ils fassent appel au peuple souverain, celui des électeurs.
IBK devrait envisager sérieusement de dissoudre l’Assemblée nationale. Oui, il faut renvoyer les leaders de la scène politique malienne à leurs chères études des principes démocratiques, notamment celui de la conquête du pouvoir par les urnes  dans la transparence et l’équité des scrutins et non par l’agitation de la rue ou la triche aux élections. À bon entendeur…
Mariam Konaré

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