Décidément, le président autoproclamé du Conseil national de transition, choisissant l’exhibitionnisme et les phénomènes tape-à-œil comme mode d’existence, ne recule devant rien pour se faire voir. La parfaite illustration en a été faite en début de semaine écoulée, en transformant une rencontre avec des membres de l’Untm, initialement réservée au simple protocole, en une véritable opération de publicité. Ça, sans faute, c’est Diadié tout craché. Mais que l’Untm et son secrétaire général s’en mêlent, c’est cela le déni qui discrédite la centrale syndicale…
Le mardi dernier, à la Bourse du travail, tel une kermesse des gens en mal de sensation et de publicité, Amadou Sankaré dit Diadié, président autoproclamé du Conseil national du patronat du Mali (Cnpm), paralysé par une guéguerre judicaire, qui n’en finit pas de révéler ses dessous scabreux (les autorités se refusant même d’exécuter une décision de tribunal en bonne et due forme), a été reçu, à sa demande, nous a-t-on rapporté, par des membres du bureau exécutif de l’Untm, avec à leur tête le secrétaire général en personne.
Sans même se référer à l’action judiciaire, concernant le Patronat, et à la controverse qui en résulte, qui auraient pu l’en dissuader en tant que responsable d’une organisation syndicale, forcément encline à la légalité et à l’éthique, le secrétaire général de l’Untm a accueilli Diadié, le président autoproclamé du Cnpm, celui-là même dont l’autorité est ouvertement contestée à la justice, qui n’a toujours pas d’ailleurs rendu son verdict définitif dans ce sens.
A grand renfort de publicité, comme on le lui connait, le président par usurpation du patronat, brillant dans l’exhibitionnisme et le tape-à-l’œil, a vite fait d’inonder les réseaux sociaux sur les échos de cette rencontre fortuite, dont le topo à l’origine, selon des sources proches de la Bourse du travail, se résumait simplement à une visite protocolaire, n’ayant aucun caractère formel, contrairement à ce qui a été pompeusement relayé par certains médias. Au grand soulagement de son commanditaire de président autoproclamé.
Comment l’Untm a-t-elle pu se rendre coupable d’un tel discrédit en recevant, en son siège, ouvertement l’un des protagonistes de la crise du Patronat, pendant que la procédure judiciaire concernant cette situation est en cours ?
Comme la sempiternelle question des rançons, dans les affaires de libération d’otages, on en est à s’interroger, ici, sur la nature de la compensation, s’agissant d’une telle rencontre aussi occasionnelle que trompe-œil…
En se moquant manifestement, comme il l’a fait, de l’éthique professionnelle et du sens de la justice, dans la situation actuelle du Patronat, pour accueillir ouvertement l’une des parties en conflit ouvert, dont le leadership est d’ailleurs contesté devant les tribunaux, alors que le fond du dossier, lui, est loin d’être tranché, sans même se soucier de l’image de sa structure, le leader de l’Untm, en mal de publicité, s’est lourdement discrédité. Et à travers lui, c’est l’image de son organisation qui en prend un coup fatal.
Si, de l’autre côté, à savoir chez les adversaires de Diadié, quoique blâmable ait pu être l’attitude de l’Untm, qui s’est autorisée une si maladroite interférence dans les affaires du patronat, ceux-ci n’ont émis la moindre plainte, c’est bien parce qu’ils ont choisi de ne pas en rajouter à cet écart de l’organisation syndicale, qui vient elle-même d’administrer la preuve qu’elle n’est pas respectueuse de ses propres valeurs.
En tout état de cause, dans de nombreux milieux d’affaires, préoccupés par cette crise, on estime que l’Untm a complètement altéré le peu de notoriété dont elle pouvait encore se prévaloir en tant qu’association de masse, forcément soucieuse et gardienne du respect des lois de la République.
Comme on s’y attendait, le président autoproclamé du Patronat, qui raffole les effets d’annonce, et autres comportements à l’emporte-pièce, ne pouvait pas mieux espérer de la part des dirigeants d’une organisation syndicale, ainsi réduite au tape-à-œil, pour tenter de se maintenir.
Oumar KONATE
Source : La preuve