Les mesures prises par le Conseil supérieur de la défense nationale doivent être rigoureusement appliquées pour briser la chaîne de contamination et circonscrire le phénomène. Les chiffres commencent à interpeller
On en revient encore et toujours à la fameuse Covid-19 qui perturbe l’économie mondiale et bouleverse les habitudes dans tous les pays. Dans le nôtre, l’heure n’est pas encore à la grande inquiétude liée aux sinistres statistiques de la pandémie comme dans les pays développés où, on a l’impression de voir une hécatombe, mais il faut agir pour circonscrire une éventuelle contamination à grande échelle lors de cette troisième vague de contamination.
En tout cas, les chiffres interpellent tous parce qu’on est passé dans notre pays d’un chiffre record de contamination à la Covid-19 de 157 cas en un jour à 413 cas pour le même dénominateur (le 8 avril dernier). C’est une alerte à prendre au sérieux. Surtout encore qu’à travers une évolution en dents de scie, on s’est retrouvé le jour suivant, soit le 9 avril dernier, avec 312 cas positifs. Il y a des appréhensions sur une éventuelle introduction dans notre pays d’un nouveau variant plus fulgurant, notamment le variant britannique. Mais pour l’instant, la communauté scientifique malienne ne confirme pas.
Le coordinateur national de la lutte contre la Covid-19, Pr Akory Ag Iknane, explique que cette augmentation des cas était prévisible étant donné que les mesures barrières ont été allègrement foulées aux pieds (en tout cas globalement) par nos compatriotes.
«On s’attendait plus ou moins à ça», dit-il, avant d’expliquer être persuadé qu’un autre variant plus fulgurant a déjà fait son introduction dans notre pays. Celui qui ne sait pas faire la langue de bois souligne qu’il est fort probable que nous ayons ce variant avec des cas enregistrés dans la mine de Kéniéba. Cette zone aurifère est fréquentée par les Sud-Africains. Il évoque aussi la possibilité de voir ce variant migrer dans notre pays à partir de nos frontières terrestres avec le Sénégal.
Pour la prise en charge des cas, de gros efforts sont déployés pour apporter une réponse. Le Pr Akory a indiqué qu’elle se fait soit à l’hôpital, soit à domicile. Mais chaque cas est soumis à une évaluation, notamment de la personne dès qu’elle est positive pour voir le niveau de saturation. Si c’est une forme grave, la personne est hospitalisée. Mais dans le cas contraire, elle peut être autorisée à suivre son traitement à domicile.
Dans ce cas, les équipes d’intervention sont appelées régulièrement pour assurer le suivi. «On avait 418 lits disponibles lorsque nous avons enregistré 413 cas», révèle-t-il. Par contre, avec le nombre de cas auquel il faut s’attendre, les capacités d’accueil peuvent être vite dépassées. Au total, nous disposons de 532 lits pour hospitaliser les personnes qui feront la maladie.
À ceux-ci, s’ajoute un espace d’une capacité d’accueil de 150 lits, aménagé au niveau de la Foire exposition internationale de Bamako (FEBAK).
Concernant les mesures édictées par le Conseil supérieur de la défense nationale (CSDN), le coordinateur national de la lutte contre la Covid-19, explique que le résultat dépendra de l’application. Sans tomber dans le pessimisme, il a simplement rappelé que des mesures similaires avaient été prises sans porter fruit. Pour lui, cette fois-ci, il faut plus de coercition.
Si elles sont rigoureusement appliquées, les nouvelles mesures peuvent aider. Ce sont les cordons terrestres qui restent le point faible, estime notre interlocuteur, ajoutant qu’il faut une équipe pluridisciplinaire. Pr Akory Ag Iknane insiste surtout sur le fait qu’il faut renforcer la sécurité aux frontières avec des pays voisins comme le Sénégal et la Guinée-Conakry. Il reste persuadé que lorsqu’on arrive à rendre opérationnelles les équipes déployées au niveau de ces deux frontières, on serait plus efficace.
Fatoumata NAPHO