La plupart des établissements scolaires du fondamental et du secondaire expérimentent ce procédé pour permettre aux élèves de continuer à apprendre. Les parents jouent le jeu en apportant assistance à leurs enfants
La réouverture des écoles est programmée pour demain. Dans les établissements scolaires publics et privés, on se rongeait les freins depuis le 17 mars dernier. Sur décision d’une réunion du Conseil supérieur de défense nationale, les écoles avaient été fermées pour circonscrire la propagation du coronavirus. Pour l’heure, la reprise ne concerne que les classes d’examen. La date de la réouverture pour les autres classes demeure inconnue.
Pendant l’arrêt des cours, il faut maintenir le niveau des apprenants. Le gouvernement a donc développé les cours à distance, notamment à travers la télévision nationale, la radio et sur Internet (pour ceux qui y ont accès).
Certains établissements privés, qui espèrent un rapide retour à la normale, ont aussi multiplié les initiatives d’accompagnement pédagogique de leurs élèves. Ces méthodes varient en fonction des établissements et s’inscrivent dans une démarche d’enseignement à distance.
Pour les élèves du secondaire, le programme d’enseignement en ligne se fait notamment via WhatsApp. Hamadoun Cissé, professeur d’anglais dans un lycée à Hamdallaye ACI, raconte comment les élèves arrivent à travailler pendant cette suspension des cours. Dans son établissement, l’administration a créé sur WhatsApp un groupe pour chaque classe.
« Les comités pédagogiques des disciplines principales qui existent déjà envoient leçons et exercices à l’administration qui les publie sur Whatsapp à l’intention des groupes. Après avoir fait les exercices, les élèves envoient les réponses dans les emails des enseignants », explique le pédagogue.
Fanta Sacko, élève en 10è année dans un lycée privé à Banankabougou, explique aussi que leur groupe sur WhatsApp compte 5 classes de 10è année. Chaque journée est consacrée à une matière.
La jeune lycéenne indique que les administrateurs de ce groupe sont uniquement les professeurs. Ils mettent leurs leçons en version word sur le groupe et les élèves procèdent à un téléchargement. « Chacun traite les exercices sur une feuille portant son nom et envoie la photo de la copie sur les comptes personnels des enseignants », souligne la demoiselle Sacko. Elle précise qu’après cette étape, les enseignants mettent la correction sur la plateforme à la portée de tous.
La méthode est mise en œuvre au niveau des 11è et 12è années. Selon elle, cette initiative est utile parce qu’elle permet de ne pas oublier les leçons déjà dispensées mais aussi de se concentrer davantage sur les études. Quant aux mômes de l’enseignement primaire, ils ne maîtrisent pas forcément les réseaux sociaux.
Ce n’est pas aussi évident qu’ils disposent des outils requis, notamment le téléphone portable ou l’ordinateur, mais surtout de la connexion à domicile pour mieux s’exercer. Ils ont donc besoin d’un accompagnement. Dans cet esprit, les écoles privées ont demandé aux parents d’élèves, notamment ceux des tout-petits, de passer retirer à leur niveau des devoirs à domicile pour leur progéniture.
Sékou Sanogo est directeur d’une école fondamentale à Kalaban Coro Plateau. Il explique le procédé dans son établissement. « Les enseignants déposent des exercices. Nous appelons les parents d’élèves pour qu’ils viennent récupérer pour leurs enfants. Deux ou trois jours après, ils acheminent les réponses ».
Les enseignants récupèrent ensuite les copies pour correction. Ces mêmes copies sont ensuite redistribuées aux parents pour leurs enfants du premier cycle.
Très souvent, la direction de l’école envoie par courriel les exercices aux parents. Ceux-ci les impriment pour leurs enfants. La famille Fofana à Missabougou collabore bien avec les écoles de leurs enfants. Le chef de la famille a recruté un maître pour livrer des cours à domicile à ses deux enfants. Son fils de 10 ans estime avoir bien travaillé pendant la pandémie. « Papa m’apporte aussi des devoirs à domicile et les traite ». Le jeune scolaire semble bien apprécier cette façon de faire. Pour lui, c’est peu fatiguant avec moins de pression. Grâce aux nombreux exercices, il pense mieux comprendre les leçons maintenant.
Sa sœur aînée est en 7è année. Elle reçoit, chaque semaine ses leçons par l’intermédiaire de sa mère qui imprime les cours pour elle. « Quand je les obtiens, je recopie les leçons dans mes cahiers respectifs et je fais les exercices abordables. Je m’en réfère pour les autres à l’enseignant qui me délivre des cours à domicile pour m’aider à faire ces devoirs que maman se charge de ramener à l’école », explique-t-elle.
Les élèves semblent apprécier l’initiative des cours à distance même avec les difficultés. À ce propos, la jeune scolaire de 7è année explique qu’un accompagnement s’impose parfois. Peu de parents, assurent le suivi de leurs enfants, notamment dans leurs devoirs scolaires. « Dès que je commence à aider ma fille à faire ses devoirs, je m’endors », affirme une mère qui travaille dans un service public de la place. Pour elle, il faut de la constance pour mieux suivre les enfants.
La crise liée à la Covid-19 a été un avertissement sur les difficultés que peut avoir notre système éducatif. Mais elle a aussi démontré notre capacité de résilience et notre esprit d’initiative pour compenser les situations de crise scolaire. L’initiation des cours à distance dans les programmes académiques en est une illustration.
Comme le dit un adage : « Ce n’est pas le jour de la battue qu’on dresse son chien ». Beaucoup d’écoles devraient s’inspirer de cette citation pour comprendre qu’il est important de se préparer à toutes les éventualités.
Les écoles qui n’ont pas réalisé de cours à distance au profit de leurs élèves seront obligées à la réouverture de passer à la vitesse supérieure pour épuiser les programmes afin de mettre leurs apprenants, notamment ceux des classes d’examen, dans les meilleures dispositions pour affronter les épreuves.
Mohamed D. DIAWARA
Source: Journal l Essor- Mali