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Cour d’assises de Bamako : exploitation sexuelle

Ils ont appâté une compatriote après l’avoir miroité un travail bien rémunéré au Mali. C’était pour l’obliger à se prostituer afin qu’elle les donne leur part du gâteau. Un acte qui ne pouvait rester impuni

Devant la Cour d’assises de Bamako, le couple Mike et BI, de nationalité nigériane, a écopé de cinq ans d’interdiction de séjour dans notre pays et autant de prison ferme.

Motif : ils sont accusés de « traite de personne », un fait prévu et puni par les articles 1 et 7 de la loi n°2012- 023 du 12 juillet 2012 relative à la lutte contre la traite de personnes.

Courant 2012, DH a été envoyée à Cotonou (Bénin) par ses parents, pour y poursuivre ses études. Durant son séjour béninois, elle a rencontré AM, une Nigériane avec qui elle a entretenu un lien amical jusqu’en 2018. Au fil de ces ans, les deux étaient quasiment devenues des confidentes. Ainsi, un jour, AM fait à DH une proposition « alléchante ». Avec toute l’assurance du monde et son sérieux, elle affirme qu’elle pouvait trouver un travail pour HD au Mali. Les deux échangèrent sur la proposition pendant plusieurs minutes sur place, jusqu’à ce que la première est parvenue à convaincre la seconde de la faire recruter par des Blancs.

Comme si cela ne suffisait pas, pour mieux appâter son vis-à-vis, AM confirme que les futurs employés de la jeune fille la payeront en monnaie étrangère, particulièrement en dollars et non en franc CFA. Ainsi, DH a été convaincue par son amie et confidente pour travailler au Mali, où elle allait désormais être une employée de Blancs moyennant des salaires mensuels en dollars.

Ce qu’elle ne savait pas, c’est que tout le scénario avait été bien préparé en avance par le couple. Car, AM devait l’envoyer chez BI, l’épouse de Mike. Cette dernière logeait dans un hôtel à Cotonou, là-même où elle va recevoir DH pour lui confectionner de faux documents afin qu’elle puisse voyager avec cette dernière jusqu’à Bamako. Mais avant, BI avait payé la somme de 150.000 francs CFA pour AM pour avoir accompli sa mission en lui envoyant la jeune fille à l’hôtel.

Peu de temps après, BI réunit les conditions et organisa le voyage de DH vers la capitale malienne, où elle a été reçue par son époux Mike. Mais avant, elle avait tout mis en œuvre pour faciliter les contactes entre DH et son époux qui gérait un bar à Sybi, dans la Commune du Mandé.
Curieusement, quatre jours après l’arrivée de la jeune fille chez Mike à Sybi, BI, sa patronne, qui avait organisé le voyage depuis le Bénin est elle aussi arrivée à Sybi.

Une fois sur place, son premier travail a été de retirer à DH tous ses documents de voyage (carte d’identité, carte de vaccination, etc.) qu’elle confisqua sans autre forme de procès. Pis, elle la menaça contre toute tentative de fuite. Ainsi, commença pour DH une mésaventure qui durera des semaines et des semaines. Pendant ces semaines, la jeune fille était enfermée dans une chambre toute la journée. Mais une fois la nuit tombée, sa patronne la faisait sortir pour la livrer contre son gré à des hommes moyennant de billets de francs CFA. Le temps passait et sa patronne lui fait une autre proposition au cas où elle voudrait retrouver sa liberté. Elle propose que DH lui paye la somme de 1.500.000 francs CFA.

Les choses ont évolué ainsi jusqu’à ce que DH parvienne à s’enfuir. Aidée par une compatriote, à qui elle a raconté son calvaire, HD a pu contacter les autorités pour exposer dans les détails l’enfer dans lequel le couple de Nigérians l’avait maintenue pendant des semaines, voire des mois.
De fil en aiguille, la gendarmerie est parvenue à comprendre que la victime était au centre d’une convention commerciale conclue entre le couple nigérian et AM qui les a mis en contact. Il s’est trouvé que cette dernière aussi y trouvait son compte. Par la suite, une information judiciaire a été ouverte contre le couple pour le renvoyer devant la Cour d’assises.

Dès le stade des enquêtes ce couple d’un autre type a reconnu les faits. Mais pour la suite de la procédure, ils ont fait une volte-face inattendue, niant catégoriquement les faits d’exploitation sexuelle dont DH a été victime. BI, la principale accusée, a donné ses explications. Selon elle, la jeune fille était venue d’elle-même au Mali et par ses propres moyens. Dans ses déclarations, BI a écarté toute participation dans le voyage de celle qui est présentée aux juges comme sa victime. Toutefois, de façon laconique, elle a reconnu qu’elle entretient un lien amical avec AM, celle là même qui les a mises en contact depuis Lomé.

Son mari à son tour a tenté de convaincre les jurés en soutenant qu’il détient effectivement un débit de boisson à Sybi en plus de quatre chambres. Celles-ci étaient destinées, s’il faut le croire, à loger ses clients qui comptent y séjourner. à ses dires, les quatre chambres étaient des logements et non des maisons de passe. Tout comme son épouse qui l’a précédé à la barre, lui aussi a soutenu mordicus que la jeune fille avait regagné le Mali par ses propres moyens.

« Elle était logée chez nous certes. Mais en aucun moment, elle n’a été livrée un homme », s’est défendu l’époux. Malgré ces justifications, le parquet a sollicité la Cour de maintenir les inculpés dans les liens de prévention. Aux termes d’un débat houleux, la Cour a condamné le couple nigérian à cinq ans de prison ferme et autant d’interdiction de séjour au Mali.

Yaya DIAKITÉ

Source: L’Essor

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