Au Mali, les associations sont régies par la loi n° 04-038 du 5 août 2004. Au regard de la Loi, l’association est la convention par laquelle plusieurs personnes mettent en commun d’une façon permanente leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices.
Pour obtenir la reconnaissance officielle et faire bénéficier à l’association des avantages de la capacité judiciaire, les fondateurs doivent se soumettre à la procédure de déclaration qui s’achève avec la délivrance du récépissé. Mais l’article 1er de la loi n° 04-038 du 5 août 2004 relative aux associations tient à préciser: “La présente loi régit les associations en République du Mali, à l’exclusion des sociétés de commerce; mutuelles; associations cultuelles; congrégations; coopératives; syndicats; partis politiques; ordres professionnels; fondations. C’est clair que la Loi fait le départ entre l’association et le parti politique, ce dernier étant régi par des dispositions légales particulières. Mais depuis quelques années, c’est la confusion totale, les associations ayant envahi le champ politique au point de rivaliser d’ardeur avec les partis politiques. En toute violation de la Loi !
En effet, que cela soit au sein du M5-RFP qui est la famille politique actuelle du Premier ministre ou dans d’autres regroupements politiques, on trouve des associations agissant comme des partis politiques, alors que, pour la plupart, leurs statuts et règlement intérieur contiennent une disposition précisant que ladite association est apolitique.
C’est donc à une violation flagrante de la Loi que nous assistons sous l’indifférence des autorités qui, ells-mêmes, se servent de cette illégalité pour se faire un vernis de légitimité et de popularité par le soutien d’associations reconnues et non reconnues qui agissent bruyamment, couvrant la voix des partis politiques pourtant trouvés dans leur propre champ légal d’action. C’est un veritable marché qui s’installe et dans lequel les services des associations sont loués par les politiques en mal de popularité. Cela commence par les campagnes électorales où les associations se livrent à de véritables marchandages avec les différents candidats, pour finalement se donner au plus offrant. Ce qui est encore grave, l’association n’est en fait, dans de nombreux cas, que l’affaire de deux tondus et trois pelés qui utilisent les autres membres de l’association comme du bétail electoral.
Il convient alors de nettoyer les écuries d’Augias! La moralisation de la vie politique ne pourrait se faire sans tenir compte de cette immixtion intempestive et illégale des associations dans le champ politique.
C’est d’autant plus important qu’en lieu et place d’un parti politique, chacun se lève désormais et proclame la création d’une plateforme ou d’un movement politiques. Des organisations hybrides, à mi-chemin entre l’association et le parti politique, pour pouvoir se réclamer tantôt de la société civile et tantôt comme un acteur politique, selon les intérêts poursuivis. Lee ministère de l’Administration territoriale qui delivre lees récépissés à travers ses représentants aux plans régional et départemental, doit sévir et appliquer la loi, rien que la Loi, pour que, désormais, des loups d’une nébuleuse société civile ne se déguisent plus en agneaux pour pénétrer dans la bergerie politique.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui Mali