L’apport du coton à la structuration de l’économie malienne est incontestablement important. Filière capitale par les devises qu’elle crée, le Coton est aussi un secteur stratégique au Mali, et dans bon nombre de pays africains, par les emplois créés et par son impact dans le développement local. Avec la crise du Covid19, ce secteur, au niveau mondial, connaît une instabilité dont les enjeux sont à mesurer.
Dans toute économie de marché, la valeur des produits, surtout des matières premières, est dépendante de la réalité des marchés mondiaux, qui décident des tarifs d’achat. Ces cours mondiaux ont donc des conséquences fâcheuses ou positives qui impactent l’économie nationale, suivant qu’ils sont en hausse ou en baisse. Ces cours, tributaires de la marche du monde, sont définis en fonction des crises qui secouent les pays du monde. C’est aujourd’hui le cas avec la pandémie du Coronavirus, qui perturbe les économies mondiales et donc forcément le Mali, avec comme spécificité le secteur du coton.
Aujourd’hui le coton fait vivre environ 4 millions de Maliens, ce qui fait pratiquement plus du tiers de la population. Appelé affectueusement l’or blanc pour montrer en quelque sorte son importance pour la population malienne, il représente à lui seul environ 200 milliards de FCFA des recettes d’exploitation par an. Considéré comme l’activité génératrice de revenu par essence, il rapporte environ 130 milliards en milieu rural et constitue 10 milliards de FCFA des taxes de l’Etat.
Ces dernières années, le commerce du coton a subi de nombreux changements, incessants sur le marché international du fait de la chute du prix. Cette année 2020 marque un record. En effet, le cours du coton est au plus bas depuis 11 ans. La fermeture de l’économie mondiale, consécutive à la fermeture des frontières, à la récession annoncée dans les pays développés du fait de l’arrêt de la consommation, fait chuter les prix aux producteurs, qui contrairement aux autres pays, ne sont pour l’instant pas contraint d’arrêter la production.
Nous ferons face, au Mali et certainement au Burkina Faso, a un niveau de production au moins égal à celui de l’année dernière, si toutefois, il n’est pas décrété un confinement strict. Cette production, que le Département américain de l’Agriculture (USDA) prévoit avec une hausse, sera sans doute confronté à un marché réticent à l’achat et un Gouvernement incapable de supporter les coûts du maintien d’un prix fixe aux cotonculteurs.
Toute chose qui fragilise notre pays, quand on sait le pays a axé la plupart de ses projets sur la promotion et la valorisation de la filière. Avec son rang actuel au niveau de l’Afrique de l’Ouest, le coton malien c’est une fibre de qualité supérieure, des graines en abondance etc. Opportunité à saisir pour mieux vendre le coton malien sur le marché international vu la place qu’il occupe à l’échelle africaine.
Malgré que le Mali occupe une place de prestige au niveau mondial, le pays peine à sortir son épingle du jeu en ce qui concerne les politiques des marchés internationaux. Il est donc impératif pour notre pays de faire un lobbying sur le marché mondial pour mieux vendre le coton malien, afin de donner un nouveau souffle aux cotonculteurs Maliens tout en renflouant au mieux les caisses de l’Etat.
Le Mali dans sa politique s’est toujours focalisé sur l’exportation de son coton vers les pays industrialisés, ce qui est une énorme perte pour le pays. Il urge de mettre une politique en place afin de commencer à transformer sur place, une grande majorité de la production nationale. Ce qui permettra au pays de ne plus être trop marginalisé au niveau mondial, surtout au niveau du prix. Surtout que la plupart du temps les questions importantes concernant les marchés internationaux sont traitées hors du continent africain, donc sans les vrais acteurs du secteur. Ce qui fait de nous des exécutants privilégiés des décisions prises sur notre propre production.
Adam DIALLO
Source: Bamakonews