Quatorze militaires, anciens membres de la garde rapprochée de Laurent Gbagbo, doivent être jugés jeudi pour leur rôle dans la crise postélectorale.
« Le tribunal militaire va juger dès jeudi quatorze membres de la garde rapprochée de (Laurent) Gbagbo, dont son médecin militaire », a déclaré le procureur militaire Ange Kessi lors d’une conférence de presse, mercredi 11 mars. « Il s’agit du procès militaire des éléments de la garde républicaine et des soldats en relation avec la crise post-électorale », poursuivis pour « violation de consigne » et « atteinte à la sûreté de l’État », a-t-il ajouté.
Jean-Noël Abéhi, Anselme Séka Yapo et Brunot Dogbo Blé, trois piliers de l’appareil sécuritaire sous Laurent Gbagbo, seront aussi jugés par la justice militaire pour leur rôle dans la crise, a indiqué Ange Kessi, sans fournir de précision sur le calendrier.
Le commandant Jean-Noël Abéhi dirigeait l’escadron blindé d’Agban, le plus grand camp de gendarmerie du pays, basé à Abidjan, une unité qui fut l’un des derniers remparts du régime Gbagbo durant la crise.
Le commandant Anselme Séka Yapo, dit « Séka Séka », ex-chef de la sécurité rapprochée de Simone Gbagbo, fut quant à lui l’un des hommes les plus craints de Côte d’Ivoire, décrit par ses détracteurs comme l’un des chefs des « escadrons de la mort » accusés d’avoir sévi sous l’ancien président.
Enfin, le général Brunot Dogbo Blé, qui commandait la garde républicaine, a déjà été condamné à quinze ans de prison en 2012 pour complicité dans l’assassinat d’un officier à la retraite. Mardi, la cour d’assises d’Abidjan lui a également infligé 20 ans de réclusion pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
« Acharnement » contre les proches de Laurent Gbagbo ?
L’annonce intervient au lendemain du verdict d’un procès civil, qui a duré plus de deux mois. Outre la condamnation de Simone Gbagbo à vingt ans d’emprisonnement, des peines de cinq ans de réclusion ont été prononcées contre Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président, et contre Abou Drahamane Sangaré, un cadre du Front populaire ivoirien (FPI), le parti pro-Gbagbo.
« Le verdict donne le net sentiment qu’il s’agit d’un acharnement contre la famille et les proches de Laurent Gbagbo », a regretté Alphonse Douati, ministre sous Laurent Gbagbo et cadre du FPI. Me Habiba Touré, avocate de l’ex-Première dame, avait dénoncé mardi une justice « instrumentalisée » par le pouvoir, ce que les autorités ont démenti mercredi.
« Il n’y a absolument pas d’interférence, la justice fait son travail de manière totalement indépendante », a affirmé mercredi Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement.
(Avec AFP)
Source: jeuneafrique.com