Vincent Bolloré vient d’être placé en garde-à-vue, ce mardi 24 avril, à Nanterre. Convoqué en tant que « mis en cause », deux ans après la perquisition de son siège, le milliardaire Breton fait l’objet d’une information judiciaire. Ce qui lui est reproché, c’est d’avoir exercé une « corruption d’agents publics étrangers » concernant l’attribution à son groupe de concessions portuaires en 2010, au Togo et en Guinée.
Des dirigeants africains dans le viseur des magistrats
Dans cette affaire, les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour aider des dirigeants africains à accéder au pouvoir avec des missions de conseil et communication sous-facturées. L’objectif de cette manœuvre étant bien évidemment d’obtenir des concessions portuaires des terminaux à conteneurs les plus avantageux.
L’information a été révélée par Le Monde, qui fait également fait savoir que la garde-à-vue concerne également le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent de l’agence Havas.
Plusieurs recours judiciaires
Dans le cadre de la campagne présidentielle 2010 en Guinée, c’est bien Jean-Philippe Dorent qui s’est occupé en partie de la communication d’Alpha Condé. Ce dernier, qui revenait d’un long voyage en France, exil dans lequel il était devenu très proche de Vincent Bolloré. Dans la même année, M. Dorent s’est chargé d’une partie de la campagne de Faure Gnassingbé. Les soupçons du magistrat vont à l’endroit de ces deux campagnes électorales, à l’issue desquelles des concessions portuaires auraient été obtenues dans les deux pays. Plusieurs mois auparavant, le président de la Guinée Alpha Condé, en 2016, répondait à la façon dont Bolloré avait obtenu la concession du port de Conakry. « Bolloré remplissait toutes les conditions d’appels d’offres. C’est un ami, je privilégie les amis. Et alors ? »
Pour ce travailleur du groupe Bolloré à Dakar rencontré par Afrikmag, ce ne sont pas seulement ces deux pays qui doivent être audités. Il croit fermement que son patron est un « fin corrompu ». « Il a dans sa poche la majeure partie des présidents africains en finançant leurs campagnes électorales en échange de terminaux à conteneurs ou rouliers. Et malgré le chiffre d’affaire que nous faisons, ici au Sénégal ses travailleurs souffrent toujours. »
Par ailleurs, M. Dorent s’exprimait sur la question lors d’une interview accordée à Le Monde.
« C’est un fantasme que de penser qu’un coup de main à la campagne d’un candidat à la présidentielle qui faisait figure d’outsider comme Alpha Condé permettrait l’obtention d’un port ».
Au Togo, le groupe Bolloré a réussi à avoir un contrat de 35 ans la concession du terminal à conteneurs du port de Lomé, à quelques mois de la réélection de Faure Gnassingbé.
Afrikmag