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Coronavirus : Si vous toussez en public, vous devenez un pestiféré

Vos voisins s’écartent immédiatement et vous mettent au ban de la communauté. Et pire, ces personnes souffrant d’affections ressemblant aux symptômes du Covid-19 évitent d’aller consulter les médecins, de peur d’être prises pour des cas positifs. La pandémie est souvent à l’origine des situations cocasses

 

À Bamako, épicentre du Covid-19 au Mali, éternuer ou tousser en public ou en face de quelqu’un est de plus en plus mal vu. Pour cause, les Bamakois se méfient des gens qui manifestent ces actes réflexes qui peuvent « survenir en cas d’évacuation normale des voies respiratoires, en présence de substances irritantes telles que la fumée et le gaz… » Ces actes associés à de la fièvre peuvent être considérés comme des symptômes de la maladie à coronavirus. C’est même pour cette dernière raison que la toux et l’éternuement sont mal perçus et souvent punis sévèrement.
Le cas le plus illustratif se serait déroulé mercredi dernier au Dabanani. Un jeune vendeur à la sauvette aurait éternué face à un vieux. Colérique, ce dernier aurait donné deux paires de gifles, avant de se lancer dans une course-poursuite derrière l’adolescent. Au Sénégal, le directeur général du quotidien Le Soleil, Yakham Mbaye a licencié une de ses employés, Fatou Ly Sall, pour un éternuement. Interrogée par la presse, elle a déclaré avoir reçu une lettre de licenciement de son employeur, qui lui reproche de ne pas aller se faire soigner et de se mettre en congé à la suite d’un éternuement. « Elle est arrivée à son lieu de travail en disant qu’elle a un état grippal, qu’elle tousse et éternue, ce qui a paniqué son entourage (ses collègues), qui a saisi la direction générale, que je représente. La direction générale a réagi en demandant à cette dame d’aller dans un établissement de santé. Elle a refusé de le faire », a dit le patron du Soleil à la BBC.

Les lieux publics sont des endroits où l’on est facilement stigmatisé en cas d’éternuement

Aussi, dans une des nombreuses familles Traoré de la capitale malienne, l’éternuement d’un jeune homme provoquera la colère de son entourage, créant ainsi la psychose. Ce dimanche-là, tout le monde semblait concentrer sur la télé. Àl’étonnement général, le jeune Mohamed éternue à l’air libre et non dans le creux de son coude. Présents dans la salle, les plus courageux crieront sur lui. Les autres, eux, ont pris la tangente en murmurant : « Il ne faut pas nous contaminer Mohamed, s’il te plait. Respecte au moins les gestes barrières que l’on vient de voir tout de suite à la télé. »
Des exemples qui illustrent à suffisance la psychose qu’a créée cette pandémie. Et à cause de laquelle des personnes qui ne souffrent que d’un simple rhume, sont mises à l’écart, car ils pourraient contaminer les autres, pense-t-on. Surtout que la similitude entre ces actes et les symptômes du Covid-19 tels que décrits, est souvent patente.
Face à cette méfiance perçue comme du mépris par des malades, des personnes enrhumées refusent d’aller voir leurs médecins ou se rendre à la pharmacie pour s’acheter des médicaments appropriés. Elles ont peur d’être considérées comme des cas suspects développant des signes de la maladie à coronavirus.

Tel était le cas de Djénéba Touré. Cette jeune dame souffrait, en début du mois, de maux de tête accompagnés de fièvre. Elle présentait un état grippal : narines bouchées, toux et éternuement. Son frère, étudiant à la Faculté de médecine, se propose de l’amener à la pharmacie pour trouver un médicament pour elle. Djénéba Touré refusera catégoriquement la proposition. Par crainte, selon elle, d’être considérée par les pharmaciens comme un cas suspect et qui n’hésiteraient pas à composer le numéro vert pour signaler sa présence à leur niveau.
«Avec les signes de mon rhume, je suis certaine qu’ils ne chercheront pas loin pour me déclarer suspecte. Car, en me voyant tout de suite, ils diront que j’ai cette mauvaise maladie. Or, quand cette pandémie a débuté, beaucoup de gens souffraient déjà de rhume. Je préfère rester à la maison que de courir le risque de me retrouver couchée à l’hôpital ou en quarantaine à cause du Covid-19», argumentera-t-elle, en attirant l’attention de son frangin sur le fait qu’elle se sentait mieux, bien que son nez soit pleine de morve.

Résultat de cette situation : les malades fuient les centres de santé. Comme l’atteste la baisse progressive du niveau de fréquentation du Centre de santé communautaire des secteurs 1 et 2 à Lafiabougou, en Commune IV. Là, nous avons été reçus par Dr Maïmouna Kanté. Interrogée, la praticienne confirme : « Auparavant, le Centre pouvait accueillir une quarantaine de personnes par jour, voire plus. Actuellement, la fréquentation a beaucoup diminué à cause des fausses rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux et en ville sur la pandémie. Selon elle, les gens craignent de venir à l’hôpital. « Même la vaccination des enfants qui se fait les mardis et vendredis est presque arrêtée, car les mamans ne viennent plus avec leurs enfants. Ces femmes estiment qu’on va administrer de faux vaccins à leurs bébés », confie-t-elle.
Quels avantages pour les malades en venant se faire consulter ? Une personne suspecte ou non de la maladie, saura comment s’en prévenir et accédera à la bonne information, en fréquentant les centres de santé, répond Dr Kanté. « Par ailleurs, si la personne présente des signes suspects, nous allons assurer sa prise en charge et prendrons rapidement les dispositions nécessaires pour éviter la complication de la maladie. Surtout que l’on a mille chances de guérir de cette maladie », rassure Dr Maïmouna Kanté. C’est pourquoi elle invite les malades à se faire soigner dans les centre de santé les plus proches, à ne pas céder à la panique et à éviter de prendre les rumeurs qui circulent pour de l’argent comptant.

Fadi CISSÉ

Source : L’ESSOR

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